Pourquoi étiez-vous absent lors du dernier congrès du FPI à Yamoussoukro ?
C’est une question de cohérence. J’avais demandé au tribunal de suspendre le congrès parce que j’avais assigné le FPI devant les tribunaux dans une procédure, au fond, pour faire annuler ce congrès. La justice a estimé que le référé de suspension n’était pas opportun. Donc, le juge a déclaré cette demande mal fondée. Nous attendons d’ici le 10 décembre 2024, la décision du congrès.
Le congrès a eu lieu. Affi N’Guessan a été plébiscité…
Heureusement que vous choisissez bien les mots. Affi a été plébiscité à la soviétique, parce qu’il a été élu à 99%. Ce qui veut dire qu’il est dans une logique des années 50. Il se croit à l’époque stalinienne. Il donne l’impression que quelque chose le poursuivait pour qu’il organise ce congrès. Peut-être qu’il en avait besoin pour se donner de l’aura sur la scène politique. Sinon, actuellement, Affi au FPI fait partie des minorités de nos militants. Il a organisé ce congrès au forceps. Si la justice nous fait droit en décembre, le congrès sera annulé purement et simplement et on passera à une autre étape pour organiser un autre congrès à la dimension du FPI.
Qu'est-ce que reprochez-vous concrètement à Affi N’guessan ?
D'abord, la gouvernance. Affi N’guessan s'est approprié le FPI. Il en fait sa chose personnelle. Ensuite, il refuse la critique. Or, le FPI est un parti critique et autocritique selon nos statuts. Enfin, il refuse le principe de l'alternance. Ça fait 23 ans qu’il est le président du FPI et il n'est pas prêt à céder sa place. Il refuse le droit à la différence. Quand vous mettez l'un dans l'autre, il s'est approprié le parti et en fait ce qu'il veut. Mais pis, Affi N’guessan représente un danger pour le FPI, il est cupide. Voici quelqu'un qui signe un partenariat avec le RHDP au nom du FPI, il en tire les dividendes sans en informer ses camarades de parti. Il va à une élection à Bongouanou, bénéficie d'une subvention du candidat du RHDP à hauteur de 100 millions, il ne dit rien. On l'apprend sur les chaines de radio, les chaînes de télévision nationales, qu’il a bénéficié d'une subvention de 100 millions. On lui demande comment se fait qu’il a bénéficié d'une subvention de 100 millions et qu’il n’a rien dit au parti ? Il dit que lui poser cette question, c’est faire preuve d'insolence à son égard.
On ne peut pas dire ça à ses camarades de parti. Mieux, dans la préparation du congrès qu'il vient d'organiser lui-même, il a fait un bilan moral et financier. Il dit que le FPI a reçu en dons et soutiens, 1 milliard 41 millions de francs CFA. Mais la question qu'on lui pose, ces dons et soutiens viennent d'où ? Il dit qu’il n'a pas le droit de nous le dire. Les gens lui répliquent, mais comment ? Vous avez un parti démocratique qui reçoit des dons et vous n'êtes pas capable de nous dire d'où viennent les dons. C'est une question de transparence. Nous lui demandons les pièces comptables pour juger de sa gestion financière du parti. Alors, les décisions de suspension surgissent pour ne pas avoir à répondre à cette question. Parce que c'est lui qui a le bic, donc il peut suspendre qui il veut. Affi est un homme cupide. Il a suffisamment tiré profit du partenariat avec le RHDP. C'est un député du RHDP qui le dit : « Affi a bénéficié non seulement d'une subvention de 100 millions, lors des élections régionales dans le Moronou, mais il a bénéficié des largesses du président de la République. »
« Affi a bénéficié des financements du RHDP et des largesses du président de la République »
Avez-vous vérifié ces informations ?
C’est vérifié et affirmatif. Je pense que vous auriez dû lui poser la question pour savoir comment sa campagne a été financée dans le Moronou. Peut-être qu'il aurait donné la réponse lui-même. Mais il n'est pas capable de rendre compte. Et c'est ce que nous lui reprochons fondamentalement.
Nous allons aborder le partenariat avec le RHDP. Est-ce que vous l'avez accompagné dans cette initiative-là ? Était-il nécessaire pour le Front Populaire Ivoirien ?
