Économie

Interview/ Coulibaly Amadou (Agent de développement à Sinématiali) : « Les jeunes doivent se former pour bénéficier de l’année de la jeunesse »

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L'homme d'affaires Coulibaly Amadou veut contribuer à la formation professionnelle de la jeunesse de Sinématiali (Photo : DR)
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Opérateur économique, originaire de Sinématiali, Coulibaly Amadou dit Arnaud, nourrit de grandes ambitions pour sa région. Dans une interview, l'homme qui investit également dans le secteur de la mangue, dévoile les grands axes de ses projets en faveur des populations et jette un regard critique sur les difficultés de la filière mangue.

Vous aviez été distingué récemment en tant que meilleur manager citoyen par la structure Life Builders. Que représente pour vous cette distinction ?

C’est une fierté et une reconnaissance du travail abattu. Ce trophée me permet de ne pas baisser les bras et de continuer à travailler et apporter ma contribution aux différentes populations. J’ai compris que c’était de la valeur à travers ce prix.

 

Cela vous motive à aller encore de l’avant ou vous vous dites que vous avez tout gagné ?

Cela me motive à aller de l’avant, parce qu’aujourd’hui, nous n’avons plus droit à l’erreur et nous devons continuer à accompagner nos braves populations et jeunes.

 

Quels sont vos projets pour votre localité ?

J’en ai beaucoup. J’espère que Dieu me donnera une longue vie afin de pouvoir les réaliser. Le premier, c’est la construction d’une bibliothèque et d’une salle multimédia. Cela va permettre de rehausser le niveau de lecture et d’écriture des élèves. J’ai remarqué que la majorité des élèves n’arrivent pas à construire des phrases correctes. Par conséquent, il leur faut une bibliothèque pour les amener à travailler dans les conditions adéquates. La salle multimédia va les aider à faire des recherches pour leurs études et aussi contribuer à s’approprier leur culture. Ce sera également une occasion pour eux de découvrir les cultures des autres peuples. C’est donc un projet qui va permettre à ces élèves de mieux avancer dans la société. La suite sera de créer un établissement secondaire et professionnel. En ce qui concerne l’enseignement professionnel, ce sera une école-atelier. Je me suis rendu compte qu’au niveau des grandes écoles de nos jours,  les jeunes n’apprennent que la théorie. La pratique en est une autre chose. Quand ils sortent de l’école, ils sont obligés d’apprendre sur le tas. Par contre, ceux qui ont des garages mécaniques, ils exercent le métier en même temps. Il n’y a pas de théorie. Il nous faut allier école et atelier. Dans ce sens, la formation sera théorique, mais plus axée sur l’atelier, parce qu’il y aura des ateliers qui seront construits avec tout le matériel nécessaire. Dans le cas du garage mécanique, lorsque les automobilistes viendront avec leurs véhicules, ce sera un atelier comme tout autre. Il reviendra aux stagiaires de s’occuper de la réparation des voitures sous la supervision de leurs responsables. Après cette étape, je crois que nous aurons des jeunes bien formés qui pourront se prendre en charge. Ils pourront être employés ou entrepreneurs, s’ils le veulent.

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Que pensez-vous de « l’école de la deuxième chance » initiée par l’État ivoirien ?

Ce système est bienvenu. Je pense que le gouvernement a eu un très bon projet. Quelqu’un peut ne pas être bon au niveau de l’enseignement général et être excellent au niveau des métiers. Mais il faut toujours avoir une base. Parce que si vous n’avez pas de théorie, vous ne pouvez pas affronter tout ce qui sera nouveau. Dans tous les cas, dans le domaine technique, il faut toujours se former. Parce que la technique évolue et c’est à chacun de se mettre à jour.

Comment les jeunes de votre localité peuvent-ils profiter pleinement des opportunités offertes par le chef de l’État en cette année 2023, décrétée année de la jeunesse ?

        

Je voudrais remercier le président de la République, SEM Alassane Ouattara, pour avoir décrété cette année, l’année de la jeunesse.

Il y a un proverbe chez nous qui dit que l’enfant doit être meilleur que son père. Pour le faire, il faudrait former ces jeunes. L'année dédiée à la jeunesse pour moi, c’est de donner la chance à la nouvelle génération  de se former, de se prendre en charge et devenir des entrepreneurs. C’est aussi œuvrer dans le sens de rendre la jeunesse  responsable. Quand tu n’es pas autonome, tu es obligé de suivre celui qui te donne à manger, même s’il dérape à des moments donnés.

 

En tant qu’acteur de développement, que faites-vous pour participer à la cohésion sociale dans votre localité ?

Partout où il n’y a pas de paix, on ne peut pas avoir de développement. Il faut vraiment cultiver le mérite au détriment du favoritisme. Malheureusement, c’est ce que nous rencontrons le plus souvent en Afrique. J’espère que les uns et les autres seront toujours conscients afin que le mérite soit toujours de mise.

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Comment la culture de la mangue participe-t-elle au développement de Sinématiali ?

La mangue est vraiment la première ressource de mes parents, parce que pendant sa campagne, les producteurs qui sont les propriétaires de vergers, arrivent à vendre leurs mangues. Ceux qui n’ont pas de vergers, deviennent des pisteurs ou exportent la mangue. Certains ont également des centres de conditionnement. Pour nous autres, nous  sommes dans le transport, la  logistique et bien sûr, le transit, c'est-à-dire,  nous accompagnons ceux qui veulent bien exporter cette culture en Europe en faisant  de la documentation.

 

Il y a-t-il  un l’impact direct de la culture de la mangue sur les populations de Sinématiali ?

La culture de la mangue a un grand impact, parce qu’après sa campagne, toutes les populations ont de l’argent. Cela leur permet de pouvoir faire des réalisations dans l’immobilier et de mener plusieurs activités génératrices de revenus.

Pour le moment, nous n’arrivons pas à la transformer, mais c’est ce qui serait mieux.

 

Peut-on savoir les difficultés rencontrées par cette filière dans votre localité ?

Il y en a plusieurs. La première est que nous n’avons pas de centre de conditionnement. Par conséquent, nous n’arrivons pas à exporter une grande partie de la production. Nous exportons moins de 50% de la production, alors que si nous avions suffisamment de centres de conditionnement, nous aurions la possibilité d’en exporter plus, surtout que nous n’avons qu’un mois et demi pour la campagne. Ce qui allait arranger quand même le taux d’exportation. La deuxième difficulté, est que la filière mangue elle-même, n’est pas très organisée. C’est vrai qu’il y a une faitière qui est mise en place, mais elle ne fait pas assez d’actions. La troisième se trouve au niveau de la transformation. Nous n’avons presque pas d’usine de transformation qui pouvaient nous aider à transformer les 50% qui restent après l’exportation, en faisant des mangues séchées, la purée ou du jus. Il y a tellement de choses qu’on peut faire avec la quantité restante pour augmenter le revenu de nos producteurs.  La quatrième difficulté porte sur le traitement des vergers. Nos parents ont d’énormes difficultés dans ce sens, et sont accompagnés par des exportateurs. Auparavant, c’étaient des exportateurs européens qui venaient,  mais les populations ont pris cette activité en charge. Si nos parents étaient accompagnés dans le traitement des vergers, cela allait augmenter la quantité de production et améliorer la qualité des mangues.

Réalisée par Ernest Famin

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