
Un geste à haute portée symbolique, qui suscite interrogations, inquiétudes et spéculations. Au-delà des effets d’annonce et de la ferveur militante, il est important d’expliquer cette décision aux populations, dans toute leur diversité — intellectuels, fonctionnaires, chômeurs, paysans, élèves, étudiants — afin qu’elles comprennent ce qui se joue réellement.
Cette suspension, loin d’être un fait anodin, s’inscrit dans un contexte politique marqué par les difficultés judiciaires de certains leaders de l’opposition. Laurent Gbagbo a vu ses droits civiques suspendus, tandis que Tidjane Thiam fait face à des contentieux judiciaires qui pourraient compromettre sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Ne pouvant se présenter ni voter, leurs partisans cherchent à fragiliser le processus électoral en multipliant déclarations alarmistes et menaces à peine voilées.
Mais à six mois de l’élection présidentielle, il est temps d’éclairer la majorité silencieuse et de remettre les pendules à l’heure. Voici 11 vérités essentielles à retenir :
- Le compte à rebours est lancé : Nous sommes en avril 2025. L’élection présidentielle est fixée au 25 octobre 2025 par la Constitution ivoirienne. Ce n’est ni une date arbitraire ni négociable politiquement.
- La Constitution, pas les partis, fixe le calendrier : Seule une force majeure, constatée par les institutions de la République, peut justifier un report. En aucun cas un parti politique ne peut en décider unilatéralement.
- Ce ne sont pas les partis qui élisent le président : Ce sont les Ivoiriens, par le biais du suffrage universel. Les partis politiques ne sont que des véhicules de participation, pas des institutions décisionnaires.
- Le vote en Côte d’Ivoire est libre, non obligatoire : Chaque citoyen y participe de son propre chef, à condition de remplir les critères définis par le Code électoral.
- La démocratie ne se limite pas aux partis : Les candidatures indépendantes sont aujourd’hui bien ancrées dans le paysage politique. Les dernières élections locales en ont été une démonstration éclatante.
- La CEI, une institution déjà sollicitée : Elle a organisé les scrutins locaux de 2023, avec la participation pleine et entière de tous les partis, sans contestation majeure sur son fonctionnement.
- Boycott ou pas, la République avance : Les expériences passées l’ont prouvé : même en cas de boycott, les élections se tiennent, et le pays continue de fonctionner.
- Une minorité bruyante face à une majorité silencieuse : Les militants actifs des partis ne représentent qu’une fraction de la population. La majorité des Ivoiriens aspire à la paix et à la stabilité.
- Qu’on se le dise : les élections auront lieu : Le 25 octobre 2025, les Ivoiriens seront appelés aux urnes, quelle que soit la position des partis d’opposition.
- Dissoudre la CEI pour confier les élections au ministère de l’Intérieur ? Une proposition paradoxale : comment ceux qui accusent la CEI de partialité pourraient-ils accepter que les élections soient gérées directement par le gouvernement qu’ils dénoncent ?
- Qui profite du chaos ? En définitive, la stratégie de la chaise vide, les menaces et le chantage politique ne servent qu’un objectif : créer un climat de doute pour mieux contester les résultats à venir ou empêcher la tenue de l’élection présidentielle pour aboutir à un vide constitutionnel et par conséquent réclamer un gouvernement d’union dans lequel tous les partis politiques se retrouvent pour manger.
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Enfin, le retrait du PPA-CI et du PDCI-RDA de la CEI ne devrait donc pas être interprété comme une alerte démocratique, mais plutôt comme une manœuvre politique, destinée à semer le doute et à préparer l’opinion à une contestation future des résultats. La vraie responsabilité, aujourd’hui, consiste à renforcer les institutions, à participer au processus électoral, et à offrir une alternative crédible au peuple ivoirien.
L’histoire a prouvé que les menaces ne résistent pas à la volonté du peuple. Le 25 octobre prochain, que chacun prenne ses responsabilités devant les urnes, dans le calme et la dignité.
Philippe Kouhon
Journaliste et analyste politique