Société

Santé environnemental – Le mercure dans l’orpaillage, un plan d’action nationale pour son éradication

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La Côte d’Ivoire prépare son document Projet (ProDoc) du programme FEM GOLD+ pour l’éradication du mercure dans l’exploitation minière à petite échelle
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La Côte d’Ivoire, signataire de la convention de Minamata sur le mercure veut éradiquer l’utilisation du mercure dans l’exploitation minière à petite échelle. Des acteurs de la société civile ainsi que l’Etat ivoirien élaborent des stratégies en vue de d’endiguer cette pratique nuisible. Assainir le milieu de l’extraction minière artisanale et à petite échelle, voici l’objectif que vise l’Etat.

L'extraction minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) de l'or est la plus grande source de rejets de mercure anthropique dans le monde.

Dans de nombreuses régions rurales pauvres à travers le monde, des hommes, des femmes et des enfants travaillent dans des mines d’or artisanales pour gagner leur vie. L’exploitation artisanale ou à petite échelle est une activité de l’économie informelle qui recourt à des techniques d’extraction rudimentaires nécessitant une main d’œuvre abondante. Selon les estimations, quelques 12% de la production mondiale d’or proviendrait des mines artisanales.

L'extraction minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) de l'or est la plus grande source de rejets de mercure anthropique dans le monde. Une fois dans l'environnement, le mercure peut être recyclé dans la haute troposphère, ce qui représente un risque pour l'écologie et la santé humaine bien loin du rejet initial. Environ 30 % des 838 tonnes d'émissions annuelles de mercure de l'EMAPE proviennent d'Afrique subsaharienne.

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De graves risques sur le plan de la santé en utilisant du mercure

Les conséquences néfastes de son usage tant sur la santé que l’environnement

Dans le processus d’extraction, les orpailleurs sont exposés au mercure, une substance extrêmement toxique, lorsqu’ils effectuent l’amalgamation du minerai aurifère et du mercure, brûlant ensuite l’amalgame pour récupérer l’or. Le mercure s’attaque au système nerveux central et se révèle particulièrement nocif. Les travailleurs risquent un empoisonnement au mercure, qui entraîne une série d’effets neurologiques, notamment des tremblements, des problèmes de coordination, des troubles de la vue, des maux de tête, des pertes de mémoire et des problèmes de concentration. Les effets toxiques du mercure ne se remarquent pas immédiatement mais se développent au fil du temps.

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La plupart des orpailleurs adultes et enfants n’ont pas conscience des graves risques qu’ils encourent sur le plan de la santé en utilisant du mercure.

« Les conséquences néfastes de son usage tant sur la santé que l’environnement ont fait l’objet de plusieurs évaluations approfondies conduisant ainsi à l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant pour réguler ce métal lourd. C’est alors qu’il a été mis sur pied le Comité de Négociation Intergouvernemental chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur le mercure dont les travaux ont abouti en janvier 2013 au texte de la Convention de Minamata sur le mercure.  L’objectif de cette Convention est de protéger l’environnement et la santé humaine contre les émissions et rejets anthropiques de mercure et des composés mercuriels » a révélé, lors d’un atelier tenu à Abidjan le mardi 26 juillet 2022, Kouadio Florent, vice-président du Centre Africain pour la Santé Environnementale (CASE).

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Un Plan d’Action National pour l’éradication

Face à ce constat, le Centre Africain pour la Santé Environnementale (CASE) en collaboration avec le ministère ivoirien de l’environnement et du développement durable, a élaboré un «Plan d’Action National pour l’Exploitation Minière Artisanale et à Petite Echelle de l’or » dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention de Minamata sur le Mercure en Côte d’Ivoire.

La Côte d’Ivoire a été jugée éligible au programme Gold+ du Fond Mondial pour l’Environnement (FEM)

Dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention de Minamata sur le mercure, le ministère de l'Environnement et du Développement durable a réalisé une Évaluation Initiale de Minamata (EIM) en 2018. L'EIM a estimé à environ 17,12 tonnes les rejets annuels de mercure dans l'air provenant de l'EMAPE en Côte d’Ivoire. Un Plan d'Action National (PAN) qui comprendra une cartographie de base des acteurs clés et des partenaires probables, y compris les ONG, les agences gouvernementales et les organisations internationales, est attendu.

Aussi, dans le processus de développement du Plan d'Action National, « la Côte d’Ivoire a été jugée éligible au programme Gold+ du Fond Mondial pour l’Environnement (FEM). Pour ce faire, elle a bénéficié d’un appui financier de PNUE en vue d’élaborer son document de Préparation au Programme Gold+ (PPG) dont le thème principal est "Opportunités mondiales pour le développement à long terme de l'EMAPE en Côte d'Ivoire" » révèle M. Kouadio de l’ONG CASE.

Ce projet, financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) à hauteur de 3,9 millions de dollar US soit un peu plus de 2,5 milliards FCFA.

Objectif : mobiliser les ressources

Ce projet, financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) à hauteur de 3,9 millions de dollar US soit un peu plus de 2,5 milliards FCFA, vise à développer un ensemble d’objectifs et de stratégies multisectoriels pour réduire et si possible, éliminer l’usage du mercure dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or.

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Un atelier avec des parties prenantes étatiques et non étatiques a donc été organisé à cet effet à Abidjan pour valider le document Projet (ProDoc) du programme FEM GOLD+ en Côte d’Ivoire et qui sera soumis au PNUE en présence du directeur de cabinet du ministre de l’Environnement et du Développement durable (MINEDD), Kouadio Parfait.

La mise en œuvre de ce projet ira d’août 2022 à fin 2026. Depuis l’adhésion de la Côte d’Ivoire au Fonds pour l’environnement mondial (FEM) en 1991, elle a bénéficié de plusieurs financements. Créé en 1991, le FEM est un organisme multilatéral qui accorde des aides financières aux pays en développement pour réaliser des projets ayant des retombées positives pour l’environnement mondial et favorisant des moyens de subsistances.  

Joël Dally

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