Mais, ça été un débat, le partenariat. Affi, je crois qu'il traîne comme un boulet, le qualificatif de traître. D'abord, quand il a des problèmes en 2014 avec ses amis du Front Populaire Ivoirien, ceux qu'on a appelés les « Gbagbo ou rien », les gens disent qu'Affi a trahi Gbagbo. Nous avons dit non. Nous l'avons défendu pour dire que si Gbagbo veut le FPI, qu’il vienne à un congrès. Et qu’on ne peut pas lui donner le FPI comme ça. Le FPI n'est pas une chose qu'on donne à quelqu'un. Nous avons défendu Affi. En 2014, il signe un partenariat avec l'Alliance des forces démocratiques. Deux ans après, on lui demande de faire le bilan. Il rétorque qu'il n'a pas de bilan à faire. Lui, il ne rend jamais compte. Après l'Alliance des forces démocratiques, on se retrouve en 2020. Il fait encore une alliance avec le PDCI-RDA dans ce qu'on a appelé le CNT. En 2020, sa candidature avait été validée par la Commission électorale indépendante. Tout le monde s'apprêtait à aller en campagne quand il nous a réunis, pour dire qu’il ne peut plus accompagner Alassane Ouattara aux élections et que les dés pipés, il se retire. Nous disons mais comment ? On en discute, il refuse de partir. Il se met dans une alliance qu'on va appeler le Conseil national de transition où il fera même la prison.
Vous l’allez défendu aussi pendant ces moments difficiles….
Je suis son avocat. Je l'ai défendu sur ce sujet et tout. Quand il sort de prison, on lui demande de faire le bilan de cette alliance dans le CNT. Il refuse de faire le bilan. Trois à quatre mois après, il nous réunit à nouveau pour nous dire que quand il fait une analyse de la scène politique ivoirienne, il se rend compte que le PDCI-RDA est affilié au PPA-CI de Laurent Gbagbo. En contrepartie, il trouve qu'il est important que le FPI soit affilié au RHDP du Président Alassane Ouattara. Nous en débattons pendant des mois et c'est au cours d'un vote que nous décidons d'aller à ce partenariat. 74% des militants sont favorables.
Avez-vous voté pour cette position ?
Moi, non. Tout le monde connaît ma position, parce que j'ai été clair là-dessus. Je lui ai dit que je suis professeur de Sciences politiques. Je lui ai dit que dans un partenariat, le plus fort bouffe le plus faible. Et moi, je pense que le RHDP est trop fort. Est-ce que tu es sûr que finalement dans ce partenariat, nous pourrons nous défendre ? Il dit non, Pierre tu fais de la théorie. Ici, on n'est plus aux temps des idéologies. Il faut que nous fassions de la realpolitik. J'ai dit, ok, on peut y aller. Mais quand nous allons aux élections locales, résultat du partenariat, le FPI s'en sort avec 137 conseils municipaux, dont 15 adjoints au maire. Donc moi-même, je suis le troisième adjoint au maire de Yopougon, Diabaté Bêh, le huitième adjoint au maire d'Abobo. Affi perd dans le Moronou. Il nous réunit à un secrétariat exécutif pour nous dire qu'il a été trahi par le RHDP. Donc, le partenariat n'est plus intéressant. Il faut qu'on en sorte. Il nous fait même l'injonction d'être des opposants dans les conseils municipaux où nous sommes. Mais écoutez, nous sommes quand même de grandes personnes. On ne traite pas les gens de cette manière. On lui demande de faire le bilan du partenariat. Il n'a jamais voulu faire le bilan du partenariat avec le RHDP. C'est dans cette ambiance que, lors d'une émission télévisée, un député du RHDP annonce publiquement qu’il a bénéficié de l'argent du président de la République et que sa campagne a été financée à hauteur de 100 millions.
Mais il y a eu un candidat en face de lui, un candidat du RHDP, si je ne me trompe pas, dans le Moronou ?
Non, le RHDP a retiré son candidat au profit d'Affi N’guessan, monsieur Ahondjon N’guessan. Mais le problème est que quand nous avons mené nos enquêtes, Affi perd les élections parce que pour lui, le RHDP retire son candidat, mais lui, il met des candidats contre les candidats du RHDP à la mairie, à Bongouanou et à la mairie à Arrah, où la candidate du RHDP est la présidente des femmes du RHDP. Mais quel est ce partenariat où nous retirons notre candidat et toi, tu mets des candidats contre les autres. Il ne pouvait que perdre. C'est son système de management, voilà pourquoi, je parle de gouvernance. C'est son système de management qui l'a fait perdre. Voilà pourquoi en Côte d'Ivoire, on a compris qu’Affi, non seulement il trahit les siens, mais il trahit aussi ses alliés et il finit par trahir sa propre personne. Il n'est pas crédible. Voilà pourquoi pour nous, nous ne le reconnaissons pas comme président du FPI et nous pensons qu'il ne peut pas être le candidat du FPI en 2025.
