Politique

Busines, mairie de Yopougon, 2025, gestion de l’Assemblée nationale….Adama Bictogo fait le grand déballage

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Après son plébiscite par tous les partis politiques présents à l’Assemblée nationale, Adama Bictogo croit réellement en ses chances pour conquérir la mairie de Yopougon. (Photo : DR)
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En prélude à L’Africa CEO Forum qui s’ouvre ce matin à Abidjan, Adama Bictogo, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et candidat du RHDP à la marie de Yopougon aux élections locales du 2 septembre 2023, a accordé une interview à la radio française RFI. Au cours de cet entretien, Adama Bictogo a tout dit presque sur ses ambitions pour la conquête de la plus grande commune du pays, la présidentielle de 2025, sa gestion de l’Assemblée nationale et ses affaires.

De votre parcours éclectique, quel exemple représente le mieux votre double casquette économique et politique ?

Sans doute le passeport ivoirien. En 2007, je ne m’y connais pas en biométrie. Évidemment, j’ai l’information et comme le monde des affaires est dicté par l’information, cette information commande l’action. Je me propose donc pour participer à une consultation restreinte organisée par les ministres de l’Intérieur et de l’Économie et des Finances de l’époque. En 48 heures, avec ZETES [une entreprise belge spécialisée dans les nouvelles technologies], nous montons un dossier. De cela, il faut retenir le choix de la plateforme : pouvoir faire les passeports en payant en ligne est une innovation purement ivoirienne. Aujourd’hui, le passeport ivoirien est le 4e au monde au niveau des délais d’obtention : il est possible de disposer d’un passeport en 24 heures ! Que l’Afrique soit fière de ceux qui réussissent : sur le modèle du passeport, la Côte d’Ivoire est une réussite. Cette spécificité a montré que les compétences ivoiriennes pouvaient porter certains projets de très haut niveau.

En quoi vos compétences et cette expérience d’homme d’affaires vous servent-elles dans l’exercice de la politique ?

En politique, je suis un homme du compromis. Mon élection à l’Assemblée nationale s’est faite sur cette base, et c’est pour cela que j’ai été élu à 98 %. Je suis un homme de dialogue, je crois en l’écoute et je sais que dans le monde du business, nous n’ouvrons pas tous les fronts à la fois. Autant en politique, nous devons défendre les intérêts d’une chapelle à laquelle nous appartenons ; autant dans le monde du business, nous faisons face à une obligation de résultat. Celle-ci vous pousse à composer avec tous ceux qui peuvent participer à l’atteinte de vos objectifs, qui apportent une valeur ajoutée à votre démarche. À la différence du monde des affaires, où vous êtes le maître de votre jeu et où il vous revient de définir la démarche à suivre pour d’atteindre l’objectif, il existe en politique des lourdeurs et d’autres composantes qui parfois s’imposent à vous.

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Dans un discours à la nation, Alassane Ouattara a brossé les traits d’un avenir économique prospère pour la Côte d’Ivoire et pointé le rôle du secteur privé…

La Côte d’Ivoire fait aujourd’hui face à un risque de surendettement modéré, avec un taux de d’endettement très en dessous de celui fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui est de 70 % quand nous sommes à 56 %. Du point de vue macroéconomique, l’encadrement est donc bien fait. Maintenant, il faut que le secteur privé intervienne plus pour investir et créer des emplois. Pour créer des emplois, il faut que près de 75 % des investissements viennent du privé.

Depuis 2012, le PIB ivoirien a augmenté de 7,4 % en moyenne, une croissance qui est exemplaire donc pour les pays de de la zone UEMOA. Et pourtant, votre pays a eu recours dernièrement à un prêt du Fonds monétaire international (FMI) de 3,5 milliards de dollars. Était-il impossible, selon vous, de faire autrement ?

« Ma candidature à Yopougon obéit au principe de la citoyenneté »

La banque ne prête qu’aux riches ! C’est la qualité de notre économie qui a fondé l’octroi de ce prêt.

