Jeune cheffe d’entreprise, qui est Gnaly Stéphanie et d’où vous est venue l’idée de créer votre entreprise ?
Je suis une jeune dame qui se débrouille dans l’entrepreneuriat, précisément dans le domaine cosmétique. Indépendamment de mes activités de jeune entrepreneure, je suis étudiante en Licence 3 de Lettres Modernes. Je tire mon inspiration de mes parents. Quand on provient d’une famille modeste, il faut beaucoup réfléchir pour pouvoir se prendre en charge et s’assumer. Aujourd’hui, j’ai 24 ans, mais il faut dire que c’est depuis l’âge de 20 ans que je suis dans le domaine de l’entrepreneuriat. Au départ, j’étais dans le commerce de vêtements et c’est chemin faisant que je me suis jetée dans le monde du cosmétique et de l’esthétique.
Des Lettres Modernes au cosmétique, il y a un fossé, étant entendu que ce sont deux mondes différents. Avez-vous reçu une formation spécifique ?
Ce serait trop de dire que j’ai reçu une formation spécifique. Pour les produits bio rondeurs, j’ai appris auprès de ma grand-mère. Je pouvais bien continuer ma formation en Lettres Modernes, mais comme je vous l’ai signifié, je viens d’une famille modeste. A un certain moment, il fallait s’assumer et se prendre en charge. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé d’optimiser ce que j’ai appris auprès de ma grand-mère pour me prendre en charge.
Vous proposez à vos clients des produits pour prendre des rondeurs. De façon spécifique, quels sont ces produits ?
J’ai parlé des produits cosmétiques, mais au-delà de ces produits, nous proposons d’autres services comme les soins de visage, les pédicures et manucures et aussi les massages relaxants. Mais le cœur de notre activité, ce sont les produits bio, 100% naturels faits à partir de plantes. Vous trouverez par exemple des écorces, des plantes, du kaolin, etc.
En Afrique, généralement ceux qui connaissent la vertu des plantes sont passés soit par une initiation ou bien par des révélations en rêve. Dans votre cas, vous, si jeune et belle, comment avez-vous maitrisé la vertu des plantes dont vous vous servez ?
Je tire ma connaissance des plantes de ma grand-mère. Je suis une fille de Gagnoa de par mon père et de Katiola de par ma mère et chaque mois d’août, c’est une obligation pour nous d’aller faire les vacances au village. Moi, je vais régulièrement à Katiola et c’est là-bas que j’ai appris auprès de ma grand-mère qui a une parfaite maîtrise des plantes.
Votre spécialité, c’est le grossissement des seins, des fesses et du sexe chez les hommes. Pourquoi avoir fait cette option dans votre pratique du cosmétique ?
Je dois avouer que j’ai été personnellement été victime de ma forme et quand je suis parvenue à remédier à la situation pour laquelle j’étais objet de railleries, j’ai décidé de m’y investir pour aider d’autres qui sont dans la même situation que moi. J’étais complexée de ma forme. J’étais chétive et sans fesse. Ma grand-mère m’a alors proposé des produits pour avoir des rondeurs et Dieu merci, ça a marché. Quand j’ai vu la forme que j’ai aujourd’hui et puis la forme que j’avais avant, je me suis dit qu’il fallait que je m’investisse dans ce domaine, parce que je sais que beaucoup de personnes, surtout les filles, ont un complexe avec leurs formes. Et quand j’ai commencé, j’avoue qu’il y a eu tellement d’engouement, au point où aujourd’hui, mes prestations ont dépassé le cadre de la Côte d’Ivoire. Actuellement où je vous parle, j’ai une boutique au Sénégal et des revendeurs dans plusieurs pays à travers le monde.
Le plus gros problème avec les produits pour modifier son corps, ce sont les effets secondaires. Les médecins ne cessent de tirer l’attention de tous les utilisateurs sur ces produits. N’avez-vous pas peur d’être en difficulté vis-à-vis de la loi ?
Je tiens à préciser que j’exerce mon activité de façon régulière. Je suis une entreprise régulièrement constituée, je suis déclarée au CEPCICI et à la Mairie de Cocody. Je suis en bordure d’une grande voie. Je n’exerce donc pas dans la clandestinité. Je ne cesse de répéter que mes produits sont 100% naturels. On ne dit jamais, jamais, mais depuis des années que je suis dans ce domaine, je n’ai jamais reçu de plainte de la part d’un client sur un quelconque effet secondaire. Les alertes que les médecins lancent concernent ceux qui utilisent les produits chimiques, des implants ou qui font des injections pour grossir leurs fesses. Comme ce n’est pas naturel, forcément, il y a toujours des effets secondaires. Ce qui n’est pas mon cas.
