Année de la jeunesse : Une vision clairement affichée par le président de la République Alassane Ouattara
L’année 2023 est une année éminemment importante pour les jeunes de Côte d’Ivoire. Elle a, de fait, été décrétée comme l’année de la jeunesse par le Chef de l’État. « (…) Je suis convaincu que votre talent et votre énergie sont une chance pour notre pays. Je crois fermement en votre capacité à contribuer au développement de la Côte d’Ivoire. C'est pourquoi, j'ai décidé de faire de 2023, l'année de la Jeunesse », a déclaré Alassane Ouattara, au cours de son message de nouvel an 2023 à la Nation. Ce projet va se traduire dans les faits, selon ses mots, par « le renforcement et l'expansion des écoles de la seconde chance pour ceux qui sont sortis trop tôt du système éducatif ou qui souhaitent se réorienter ; l'amélioration de l'employabilité de notre système de formation professionnelle et universitaire ; l’accélération de la construction d’infrastructures sportives et récréatives ; le renforcement de l’encadrement et du financement direct des projets jeunes ; une participation plus accrue des jeunes aux marchés publics de l’État ; et la mise en place d'un incubateur pour l’innovation et l’entrepreneuriat pour catalyser le génie créateur de nos jeunes, et accélérer le développement des startup ». Et le Chef de l’État ajoute sur la même lancée : « Nous comptons renforcer notre dispositif de soutien et de financement des PME avec la mise en place d'une dotation spéciale pour garantir les prêts aux PME ».
C’est donc dans la mise en œuvre de ce projet, qui est tout de même une première dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, que le Premier ministre a instruit une quinzaine de ministres à l’effet de rencontrer les différentes organisations de la jeunesse, en vue de recueillir leurs préoccupations et propositions. Du moins, celles qu’elles voudraient voir être prises en compte pour l’élaboration du document relatif au « Plan jeunesse 2023 ». Le gouvernement voudrait, de par le procédé adopté, appliquer la démarche participative. C’est-à-dire une méthode qui consiste à prendre en compte, les idées, les propositions, les préoccupations et les aspirations des membres d’une entité pour laquelle on veut réaliser un projet. Dans le cas d’espèce, il s’agit des jeunes. C’est pour ce faire, qu’ont été organisées des journées consultatives entre le gouvernement et les entités relevant de la jeunesse du pays. Ainsi, sous la conduite de Mamadou Touré, ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion Professionnelle et du Service Civique (ministère technique), que se sont déroulés ces échanges du lundi 30 janvier au jeudi 2 février 2023 à l’Auditorium de l’immeuble de la CNPS au Plateau. Les entités qui se sont relayées tour à tour pour les consultations sont, respectivement, les couches sociales de la jeunesse, les acteurs du monde culturel et sportif, les jeunes du secteur informel et les jeunes des partis politiques.
Au nom du Chef du gouvernement, le ministre Mamadou Touré prenait le soin d’indiquer au début de chaque séance, que le projet « Plan jeunesse 2023 » se décline autour de quatre axes. Il s’agit du Renforcement de l’engagement citoyen et de l’éthique sociale de la jeunesse, l’Accélération de la formation, de l’insertion professionnelle et de la promotion de l’entrepreneuriat, l’Amélioration des conditions d’épanouissement et de bien-être des jeunes et l’Accélération des réformes stratégiques en faveur de la promotion accrue de l’emploi des jeunes.
‘‘Plan jeunesse 2023’’ : Une vision inclusive à travers une approche participative….
Les principales préoccupations des couches sociales de la jeunesse, faut-il le rappeler, ont porté, entre autres, sur la formation, la prise en compte des personnes en situation de handicap, la prise en compte des années de bénévolat des jeunes pour leur employabilité, le renforcement de la solidarité envers les étudiants, le traitement particulier pour les jeunesses rurales, l’autonomisation des jeunes filles, l’entrepreneuriat social. On notait au nombre des organisations présentes, notamment, la Fédération nationale des unions de jeunesse communale de Côte d’Ivoire (Fenujeci), la Fédération des mouvements et associations de jeunesse et d’enfance de Côte d’Ivoire (Femajeci). Intervenant au sujet du volet sportif, Ben Kayala, membre du bureau politique du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a attiré l’attention sur un fait : « On parle de performance en sport. Mais, il n’y a pas de personnes formées pour cela. Je veux me focaliser sur les préparateurs physiques.