Le FMI prête aussi à des pays qui ont moins bien réussi…

Il s’agit là de plans de sauvetage, qu’il faut donc dissocier. Nous sortons d’une situation inflationniste, des conséquences du Covid en 2020, 2021 et 2022. La Côte d’Ivoire n’a pas bénéficié de soutien en 2020, parce que le Fonds considérait notre croissance, qui était à l’époque pratiquement de 2 %. Nous avons dû subventionner au niveau de l’énergie, accompagner certaines sociétés… Le prêt du FMI est historique, jamais un pays africain n’a bénéficié d’un tel montant. Et il est assorti de certaines conditions qui montrent la bonne santé financière de la Côte d’Ivoire.

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Vous êtes candidat aux prochaines élections municipales à Yopougon, qui doivent se tenir le 2 septembre. Vous aurez en particulier comme adversaire Michel Gbagbo, qui a déclaré dernièrement qu’il fallait « complètement rebâtir la circonscription ». Partagez-vous son point de vue ?

Dès que j’ai été désigné en novembre 2022, j’ai tout de suite parcouru Yopougon. Mes différentes visites ont fini d’achever la vision que j’en avais. C’est une commune très communautariste, qui traduit l’expression plurielle de la Côte d’Ivoire. Il y a effectivement de vrais problèmes là-bas : d’acheminement d’eau, de voirie, de couverture d’énergie, mais ce sont des problèmes qui sont survenus du fait d’un déficit de plan d’urbanisation.

Vous êtes député d'Agboville, une zone très éloignée d’Abidjan. Assumez-vous votre position de « parachuté » ?

Je me sens bien partout en Côte d’Ivoire. Justement, ma candidature à Yopougon obéit au principe de la citoyenneté. Il faut que chaque Ivoirien puisse servir la Côte d’Ivoire où qu’il se trouve. J’aime mon pays, j’aime passionnément tous les Ivoiriens et Ivoiriennes, et partout où je pense que cette passion doit se traduire par la promotion de l’emploi des jeunes, l’autonomisation des femmes, la réduction de la pauvreté, la mise en œuvre des politiques de santé, d’assainissement, d’eau, je serai présent. Que vous me mettiez à Yopougon, Abobo, Koumassi, Korhogo, Bouaké, Man… Je serai présent, avec toujours le sentiment d’appartenance pour lequel je suis candidat.

Vous avez été choisi le 7 juin 2022 par le chef de l’État pour présider l’Assemblée nationale. Comment jugez-vous le travail parlementaire ?

Je suis reconnaissant au président Alassane Ouattara de m’avoir désigné, mais en même temps, je salue et remercie le président Henri Konan Bédié et le président Laurent Gbagbo, qui ont permis à leurs différents groupes parlementaires de voter pour moi, et ceci a été et historique. La politique de concertation et d’écoute que j’ai instaurée à l’Assemblée a permis d’arriver à ce que nous soyons à présent une famille parlementaire, au-delà des clivages présents à mon arrivée. Notre pays a besoin que nous puissions dépasser tous les événements que nous avons vécus, que les générations à venir puissent bénéficier de notre expérience mais surtout d’une stabilité plus forte.

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Pensez-vous que cet « apaisement » pourra être conservé jusqu’à l’échéance de 2025 ?

Nous en sommes aux élections locales, qui interviennent à mi-mandat du président Ouattara. C’est la première fois depuis 20 ans que les trois plus grandes sensibilités politiques prendront part aux élections locales. Pour l’heure, nous avons le RHDP, le PDCI [Parti démocratique de Côte d’Ivoire] et le PPA-CI [Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire] ou le PDCI-PPA-CI dans un moule, pour l’heure, nous n’en savons rien. En tout état de cause, à l’issue des résultats le 2 septembre, une nouvelle cartographie politique en Côte d’Ivoire aura été dessinée, et elle permettra de définir aussi bien les échéances immédiates que celles lointaines. Au RHDP, nous avons très vite fait de désigner nos candidats et de mettre dans la balance ceux que nous pensons les meilleurs, parce que nous voulons gagner ces élections, et ce, partout. De telle sorte que notre victoire soit une approbation de la politique menée par le président Ouattara depuis 12 ans.