« Affi et Gbagbo ne sont pas prêts à respecter l’alternance politique »
Comme on le dit en Afrique, le linge sale se lave en famille, est-ce qu'il y a eu des débats en interne pour régler le problème ?
Il y a ce qu'Aristote appelait l'amitié politique. C'est-à-dire que quand Aristote dit que l'homme est un animal politique, cela veut dire que même quand nous avons des divergences d'opinion, il y a des limites qu'il ne faut pas franchir. Quand nous avons mené une enquête, nous avons dit que ses critiques n'étaient pas fondées et qu'il devait revoir sa position. Savez-vous comment il nous a traités ? Il a déclaré que lui Affi N'guessan pèse 5 kilos d'or et qu’il n'a pas à répondre à des morpions qui pèsent 5 kilos de maïs. Au XXIe siècle, peut-on traiter ses amis, des gens qui ont 30 ans de militantisme au FPI, de la sorte ? Il nous a insultés, et ça, je vous le dis. Et le mot « insulter » n'est même pas fort. Ça veut dire que le mec, ce n'est plus un socialiste. Il nous a traités pour des moins-que-rien. Mais moi, je l'ai défendu quand il était en prison. Il sait ce que j'ai toujours fait pour lui. Et aujourd'hui, moi, je pèse 5 kilos de maïs, et lui, il pèse 5 kilos d'or. Comment voulez-vous qu'on lave un linge sale entre un homme en or et les autres qui ne sont que du maïs ?
Les liens sont donc rompus entre vous deux ? Il n'y a plus de discussion ?
Non, il se contredit. Voilà pourquoi, je dis qu'il est traître à sa propre personne. Parce qu'au-delà du partenariat, quand Affi veut rejoindre le parti de Laurent Gbagbo après l'appel de Bonoua, il est interpellé à une réunion du parti. Il dit, mais qui vous a dit que moi, je vais rejoindre le parti de Laurent Gbagbo ? Il dit, mais Laurent Gbagbo, c'est un homme incompétent et qu'Alassane Ouattara a mis la Côte d'Ivoire à un niveau de développement aujourd'hui où on ne peut pas la laisser diriger par des individus comme Laurent Gbagbo. Aller vers Laurent Gbagbo, c'est la ligne rouge qu'il ne faut pas franchir. Ce sont ses propres propos, je vous le dis. Et aujourd'hui, tout le monde est étonné. Aujourd'hui, il trouve le parti de Laurent Gbagbo comme son salut, parce que maintenant, il ne veut plus du partenariat. Écoutez, on ne peut pas fonctionner avec un homme aussi inconséquent qu'Affi. Il manque de cohérence. Et pour nous, qu'il aille au PPA-CI de Gbagbo, nous n'irons pas là-bas. Pour nous, ce n'est pas le FPI qui doit aller vers Gbagbo. C'est Gbagbo qui a quitté la maison. S'il revient, il sera accueilli à bras ouverts. Mais nous ne pouvons pas faire la démarche inverse.
Mais que vaut le FPI sans Laurent Gbagbo ? C'est la question aujourd'hui que se posent les Ivoiriens.
Écoutez, nous sommes-là, Laurent Gbagbo est au PPA-CI.
Voilà, donc qu’il reste au PPA-CI, tout simplement. Parce que le problème qu'ils se posent, c'est quoi ? Ce sont des individus Affi comme Laurent Gbagbo qui ne sont pas prêts à respecter le mot qu'ils aiment utiliser, l’alternance politique. Mais c'est écrit dans le statut du FPI. L’alternance politique est un principe au sein du FPI. Mais quand vous faîtes 23 ans, à quel moment vous faites l’alternance ? Vous dites, ah non, mais l’article 35 du statut dit que le président du parti est rééligible. Donc, je peux être rééligible X fois. On dit non, c'est un tout, les statuts du parti. Le premier principe, c'est l’alternance. On peut faire un mandat, on peut faire un deuxième, on peut faire un troisième, mais à un moment donné, il faut faire jouer la tête, c'est-à-dire qu'il faut préparer des gens pour prendre la relève.
