Politique

Dérives identitaires et tribalistes: Amadou Coulibaly et Rachel Gogoua recadrent Djédjé Mady et Stéphane Kipré

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Rachel Gogoua a dénoncé les propos incendiaires de Djédjé Mady et Stéphane Kipré. (Photo : DR)
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Au cours d’un meeting qu’ils ont tenu le samedi 19 août 2023 à Daloa, le professeur Alphonse Djédjé Mady et Stéphane Kipré ont versé dans des dérives langagières. En réaction, le ministre Amadou Coulibaly et Rachelle Gogoua, fille de la région, les ont sévèrement recadrés.

Cadre du parti de l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo, Stéphane Kipré a été le premier à emboucher cette rhétorique identitaire. « Je cherche le village du ministre Mamadou Touré dans le Haut-Sassandra en vain », a-t-il lâché. A sa suite, le professeur Alphonse Djédjé Mady, candidat du PDCI et président sortant du Conseil régional, s’y est mis lui aussi. « Si quelqu'un dit que le Haut-Sassandra est la terre de son père, ça ne peut faire mal qu’à celui dont ce n'est pas la terre du père. Que celui-là aussi montre la terre de son père », a-t-il asséné.  

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Suite à cette autre dérive des deux hérauts de la tristement célèbre idéologie de l’ivoirité, Amadou Coulibaly et Rachelle Gogoua leur ont donné une cinglante réplique. En meeting ce même jour à Boguedia, Rachelle Gogoua a déclaré être la mère du ministre Mamadou Touré. « Il semblerait que des gens cherchent le village de Mamadou Touré. Si moi qui me considère comme sa mère, je suis de Liga, de par moi, il est de Liga. De par moi, il est du canton Gbalo. Chez le Béthé, on dit qui m'a appelé maman que je n'ai pas appelé mon enfant. Qui m’a appelé papa que je n'ai appelé mon enfant. Je voudrais vous le rappeler. Nous sommes tous mélangés. Ceux qui racontent ces choses sont mariées aux personnes d'origine étrangère et ont fait des enfants avec ces femmes. Comment allons-nous appeler leurs enfants ? Arrêtez vos histoires de “il n'est pas d'ici”. C'est mon enfant. Si vous me reconnaissez comme fille d'ici, reconnaissez-le comme fils d'une fille d’ici », a décoché l'influente membre de la société civile ivoirienne.

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« Dans la vie, on dit que ce n'est pas toujours l'enfant que tu as mis au monde qui te donne à manger. Je suis obligée de rappeler cela car, bien qu'en tournée, nous avons entendu des choses graves, des choses graves pour l'unité de notre pays, des choses graves pour la cohésion. Aujourd'hui, il y a des gens qui étaient en meeting à Daloa. Ils n'ont rien trouvé de mieux à reprocher à votre fils Mamadou Touré que de dire qu'il cherche son village dans le Haut-Sassandra. De plus, un autre, malgré sa sagesse et son âge, estime qu'on doit voter pour lui, parce qu'il est fils d'ici. Les choses sont très simples : vous avez le choix entre élire quelqu'un qui prétend être votre fils alors qu'il n'a rien fait pour vous, qu'il ne peut rien faire pour vous, qu'il ne fera rien pour vous, et quelqu'un que vous avez adopté et qui vous apporte l'eau, les routes et le développement », a encore martelé Rachelle Gogoua.

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A la suite de cette figure bien connue de la vie associative en Côte d’Ivoire, le ministre de la Communication et de l’Economie numérique, Amadou Coulibaly, a égrené les réalisations de Mamadou Touré, au nombre desquelles la réfection de la route de Nahio jusqu'à la frontière de Guiberoua, la fourniture d'eau à Kradakozahio, et l'achèvement du centre de santé de Dagba. Il a dénoncé l'égoïsme de certains acteurs politiques et a mis en garde contre les propos dangereux tenus par ceux-ci.

Prenant à son tour la parole, Mamadou Touré a fait savoir que les actions de développement devaient être évaluées au-delà des questions politiques et qu'elles bénéficiaient à l'ensemble de la population. Il a également souligné qu'il était fier d'avoir été adopté par la région du Haut-Sassandra et qu'il agissait quotidiennement pour le bien-être des populations.

« Pendant qu'il cherche mon village, j'ai mis de l'eau dans son village et on ira inaugurer ensemble. Ce dont nos parents ont besoin, ce ne sont pas ces discours. Je suis fier d'avoir été adopté par cette région et par ces parents. Je suis fier d'être fils du Haut-Sassandra. Et je suis fier, aux côtés de tous ces hauts cadres autochtones comme allogènes, d'agir, depuis quelques années, au quotidien pour les populations. Lorsqu'on est vrai fils d'une localité, ce n'est pas dans la bouche qu'on le proclame, mais par les actions concrètes pour les populations. Donc, on ne va pas écouter ces discours. Nous allons avancer et je vous promets qu'à partir du 2 septembre 2023, ce sera le changement radical dans le Haut-Sassandra. Plus rien ne sera comme avant », a-t-il promis.

 

Olivier Yeo

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