« Le président de la République, que je connais depuis plus de trente ans a toujours été le catalyseur de mes ambitions »

  

Pour préparer le terrain pour 2025, vous voulez dire ?

Le sujet n’est, chez nous, pas à l’ordre du jour. Notre parti est organisé et a un président, qui est aussi celui de la République. Le président de la République, que je connais depuis plus de trente ans, est ma boussole – il l’a toujours été – et le catalyseur de mes ambitions. Je suis constant dans cette vision.

À titre personnel, vous ne faîtes donc pas preuve d’ambition nationale dans l’immédiat ?

Je suis président à l’Assemblée nationale jusqu’à la fin du mandat du parti au pouvoir, j’ai donc encore 2 ans et demi pour terminer ma mission. Le président a considéré que j’étais la personne la mieux indiquée pour être candidat à Yopougon. Je gagnerai donc à Yopougon et je reviendrai prendre ma nouvelle feuille de route après les élections locales auprès du président du parti. Voilà comment cela fonctionne. Et voilà comment je fonctionne.

Au cœur de l’actualité internationale, et notamment régionale, on retrouve le Sénégal, qui vit une situation de troubles depuis la condamnation d’Ousmane Sonko. Que cela vous inspire-t-il en tant que grand voisin du pays de la Teranga ?

Tous les Ivoiriens, tous les Africains suivent en ce moment ce qu’il se passe au Sénégal. Je suis moi-même un peu attristé par ces quelques violences. Je veux croire à ce sens élevé de l’État, à la maturité politique des Sénégalais, pour arriver à une solution d’apaisement. Il faut absolument que nous y arrivions, parce que le Sénégal, pendant des décennies, est apparu sur la scène internationale africaine comme le meilleur élève, avec la mise en œuvre de la démocratie. C’est important, pas juste pour la Côte d’Ivoire mais aussi pour la sous-région. La Côte d’Ivoire et le Sénégal représentent à eux seuls 60 % des flux financiers et de la masse monétaire. Si le Sénégal est touché par des troubles, la sous-région en souffrira naturellement.

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D’autres troubles traversent la région comme la menace terroriste, à relier d’ailleurs aux questions d’économie et de pauvreté. Vous avez récemment rencontré votre homologue burkinabè, qui dit avoir de fortes attentes vis-à-vis de la Côte d’Ivoire. Comment votre pays peut-il aider son voisin ?

Il faut une collaboration franche entre nos états-majors de l’armée et entre les différents renseignements afin de maîtriser les mobilités et les migrations. La situation au Burkina Faso est plus que préoccupante quand on sait combien de Burkinabè vivent en Côte d’Ivoire. Les relations historiques et culturelles qui lient les deux pays sont fortes et entremêlées. Yamoussoukro n’a pas le choix que d’accompagner Ouagadougou dans la recherche de solutions, mais pour cela il faut que nous soyons aidés aussi par les autorités burkinabè. Pour lutter contre l’insécurité, le Burkina a besoin d’être accompagné par tous, mais dans le même temps, il faut qu’il y ait une visibilité dans l’action. Cette visibilité passe par la recherche de la normalité à venir. Nous faisons face à un régime d’exception, or un régime d’exception ne peut pas bénéficier de l’accompagnement international.

 

La secrétaire d’État française au Développement, Chrysoula Zacharopoulou, s’est rendue en Côte d’Ivoire au début de mai pour inaugurer une académie internationale de lutte contre le terrorisme. Paris a besoin de soutien en ce moment dans la sous-région, êtes-vous prêt à l’aider ?

Le partenariat que nous avec la France est un partenariat comme tous les partenariats. Il y a des moments où il faut le revisiter. Cela étant, pour nous, la France reste le premier partenaire. Je l’ai dit à mon homologue président de l’Assemblée du Burkina :  vous pouvez réfléchir à revisiter vos conventions en relation avec la France, mais ne pensez pas que changer de partenaire règle forcément le problème.

 

Source : SERCOM PAN

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