Ce n'est pas écrit, il a donc le droit ?
Non, mais c'est l'intelligence politique, vous comprenez ? Les textes donnent l'autorisation. Vous comprenez qu'en France, ce n'est pas écrit dans la constitution, mais quand les gars ont deux mandats, à un moment donné. Deux mandats consécutifs, et puis c'est tout. Vous comprenez qu’on est encore dans les villages où le monsieur est président éternellement. Non, on ne peut pas fonctionner comme ça.
Affi considère que vous êtes un peu manipulé par la majorité présidentielle. Est-ce qu'aujourd'hui, il y a un deal qui existe entre Dagbo Pierre et le RHDP ?
Monsieur, je suis professeur d'université, je suis avocat, vous pensez qu'on peut me manipuler ? C'est Affi N’guessan qui voulait nous manipuler. Affi N’Guessan a bénéficié des soutiens financiers du RHDP et des largesses du président de la République. Quand Affi N’Guessan dit que le FPI a reçu en dons et soutiens 1,41 milliard de Franc CFA, l’argent est venu d’où ? Il ne peut pas répondre, parce qu’il sait que l’argent est venu sûrement des cadres du RHDP. Voilà pourquoi on lui demande de répondre d’abord parce que c’est lui qui en a tiré tous les dividendes. Je n'ai pas de deal avec quelqu'un, mais c'est lui qui avait le deal. Et aujourd'hui, on le sait, c’est lui qui a sollicité le président de la République pour être nommé président d'institution, ça il ne nous l'a jamais dit. Aujourd'hui, on le sait. Non, ce monsieur n'est pas crédible. Pour moi, il y a un seul mot qu'on peut lui coller à la peau, il est le traître de la République.
Vous étiez vice-président du parti et c'est quand même assez bizarre, vous n'êtes au courant de rien ?
Rien, avec lui c'est comme ça. Vous allez à une réunion avec Affi, vous discutez, le lendemain, il vient seul, sans se faire accompagner. Ce sont ces techniques qu'on ne peut pas accepter. Nous sommes dans une société ouverte aujourd'hui et les rapports humains sont des rapports de confiance, surtout à ce niveau dans un parti politique. Or, Affi ne fait confiance qu'à sa seule personne. C'est lui qui décide de tout, et comme il l'a dit, il a le bic. Il nomme qui il veut et suspend qui il veut. Je suis suspendu parce qu'il ne peut pas me regarder en face, parce que je lui demanderai de rendre compte de sa gestion financière du Front populaire ivoirien. Et il va le faire, parce que s’il ne le fait pas, je vais le traduire au tribunal. Je ne passe pas par quatre chemins.
Pour l'instant, vous êtes banni de toutes les instances du parti ?
Non, c'est lui qui l'a dit, mais il n'est pas représentatif du Front populaire ivoirien.
« Affi nous a pourtant dit qu’aller vers Laurent Gbagbo est la ligne rouge à ne pas franchir »
Mais il a été plébiscité quasiment à 95%...
C'est dans son parti politique soviétique. Nous sommes le Front populaire ivoirien, nous sommes le courant « démocratie et valeurs », nous ferons entendre nos voix dans les prochains jours.
Quelle est votre assise politique aujourd'hui ? Qui vous soutient ?
Nous avons un courant qui s'appelle « Démocratie et valeurs ».
Vous revendiquez combien de militants ?
Nous représentons 80% des militants du Front populaire ivoirien. Affi ne représente que 20%, et là encore, c'est par charité que je lui accorde les 20%. Affi ne représente rien sur le terrain, il est incapable aujourd'hui même de s'adresser aux militants du Moronou. Il ne peut même pas organiser une réunion politique dans la commune d'Abidjan. Donc, il est devenu l'homme de plateau télévisé. Et moi, je vous le dis, si vous suivez l'actualité en Côte d’Ivoire, le 30 novembre, j'ai fait un meeting à Daloa, après j'ai fait un autre meeting à Korhogo, et vous verrez si je suis représentatif ou pas.
Revenons au partenariat, si la décision de justice aboutissait, souhaiteriez-vous continuer le partenariat avec le RHDP ?
C’est ce que nous avons toujours dit. On n’a pas changé d’avis. Parce que pour qu’on rompe le partenariat, il faut qu’on en fasse le bilan et après, il va falloir faire une réunion du secrétariat exécutif, du comité central puis on passe au vote. À la suite de cela, si les militants estiment qu’on doit rompre le partenariat, on est prêt à le rompre.
