Le club Vert et Rouge est encore sous perfusion. Après l’échec cuisant de la saison dernière, les Oyés éprouvent beaucoup de mal à trouver leur marque en ce début de saison. 8e au classement après 4 journées, l’Africa cumule 5 points dans la poule A, avec un total d’une victoire, une défaite et deux nuls. Trop médiocre pour un club aussi légendaire. C’est clair, si ces chiffres reflètent le niveau actuel de ce mythique club ivoirien, ils sont assez loin de ses objectifs.
Après son élection en novembre 2021, le président, Kuyo Téa Narcisse, avait clamé haut et fort, que le club serait de retour en Ligue 1, la saison d’après. Résultats des courses : les Oyés ont été balayés par le Stade d’Abidjan, qui a su saisir ses chances pour finir champion de Ligue 2. Alors qu’on croyait les Verts et Rouges plus que jamais déterminés à assurer leur retour dans l’élite, dès l’entame de cette cuvée 2022-2023, les résultats peinent, eux, à être au rendez-vous. Les doutes et inquiétudes envahissent les cœurs des supporters. Ce qui pose logiquement la question : Kuyo Téa Narcisse a-t-il véritablement les solutions au plan sportif pour sortir l’Africa du gouffre ? La réponse se trouve dans les chiffres et le management de l’équipe.
Un cador à la traine en D2
En moins d’un an, l’Africa a vu se succéder, 4 entraîneurs à la tête de l’équipe. D’abord, le duo Comara Yacouba-Diaby Almamy, ensuite Alain Gouaméné, puis Alain Tosi, avant l’arrivée toute fraiche, de Hage Mohamed Ait-Hida. « Il faut une gestion très professionnelle de l’équipe. On vire Alain Gouaméné pour aller chercher un comédien. Ça répond à quoi ? Il arrive, il ne réussit pas la mission de la remontée. À peine le championnat reprend, on le chasse », regrette un spécialiste du football qui a souhaité garder l’anonymat.
« Noël Tosi est un grand entraîneur, mais l'objectif que je lui ai fixé en le recrutant, n'a pas été atteint », a confié Kuyo Téa Narcisse, avant de justifier le limogeage de celui-ci. « Après 4 journées, nous sommes à 3 points du leader, mon flair m'a dit qu'il faut changer d'entraîneur pour rebondir, je ne pouvais pas attendre la 10e journée pour réagir. Ça pouvait être tard, je souhaite qu'il réussisse ailleurs, mais moi, je veux être en ligue 1 », a-t-il argué. Selon l’analyse de plusieurs observateurs, ce changement régulier d’entraîneur, questionne un problème de stabilité au sein de l’équipe. Ce qui est très important pour l’épanouissement d’une équipe qui veut atteindre des objectifs. Il y a aussi la stabilité dans l’organisation même du club, qui est dénoncée, sans oublier le manque de terrain d’entraînement fixe, la régularité des primes, etc.
Des résultats sportifs inquiétants
« L’Africa est un label, j’ai mal quand je vois comment le club est trainé dans la boue. L’année dernière, le club était à deux doigts de la montée en Ligue 1. Mais, qu’est-ce qui n’a pas marché ? C’est tout simplement un problème d’organisation. Kuyo Téa a été joueur de l’Africa, il a travaillé à la Fédération française de football, il sait qu’il y a des choses avec lesquelles on ne rigole pas. Il faut respecter les joueurs, il faut qu’on leur verse des primes correctes et régulièrement. Nous entendons tout. Il faut que des conditions de travail optimales soient réunies pour les athlètes », exhorte notre interlocuteur. Et d’ajouter que : « pour gagner, il faut aussi créer une certaine stabilité au sein du club. L’Africa n’a pas de lieu d’entraînement fixe. Aujourd’hui, l’équipe est ici, demain c’est là-bas. Tout cela compte, dans le mental des joueurs. Je pense que c’est la politique sportive qui est le problème. L’Africa ne peut pas passer deux ans en D2, c’est un label national. Les dirigeants doivent tout mettre en œuvre pour remettre le club sur la bonne voie ». Éric Babou, ancien joueur et candidat déclaré à la dernière élection de l’Africa, se dit meurtri par les performances de son club de cœur.
« Ce début de saison n’est pas du tout fameux. Il y a beaucoup à dire sur ce qui se passe sur le terrain et en dehors », déplore-t-il. « Je prends beaucoup de notes depuis l’année dernière. À l’arrivée du président Kuyo Téa Narcisse, nous avons été très indulgents. Nous avons laissé beaucoup de choses se faire. Cette année encore, je regarde, je note. Mais, je suis convaincu d’une chose : l’Africa Sports ne doit pas, et ne peux pas faire plus de deux ans en Ligue 2. Nous sommes en début de championnat. Nous observons. Ceux qui sont là, feront ce qu’ils ont à faire, ils prendront leur responsabilité, mais notre seul souci, c’est que l’Africa monte en première division à l’issue de cette saison », tient-il à rappeler. Pour sa part, Zon Gaston Lahouille, responsable des supporters, estime que « Kuyo Téa a les solutions pour sortir l’Africa du gouffre. Il a été un grand joueur, donc il sait ce qu’il faut à l’équipe. L’Africa change de technicien parce que ça ne va pas. Le Barça, Chelsea, Manchester United, tous ces grands clubs changent d’entraîneur quand les résultats ne suivent pas. Je ne suis pas inquiet ni découragé par les résultats de l’Africa, mais ça m’affaiblit. Je pense qu’il ne faut pas mal juger les joueurs et les dirigeants. Ils font de leur mieux pour que les choses aillent pour le mieux ».
Manuel Zako
