Politique

Élections régionales du Haut-Sassandra : Paniqué, Djédjé Mady verse dans le tribalisme et la xénophobie

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La déception est grande après la grave sortie de route de professeur Djédjé Mady. (Photo : DR)
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Réputée pour son brassage socio-culturel et son hospitalité, la région du Haut-Sassandra est actuellement secouée par des déclarations controversées. Paniqué de la victoire du ministre Mamadou Touré, candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) à l’élection régionale du 02 septembre 2023, dans le Haut-Sassandra, professeur Djédjé Mady, candidat de la coalition PDCI-RDA/PPA-CI offense et insulte une partie de ses compatriotes.

Les dérives, lors des campagnes électorales, ne sont malheureusement pas rares, et Djédjé Mady semble avoir cédé à cette tentation du repli identitaire. En l'absence de propositions concrètes pour le développement de la région, l’actuel président du Conseil régional a choisi de pointer du doigt, les électeurs non autochtones, créant ainsi des clivages dangereux.

 

Ses propos dangereux à Vavoua

Autrefois, apôtre de la paix, l'ancien président de l'ex-Mouvement des élèves étudiants de Côte d'Ivoire (MEECI), a sombré dans le tribalisme et la xénophobie, empruntant de fait, le chemin ouvert par son petit-fils Stéphane Kipré, du PPA-CI.

En meeting à Vavoua, le samedi 29 juillet 2023, professeur Djédjé Mady, connu pour sa modération et son appel à la tolérance, a décidé d'embrasser le discours tribaliste, au grand dam des populations locales. « Fils autochtones du Haut-Sassandra, nous devons nous mettre ensemble pour protéger nos terres. Le président Henri Konan Bédié et le président Laurent Gbagbo se sont concertés pour réunir les enfants de ce pays. Le président Laurent Gbagbo espère que notre union va sauver notre région des mains des prédateurs », a-t-il déclaré depuis Vavoua, non sans susciter la colère et le dégoût des populations autochtones et allogènes de la cité des antilopes.

En tant que disciple du président Félix Houphouët-Boigny, connu pour son attachement à la paix et à la tolérance, Djédjé Mady déçoit profondément. Son engagement passé au sein du MEECI, ainsi que son rôle en tant qu'ex-Secrétaire général du PDCI-RDA, semblent aujourd'hui relégués au second plan. En aspirant à rempiler au poste de président du Conseil régional après 10 ans d’échec à la tête de l’institution, il semble avoir perdu de vue, l'importance du rassemblement et de la promotion de la cohésion sociale pour le développement de la région.

Pire, des rumeurs circulent selon lesquelles Djédjé Mady serait manipulé par son petit-fils, Stéphane Kipré, membre du PPA-CI, parti associé à cette rhétorique tribaliste. Cette situation inquiète les citoyens conscients des conséquences désastreuses du tribalisme sur la stabilité de la région.

Face à ce virage regrettable, certains militants du PDCI-RDA, ainsi que d'autres personnalités respectées, appellent Djédjé Mady à renouer avec ses valeurs d'antan et à abandonner ce discours dangereux. Ils espèrent qu'il retrouvera son rôle de rassembleur et qu'il présentera un programme chiffré, démontrant ainsi sa connaissance des réalités de la région et des besoins de ses habitants.

 

La colère des populations

La déception est grande pour ceux qui croyaient en Djédjé Mady, en tant qu'homme affable et modéré. La région du Haut-Sassandra, emblème d'unité et de cohabitation pacifique, mérite un discours politique à la hauteur de ses valeurs, loin de tout tribalisme et de toute xénophobie. La question demeure désormais de savoir si le candidat saura réorienter sa campagne vers un discours inclusif, propice au développement de la région dans la paix et l'harmonie sociale.

« Le repli identitaire refait surface lorsqu'on n’a rien à proposer aux populations. Il n'a rien compris. Avec cette rhétorique, il ne peut pas gagner les élections dans le Haut-Sassandra face au ministre Mamadou Touré, candidat du RHDP. Car, dans cette région dont je suis originaire, qu'il le veuille ou non, les électeurs non autochtones sont majoritaires. Il gagnerait donc à avoir un discours de rassemblement pour la promotion de la cohésion sociale et de la paix. Heureusement que la quasi-majorité des autochtones militent aujourd'hui pour le développement de la région dans la paix et la cohabitation pacifique », commente un fils de la région. Quand un autre, visiblement agacé par l’attitude du vieux politicien, enfonce le clou.

« Quand un homme politique s’attaque aux hommes, aux adversaires au lieu d’exposer son projet, un programme chiffré, montrant sa connaissance des réalités de la région et des hommes, il est faible », a déclaré cet autre cadre influent de la région.

 

Les chefs traditionnels de Vavoua boycottent son meeting

Ces propos du candidat de la coalition PDCI/PPA-CI suscite de vives réactions au sein des populations, qui ont choisi de ne plus soutenir ses meetings. Le rassemblement politique organisé à Vavoua le week-end dernier, a été marqué par l'absence notable des chefs traditionnels de la localité. Programmé initialement à 10h, le samedi 29 juillet 2023, le meeting a finalement débuté à 15h, sans la présence des représentants traditionnels du département. La décision des chefs traditionnels de boycotter cet événement politique découle des déclarations du candidat, jugées tribalistes et xénophobes. Ces propos ont été mal perçus par les populations locales qui ont choisi de ne plus soutenir ses rassemblements. En raison du contenu des discours de Djédjé Mady, les chefs de communautés, notamment ceux du Nord, ont ressenti une particulière stigmatisation et se sont également abstenus de participer au meeting.

Un chef traditionnel contacté par téléphone, a exprimé leur refus d'être associés à des messages de haine qui vont à l'encontre de la cohésion sociale. Il a souligné que leurs enfants sont impliqués dans différents partis politiques et que les déclarations de Djédjé Mady nuisent à l'unité et à la paix dans la région.

L'événement politique s'est donc déroulé sans la présence des chefs traditionnels, mais également en l'absence de certains représentants de la communauté du Nord, qui se sont sentis directement visés par les propos controversés du candidat.

Cette situation met en évidence, l'importance du respect de la diversité culturelle et de l'unité nationale dans le contexte politique. Les déclarations provocatrices peuvent compromettre la stabilité sociale et la réconciliation entre les différentes communautés. Dans cette optique, il devient primordial pour les acteurs politiques de promouvoir le dialogue constructif et de rejeter tout discours incitant à la division et à la discrimination.

 

 

Olivier Yeo

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