« Du fait du secret professionnel, je ne vais pas vous dévoiler des noms, puisque cela relève de la vie privée. Effectivement, il y a beaucoup d’artistes et aujourd’hui, à cause des réseaux sociaux, il y a aussi les influenceurs »
Vous êtes spécialiste des grossissements des fesses, des seins et du ‘‘troisième pied’’ comme vous le dites. Qui sont vos clients ?
Ce que je vais dire, va vous surprendre. Mes clients se comptent dans tous les domaines d’activités, de tous les âges et surtout de toutes les couches socio-professionnelles. Les gens ont tendance à croire que ce sont les artistes ou les acteurs du showbiz et de la mode qui ont très souvent recours à nos produits. Mais ils ne sont pas les seuls. Je peux vous confirmer qu’ici, je reçois des personnes insoupçonnées, des cadres supérieurs, des hommes d’affaires et même des hommes politiques. Mais ces derniers, pour éviter d’être vus, ne viennent pas directement. Soit ils envoient un proche, soit ils se font livrer et puis par derrière, ils appellent pour se faire expliquer le mode d’emploi.
Si ce ne sont pas essentiellement les artistes et les acteurs du showbiz qui ont recours à ces pratiques pour mieux se faire voir, pouvez-vous être explicite sur ceux qui viennent vous solliciter ?
(Rires) Du fait du secret professionnel, je ne vais pas vous dévoiler des noms, puisque cela relève de la vie privée. Effectivement, il y a beaucoup d’artistes et aujourd’hui, à cause des réseaux sociaux, il y a aussi les influenceurs. Il y a des gens, leur corps, leur plastique, sont leurs principaux atouts. On les utilise pour faire de la publicité. Aujourd’hui, chez nous les femmes, ce qui attire le plus, ce sont les fesses et la poitrine. Comment pouvez-vous comprendre que, sur les réseaux sociaux, il y a des filles qui drainent des dizaines et des centaines de milliers de followers, simplement à cause de la photo de leur poitrine ou de leur postérieur qu’elles ont mis comme image de profil ? Je vous avoue qu’au-delà de la séduction, c’est un véritable atout commercial et marketing. Chacun a son feeling. S’il faut recourir à des produits pour avoir des rondeurs, elles ne vont pas hésiter. Des femmes mariées aussi font partie de mes clientes. Il y a une qui m’a confié que son mari la rabaissait à chaque fois. Il lui disait quand il l’a connue, ses fesses étaient fermes et aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Elle sait que son mari aime bien les fesses. Pour éviter de perdre son foyer, elle est venue chercher des produits pour arrondir ses fesses. Quand elle s’est mise un peu au sport, elle a retrouvé plus ou moins ses fesses qui ont séduit son époux pour faire d’elle son épouse. A cause de la maternité, il y a aussi des femmes qui perdent leur charme avec des seins qui deviennent flasques, un ventre qui grossit. Or, de nos jours, il y a des louves dans la bergerie (rires). Pour éviter de se faire chiper leurs maris, il y a des femmes qui viennent prendre des produits pour ajuster leurs rondeurs et éviter que leurs maris ne partent voir ailleurs.
Au-delà des seins et des fesses, il y a aussi le grossissement ce que vous appelez le ‘‘troisième pied’’. Vous qui êtes une spécialiste de la chose, quelles sont les raisons qui poussent les hommes à recourir à vos produits ?
C’est l’une des questions les plus gênantes quand je reçois les clients de ces produits. La honte fait qu’ils ont du mal à exposer les raisons. Ce qui fait que très généralement, c’est via le téléphone qu’ils passent les commandes et moi, je leur donne la posologie et le mode d’emploi. Là, c’est ni vu, ni connu. Sur les réseaux sociaux et WhatsApp, il y a des gens qui utilisent des faux comptes pour passer des commandes. Mais c’est quand le produit marche et qu’ils sont satisfaits de la taille de leur troisième pied, qu’ils appellent maintenant pour dire merci. Et c’est à ce moment qu’ils se mettent à table. J’ai eu un client dans une grande multinationale qui m’a confié qu’il savait que sa femme le trompait, parce que lui-même savait qu’il ne pouvait pas la satisfaire à cause de la taille de son pénis. Ne voulant pas la perdre, il a pris son courage à deux mains et est venu prendre le produit. Aujourd’hui, il me dit qu’il a verrouillé sa femme et qu’elle ne peut plus partir voir ailleurs.
Il se raconte aussi que vous partez prendre des produits chimiques pour venir faire des mélanges et mettre votre activité sous le couvert des plantes naturelles. Récemment, un célèbre produit aphrodisiaque a été épinglé et interdit. Qu’en est-il de vos produits ?
Ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux savent que ce que je fais est vrai et naturel. Je suis chrétienne et au nom de ma foi, je ne peux faire de telles choses.
Vous grossissez les seins, les fesses, le ‘‘troisième pied’’. En tant que chrétienne, est-ce que c’est bon de modifier ce que Dieu a créé ?
Ma position sur la question est simple. Quand l’homme naît, il vient nu au monde. Mais au fur et à mesure, il décide de s’habiller pour cacher certaines choses. On décide de se coiffer ou de se maquiller pour être beau ou belle. Si on veut être rigide comme vous le dites, on marcherait nu dans les rues parce qu’on ne devrait rien mettre sur notre corps que Dieu a créé. Aujourd’hui, on met des parfums pour sentir bon, alors qu’on pouvait garder les odeurs naturelles. Tout ça, c’est pour plaire ou même séduire.
Mais le parfum, les coiffures et les maquillages n’ont aucun impact sur le corps humain que Dieu a créé….
Dieu ne regarde pas l’apparence, mais le cœur. On peut rester naturel et être foncièrement mauvais. Tout comme on peut avoir grossi ses fesses ou ses seins et faire la volonté de Dieu. De toutes les façons, quand l’homme meurt, le corps pourrit. C’est l’esprit qui survit. Donc, c’est l’esprit qui intéresse Dieu. Moi dans mon cas, j’étais mince, j’étais complexée, aujourd’hui j’ai pris un produit, j’ai eu des rondeurs, je me sens bien dans ma peau et je suis heureuse. Je glorifie Dieu pour cela.
Est-ce que vous avez des retours des personnes qui utilisent vos produits ?
Vous voyez où je suis située ? Je suis à l’un des plus grands ronds-points d’Abidjan dans le quartier le plus huppé de la Côte d’Ivoire. Tout le monde me voit. Depuis plusieurs années, si mes produits n’étaient pas de bonne qualité, il y a longtemps on m’aurait braisée sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, Dieu m’a fait grâce. Je suis dans l’entreprenariat et je suis une fierté pour ma famille et mon entourage. J’ai mon entreprise qui marche bien, j’emploie des jeunes et je paie mes taxes. Je pense que l’État ne demande pas plus que ça. Mes produits se vendent très bien au point où j’ai développé une filière de formation en « cosmétique bio rondeur ». Je fais des formations en ligne. Mais au-delà de tout, j’avoue que les taxes sont un peu élevées. Je suis dans l’entrepreneuriat, l’État doit soutenir nous les jeunes qui prenons de telles initiatives.
« J’ai des produits pour grossier et allonger, mais je n’en ai pas pour diminuer. Nous on ne diminue pas, on grossit »
Pensez-vous que l’Etat peut vous soutenir à grossir les fesses et les seins ?
Ne voyez pas les choses de la sorte. L’État aide des jeunes qui ont des salons de coiffure, de beauté, de massage, etc. Qu’est-ce que je fais qui est différent de ceux-là ? Ce sont les mêmes choses. Nous sommes tous dans le domaine de la beauté et de l’esthétique. Ceux qui soutiennent ce type d’arguments sont les mêmes qui prennent des avions pour aller faire des BBL à l’étranger (NDLR : Brazilian Butt Lif. C’est une opération plastique pour modifier une partie de son corps).
Entre grossir les fesses, les seins et le pénis, c’est dans quel domaine vous recevez plus de clients ?
Ah ça, c’est immanquablement les fesses.
Vous grossissez des organes pour décomplexer des gens. Il se trouve qu’il y a des gens que la nature a littéralement gâtés. Ils ont tellement de grosses fesses, de gros seins ou un gros et long ‘‘troisième pied’’ au point où ils n’arrivent même pas à avoir une partenaire. Est-ce que vous avez des recettes pour les diminuer ?
Je peux dire que c’est là la limite de ma science. J’ai des produits pour grossier et allonger, mais je n’en ai pas pour diminuer. Nous on ne diminue pas, on grossit. La seule chose qu’on parvient à diminuer, c’est les gros ventres. Pour les seins et les fesses, c’est assez compliqué à diminuer, mais c’est quasiment impossible pour le ‘‘troisième pied’’.
Quels sont vos projets dans cette expérience de grossir les seins et les fesses ?
Mon objectif, c’est de parvenir à décomplexer ceux qui utilisent mes produits. Tout le monde n’a pas les moyens pour aller faire des BBL. Le BBL est une chirurgie qui modifie le corps. Or, nous, nous avons des produits naturels qui atteignent les mêmes objectifs. Peut-être que mieux. Je veux donc développer mon activité et pouvoir éventuellement ouvrir des usines de modernisation de mes produits, parce que jusque-là, tout se fait à la main et chez moi à la maison.
Interview réalisée par Kra Bernard