On ne peut pas produire de bonnes performances, s’il n’y a pas de préparateurs physiques. On forme des entraîneurs, mais pas de préparateurs physiques ». A cette préoccupation, se sont ajoutées au niveau du volet sportif, la formation des acteurs qui interviennent dans le domaine de la piscine et des salles de sport, l’imposition de la natation au primaire, des jeux sportifs dans les universités. Des intervenants ont proposé la promotion d’établissements typiquement sport-études, en vue de permettre de déceler des talents cachés. Il est également proposé de permettre aux acteurs de sports, de présenter un business-plan, qui sera soumis à un cabinet d’expert-comptable agréé, afin de financer leurs projets. Et ces financements seront tout naturellement remboursés par la suite. En ce qui concerne la culture, les acteurs se sont plaints des coûts exorbitants pour la location des salles pour la présentation de spectacles. Ils demandent par ailleurs, de promouvoir l’industrialisation du coton ivoirien, expliquant qu’elle peut offrir des emplois aux jeunes.
Secteur informel : Des Propositions concrètes pour la valorisation de l’artisanat
Les acteurs du domaine culturel souhaiteraient voir les cours de musique et des arts plastiques être insérés dans les programmes du système éducatif, indiquant qu’ils peuvent susciter des talents et offrir par la même occasion, du travail aux jeunes. Il est proposé de valoriser les tisserands ivoiriens par la production du pagne ivoirien tissé. Selon les intervenants qui s’en sont fait échos, cette activité peut donner du travail à la jeunesse ivoirienne. S’agissant des œuvres de l’esprit, il est proposé la mise en place d’un système pour bien les protéger. La promotrice d’une petite entreprise a pour sa part, demandé un accompagnement pour un projet de formation de 150 jeunes d’Adzopé aux métiers du cinéma. Cette activité, à en croire cette dernière, peut dans un premier temps, aider les bénéficiaires à réaliser des petites vidéos qu’ils pourront commercialiser. Et cela peut, par la suite, susciter d’autres projets.
Les artistes qui interviennent à l’étranger, ont demandé la mise sur pied d’un fonds, leur permettant d’exposer leurs œuvres. Aussi est-il demandé que les personnes qui interviennent au bas de l’échelle dans le domaine de l’immobilier, ne soient pas laissées pour compte. Qu’elles puissent être formées comme il se doit, dans l’optique de leur offrir plus d’opportunités pour la suite de leur carrière. Pour ce qui concerne l’entrepreneuriat, les jeunes demandent une réduction des taxes, car ils estiment qu’elles sont nombreuses, et ne motivent pas à entreprendre. Les acteurs de la culture et du sport ont en commun, les difficultés pour obtenir des financements pour la réalisation de projets. Mariam Ouattara, promotrice de spectacles, projette d’organiser un évènement culturel des ressortissants du Zanzan. Elle espère par ce projet, obtenir un financement pour l’organisation de son évènement. Les chefs d’entreprises du secteur informel, qui évoluent dans bien des cas, dans un cadre non réglementaire, disent être abandonnés suite aux différents programmes d’assainissement conduisant à leur déguerpissement.
Participer aux grandes rencontres internationales
Les micros, petites et moyennes entreprises espèrent donc être soutenues par leur ministère de tutelle. Les artisans émettent l’idée de voir l’État les associer aux grandes rencontres internationales, en vue de valoriser leurs créations et par ricochet, la culture ivoirienne. Pour les couturiers et stylistes, il s’agit pour l’État de créer une véritable industrie de la mode.
De façon globale, les interventions des jeunes des partis politiques ont tourné autour de la formation, la vulgarisation des projets relatifs à l’entrepreneuriat et leurs financements, l’augmentation de l’âge pour les concours, une accentuation du civisme par l’instauration de cours de civisme au primaire et secondaire, l’aide ou l’encadrement et le financement à apporter aux jeunes qui désirent entreprendre ou créer leur entreprise. Il est également demandé l’amélioration du suivi et de la prise en charge psychologique des jeunes traumatisés au cours des différentes crises qu’a connues le pays, l’intervention des psychologues et des sociologues dans les établissements primaires, secondaires et dans les universités et grandes écoles pour une prise en charge psychologique des enfants ayant des problèmes psychologiques. Pour une meilleure orientation des élèves et étudiants dans les filières, l’intervention des conseillers d’orientation et conseillers pédagogues est proposée. Sur ce même point, il est proposé aux parents de laisser le soin à ces professionnels d’aider les enfants à opérer leurs choix.
Rouvrir les usines et sociétés fermées du fait des crises successives…
Les propositions des jeunes ont aussi tourné autour du nombre élevé de documents demandés pour le financement des projets et les concours. La réouverture des usines et des sociétés fermées dans certaines régions du pays, figure au nombre des préoccupations prioritaires. Les femmes ont, pour leur part, émis le vœu d’être plus prises en compte pour les projets de jeunes.
