« 2025 ne se passera pas sans nous. C'est une question qui est non négociable… », a martelé le truculent leader de l’ex-alliance des jeunes patriotes Charles Blé Goudé, aujourd’hui président d’un parti politiqué dénommé Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP). C’était à l’occasion d’un événement politique organisé par son parti le 12 mai 2024 à Yamoussoukro. À l’occasion, l’ex-leader des jeunes patriotes a déroulé ce qui apparaît comme un programme de gouvernement, qu’il se prépare à « vendre » aux populations quand viendra l’heure de la campagne présidentielle. Sauf que le même jour, le président du COJEP n’a pas osé annoncer qu’il sera bien candidat à ce scrutin présidentiel. « Est-ce que ce soir, je vais présenter ma candidature à la présidentielle de 2025 : non ! La seule chose que je peux vous dire, c'est que je suis prêt pour gouverner la Côte d'Ivoire », s’est-il contenté de dire. Est-ce sa façon à lui de brouiller les pistes pour cacher son jeu en attendant d’abattre sa carte le moment venu ?
Blé Goudé veut avoir voix au chapitre en 2025
Bien malin qui pourrait le dire. Une seule certitude pour l’heure : Blé Goudé est sous le coup d’une condamnation judiciaire qui le prive de ses droits civiques et donc, lui ôte la possibilité d’être candidat à la prochaine présidentielle. Il ne peut se lancer dans la course à la présidentielle de 2025 que si cette condamnation judiciaire était effacée, aussi appelle-t-il de ses vœux une solution à son cas. « Je suis en train de demander qu'une solution politique soit trouvée à cette question-là », a-t-il plaidé lors du conclave de son parti à Yamoussoukro. Au cas où il serait finalement recalé par cette décision de justice, Blé Goudé va-t-il rouler pour ses anciens compagnons de l’ex-galaxie Gbagbo, qui pourraient être candidats et cela, au nom de l’histoire commune qu’ils ont partagée du temps où Laurent Gbagbo était au pouvoir ? Ou, au contraire, faire le jeu du candidat du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ? Rien dans ses dires et actes ne laissent clairement voir de quel côté il penchera le moment venu.
Tout au plus peut-on avancer qu’il est peu probable qu’il roule pour son désormais mentor Gbagbo, au regard de l’état actuel de leurs relations, qui sont pour le moins pourries. En témoignent les récents propos peu amènes que l’ex-chef de l’Etat a tenus à l’encontre de Blé Goudé au cours de la convention de son nouveau parti, le Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI). Si les rapports en restaient là jusqu’à la présidentielle 2025, il est peu probable que Blé Goudé s’engage pour la cause de Gbagbo au cas où celui-ci viendrait à être autorisé à se présenter. En bisbille avec son ex-mentor, la logique voudrait qu’il ne se range pas non dans le camp du candidat du PDCI avec lequel Gbagbo et son parti sont dans une alliance en devenir. Il ne lui reste alors qu’à soutenir ou non le candidat du parti au pouvoir. Soupçonné voire accusé par ses anciens compagnons de la majorité présidentielle de rouler pour le pouvoir, il aura là l’occasion de s’engager au grand jour aux côtés de ceux auxquels il était opposé durant la crise postélectorale, marquant par là même occasion son intention affichée depuis quelque temps, de tourner résolument la page de la guerre postélectorale de 2010. Mais Blé Goudé a-t-il encore un réel poids politique à même de faire pencher la balance pour un candidat, lui dont le jeune parti n’a pas participé aux dernières élections générales qui auraient permis de mesurer son ancrage national ? Là est toute la question.
Assane Niada