Vous avez changé de position. Vous êtes aujourd’hui pour un partenariat avec le RHDP ?
Oui, parce que la manière qu’Affi utilise pour rompre le partenariat ne me satisfait pas. Je suis à Yopougon où je suis le vice-président chargé de la lutte contre la pauvreté. Je travaille très bien avec le maire Adama Bictogo. Je ne vois pas pourquoi du jour au lendemain, je vais rompre avec quelque chose qui marche très bien.
Si vous perdez le procès, seriez-vous prêt à rejoindre le RHDP ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je suis un esprit libre, tout le monde me connaît. Je ne suis pas obligé de faire la politique. Je peux écrire mes livres, faire mes conférences à l’international. Il y a une vie après la politique. Mais ici, nous avons pris un engagement vis-à-vis de nos militants et de nos populations. Nous pensons qu’en l’état actuel des choses, le FPI qui devrait incarner un parti progressiste a échoué et il faut le reconstruire autrement, parce qu’on a eu à faire à des individus qui n’étaient pas des socialistes mais des populistes.
Affi est-il un populiste ?
Naturellement ! Affi est un populiste, il n’a rien d’un socialiste. Pour un socialiste, la liberté s’invente tous les jours. Or, lui, il refuse le débat. S’il n’y a pas de débat au sein du parti, c’est qu’il n’est plus socialiste. Ça été le cas avec Laurent Gbagbo. Ce sont des gourous, une fois qu’ils parlent, tout le monde doit s’aligner. Ça ne fonctionne pas comme ça.
Donc pour vous, le parti de la liberté c’est le RHDP ?
Non, c’est plutôt le FPI que nous incarnons : « Démocratie et valeurs ». Nous voulons faire en sorte que « Démocratie et valeurs » soit la majorité de ce que pensent les militants du FPI.
La révision de la liste électorale a pris fin ce dimanche. Regrettez-vous la décision du gouvernement de ne pas proroger ce processus ?
Même si on le prorogeait, cela ne changerait rien, si l’opposition n’est pas prête. Elle ne participe à rien, elle fait du bruit pour rien. Il y a certes, des campagnes à la télé, mais elle n’est pas sur le terrain. Thiam est certes, sur le terrain, mais les opposants de gauche ne font que du bruit sur les plateaux télévisés et dans les journaux. Je suis à Yopougon, j’ai vu comment l’enrôlement s’est passé. Je n’ai pas vu les militants du PPA-CI aller se faire enrôler. Les gens sont dans une sorte de bulle. Chaque fois qu’une élection arrive automatique, il y a des campagnes de dénigrement comme quoi la CEI n’est pas crédible, il y aura la fraude, etc. Or, il faut mobiliser les militants sur le terrain. C’est aussi simple que cela. Je crois en la capacité des militants de choisir leur destin et si les gens ne sont pas capables de mobiliser leurs militants pour faire les enrôlements, qu’ils s’en prennent à eux-mêmes. Sinon, on peut étendre l’enrôlement jusqu’à l’année prochaine, je vous dis qu’ils ne le feront pas. Il y a un désamour des Ivoiriens vis-à-vis de la politique. Beaucoup ne font plus confiance aux hommes politiques, d’autres disent vouloir attendre et s’occuper de leur quotidien. Mis l’un dans l’autre, qu’on proroge ou qu’on arrête, ça ne changera rien à la fin.
Revenons sur votre courant « Démocratie et valeurs », c’est quoi l’objectif à court terme avec l’élection présidentielle de 2025 ? Est-ce qu’il y a une volonté de présenter un candidat ou de s’affilier à un parti ?
A court terme, notre volonté, c’est que le FPI ne mise pas sur un cheval non partant. Parce que pour nous, Affi est un cheval non partant. Il n’est même pas un tocard. Parce qu’il arrive qu’un tocard puisse gagner à tiercé. C’est un tocard. Quelqu’un qui a perdu chez lui dans le Moronou au Conseil régional, ne peut pas nous représenter à une élection présidentielle. Donc, pour nous, la priorité, c’est de reconstruire le FPI le plus rapidement possible et au besoin, on choisira un cadre du parti le mieux placé pour nous représenter à l’élection de 2025.
Propos retranscrits par Joël Dally