Surpris par l’ambiance et les échanges qui ont eu lieu avec les jeunes des partis politiques, Karim Ouattara, le Secrétaire national en charge du monde associatif, n’a pas manqué de réagir en ces termes : « Ce qui vient de se passer est une première en Côte d’Ivoire. C’est exceptionnel. Ce n’est pas anodin. C’est exceptionnel de voir qu’un parti politique spécifique appelle d’autres partis à se joindre à lui pour réfléchir d’une problématique commune, en l’occurrence, celle de la jeunesse. Et de voir des jeunes des partis politiques s’asseoir ensemble dans une même salle pour égrener les problèmes de la jeunesse dans sa globalité. On ne peut que saluer cela ». Pour Karim Ouattara, l’initiative du chef de l’État doit donner de faire en sorte que 2023 puisse réellement se démarquer des années 2020, 2021, 2022, ainsi de suite. « Il faudrait que ce soit une année qui soit ressentie par la jeunesse comme une année qui lui est dédiée », s’empresse d’ajouter celui-ci.
Cissé Abdul Kader, le Secrétaire national en charge de la jeunesse du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) dit ne pas être surpris par cette initiative d’Alassane Ouattara. Selon son commentaire, elle est la preuve tangible de ce qu’il a toujours eu pour les jeunes, de bons projets. Raison pour laquelle, il a déclaré : « En tant que jeunesse du RHDP, le projet ne nous étonne guère, parce que notre président de la République, Alassane Ouattara, est dans la dynamique de pouvoir donner une chance aux jeunes de Côte d’Ivoire. Et décréter 2023, année de la jeunesse, n’est que la continuité de ses actions en faveur de la jeunesse. Cette fois-ci, le Chef de l’État veut dire qu’il donnera plus que ce qu’il donnait par le passé. Nous sommes d’accord pour l’accompagner dans cette initiative ». Il a toutefois émis un vœu : « Nous souhaitons que cette initiative soit portée par le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion Professionnelle et du Service Civique. Ce ministère est dédié aux jeunes. C’est le ministre qui va apporter les propositions que les jeunes des partis politiques et ceux de la société civile feront au gouvernement. Nous sommes ravis et nous partageons l’idée du Chef de l’État. En ce qui nous concerne, nous allons aller vers nos militants dans tous les petits hameaux et petits recoins du pays pour les consulter, pour faire sortir des propositions concrètes, qui épousent tout naturellement leurs aspirations ; afin que le gouvernement mette en place, un projet qui puisse aider l’ensemble des jeunes du pays ». Ibrahim Dubois Touré, le président de la jeunesse du COJEP, souhaite que l’accent soit mis sur la formation des jeunes et la création de pôles régionaux de développement. « Nous sommes disposés toujours à faire nos propositions pour rendre cette idée concrète. Nous réfléchissons à ce que notre formation soit adaptée à nos besoins actuels. Vous savez que nous sommes un pays en voie de développement et nous avons beaucoup de secteurs encore à développer. Il nous faut donc adapter la formation à ces besoins. Nous prônons qu’il y ait des pôles régionaux de développement. Pour nous, il faut partir à des spécialisations par région. Ça va aider à l’employabilité dans chaque région.
On n’aura pas forcément besoin de venir à Abidjan pour chercher un emploi ou s’orienter vers la Fonction publique. Nous pensons qu’aujourd’hui, les jeunes ivoiriens peuvent se mettre ensemble pour créer des multinationales. Et c’est possible. Il faut donc encourager le génie-créateur ivoirien », exhorte-t-il. Le président de la structure « Le changement c’est pour maintenant » (LCPE) s’intéresse au volet en rapport avec l’amélioration de la condition de vie. Or, pour lui, « qui parle de l’amélioration de la condition de vie a besoin d’un aspect financier, un aspect de création de richesses, parce que c’est à partir de la création de richesses, qu’on peut améliorer sa condition de vie ». C’est pourquoi, Jean Omonon affirme sans détour : « l’État ne peut pas employer tout le monde. L’État ne peut pas donner du travail à tout le monde. Je pense qu’il faut créer le cadre. Il faut faciliter à ce que les jeunes puissent avoir des fonds pour pouvoir investir dans certains projets de création de richesses », a-t-il proposé.
Selon le ministre Mamadou Touré, les jeunes ont dès lors, une période d’une semaine pour entrer au « laboratoire », afin de faire leurs propositions, qu’ils vont lui transmettre. Il se chargera à son tour, de concert avec les autres ministres, de les remettre au Premier ministre Patrick Achi.
Aristide Otré