Commentant l’arrestation de Peter 007 et son incarcération, l’ex-chef de l’État a appelé à sa libération. Or, le sieur Peter 007 a diffusé sur les réseaux sociaux, une vidéo où il disait être le chef des escadrons de la mort, qui a semé la mort dès les premiers jours qui ont suivi l’éclatement de la rébellion de 2002. Plutôt que de condamner les dérives de cet ancien marchand de la mort, Gbagbo a appelé à le libérer. Par ailleurs, il a laissé entendre qu’il ne lui serait jamais venu à l’idée de jeter un adversaire politique en prison, parce que celui-ci l’aura offensé. « Tu m’insultes, je t’insulte. C’est tout. Au lieu de prendre les gens pour les jeter en prison », a-t-il soutenu. Puis, l’ancien Président de renchérir : « J’ai été président 10 ans, quel homme politique j’ai arrêté ? Et pourtant, ils m’insultent ».
Le disant, l’ex-chef de l’État fait croire qu’il n’a mis aucun acteur politique en prison durant toutes ces années où il était aux commandes de l’État. Il va même jusqu’à dire qu’il n’en a pas arrêté, encore moins en avoir traduit devant les tribunaux. Ces informations, on s’en doute, visaient à haranguer les foules. Elles n’en sont pas moins fallacieuses.
La longue liste des prisonniers politiques sous la Refondation
En effet, quand il était au pouvoir, Gbagbo a traduit son ministre et député Kobena Adjoumani devant les tribunaux, pour offense au chef de l’État et diffamation. L’accusant de l’avoir outragé, Gbagbo a instruit son ministre de la Justice d’alors, Désiré Tagro, d’actionner l’appareil judiciaire contre un ministre en fonction et qui plus est un député, sans même avoir engagé la procédure visant à lever son immunité parlementaire. Or, il soutient aujourd’hui qu’au lieu de poursuivre devant les tribunaux ou simplement d’incarcérer, il préfère répliquer aux insultes de son adversaire politique. « Tu m’insultes, je t’insulte et c’est tout », a-t-il lâché. La réalité était pourtant tout autre.
De fait, durant sa décennie de gestion du pouvoir, il a bien fait arrêter et jeter en prison, des adversaires politiques. Qu’il suffise de citer des cas connus de bien des observateurs de la vie politique ivoirienne. Qui ne se souvient pas du cas Jean-Jacques Béchio, alors conseiller politique et diplomatique du président du Rassemblement des Républicains (RDR), Alassane Ouattara ? Accusé de tentative de déstabilisation, il a été arrêté en février 2001 et incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). On se souvient également de l’arrestation sans ménagement, du fils de Henriette Dagri Diabaté, Jean-Philippe Kaboré, arrêté en même temps qu’Ali Kéïta, présenté en habit de dozo. Ils étaient à l’époque accusés de tentative de déstabilisation. C’était en décembre 2000. Ils sont passés eux aussi par la case MACA.
Un autre pensionnaire de la MACA sous Laurent Gbagbo : Dembelé Bazoumana dit Recteur. À l’époque, président national des Grins de Côte d’Ivoire et proche du RDR, il a été arrêté en octobre 2002 et écroué à la MACA. Des années plus tard, soit en juin 2008, c’est l’universitaire Ayé Ayé Alexandre et ex-membre fondateur du RDR, qui sera lui aussi, arrêté pour tentative de déstabilisation, avant d’être libéré après un séjour à la MACA. Ce sont là quelques exemples qui montrent bien que le RHDP et son président Alassane Ouattara n’ont pas de leçons à recevoir de Gbagbo sur la façon de traiter ses adversaires politiques.
Assane Niada