A la tribune des Nations unies, samedi 24 septembre 2022, le haut-parleur de la junte militaire malienne a cru bon de se prononcer sur les troisièmes mandats, allusion faite au président de la République ivoirien, Alassane Ouattara. Et ses arguments sont apparus comme un cheveu sur la soupe, tant ils juraient avec le contexte de son intervention. Le Premier ministre de la transition pensait pouvoir faire diversion, en détournant la tribune des Nations-Unies sur les véritables problèmes auxquels sont confrontés les Maliens, à savoir, le déni de démocratie, l’insécurité galopante, la définition d’un chronogramme clair pour l’organisation d’élection présidentielle…. En essayant de s’en prendre au président Ouattara, la junte malienne a fait un tir à blanc.
En effet, Alassane Ouattara a bel et bien été réélu au suffrage universel avec un taux de participation de 53%. La nouvelle constitution ivoirienne a été votée, fin octobre 2016, à plus de 93%. Les Ivoiriens ont donc tranché ce débat et pris leur destin en main.
Qu’en est-il du Mali ?
Mardi 18 août 2020, profitant d’une insurrection populaire organisée par le Mouvement du 5 juin (M5), les militaires venus de Kati se sont emparés du pouvoir. Et depuis lors, les imposteurs en treillis refusent d’organiser les élections, sous le prétexte d’assainir la vie politique malienne. Depuis deux ans, avec un coup d’Etat dans un coup d’Etat, Assimi Goïta et ses camarades sont les maîtres de Bamako. Le pays, placé sous coupe-réglé, voit installer, insidieusement, une dictature militaire. Opposants emprisonnés, disparitions de contestataires, enlèvement, meurtres, sont le quotidien des populations, qui déchantent aujourd’hui. Pour faire passer la pilule de la dictature, les putschistes de Kati se drapent du manteau du panafricanisme. Une recette qui fait, hélas, flores sous nos tropiques, surtout quand il s’agit pour des dictateurs de se visser au pouvoir et de faire perdurer la souffrance de leurs peuples. C’est tout naturellement que la situation sécuritaire, depuis l’usurpation du pouvoir au Mali, s’est considérablement dégradée. La dernière attaque en date des terroristes a eu lieu au camp militaire de Kati, siège du pouvoir des putschistes, comme pour démontrer leur incapacité à sécuriser le Mali.
Comment protéger les populations si l’on est incapable de se protéger soi-même. Le dire et inviter Assimi Goïta et ses colonels à organiser au plus vite des élections, c’est se soucier de la vie des millions de Maliens qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Eluder les questions d’organisation des élections démocratiques au plus vite et se vautrer dans les discours populistes ne procurent pas de légitimité. A la limite, l’attitude des putschistes est symptomatique des régimes vermoulus qui tentent de s’accrocher à tout, même à un mirage, voyant le naufrage pointer à l’horizon.
Yacouba DOUMBIA