L’ancien président Laurent Gbagbo vient d’entreprendre une visite dans votre région. Avant le début de cette visite, beaucoup de choses ont été dites et entendues. Des cadres du RHDP ont été accusés d’avoir instrumentalisé des jeunes afin de s’opposer à cette visite. Finalement, elle a eu lieu. En tant que fils et cadre de la région, que pouvez-vous dire sur ce débat qui a prévalu avant la visite de M. Laurent Gbagbo dans votre région ?
Merci de me donner l’opportunité de donner des éclairages sur l’atmosphère qui a prévalu avant, pendant et après la visite de l’ex-président de la République, Monsieur Laurent Gbagbo dans notre région. Comme Laurent Gbagbo l’a dit lui-même, il a été invité par les militants de son parti. C’est tout à fait normal, parce que c’est un fils de la Côte d’Ivoire. Cependant, la logique aurait voulu que les organisateurs se rapprochent de tous les cadres de toutes tendances confondues, notamment, les cadres du RHDP qui sont au pouvoir. Il y a un Premier ministre dans la région de La Mé. Vous comprenez avec moi, que pour une telle visite d’un ex-Chef de l’État dans la région d’un Premier ministre de la République de Côte d’Ivoire, il est tout à fait normal que les organisateurs aillent informer le Premier ministre qui est de cette région. Malheureusement, aucune démarche n’a été faite auprès du Premier ministre pour l’informer, au moins de la visite de l’ex-Chef de l’État dans sa région.
C’est donc sur les réseaux sociaux que l’on apprend que Laurent Gbagbo effectue une visite et qui l’annonce ? C’est l’ancien ministre Emmanuel Léon Monnet qui le fait avec un air désinvolte et qui tend à jeter le discrédit sur les cadres du RHDP. Évidemment, tous ceux qui ont entendu ce message de l’ancien ministre Emmanuel Léon Monnet, dans lequel il indique clairement que tous les députés de la région n’ont pas gagné les élections et que c’est la fraude qui a gagné les élections dans la région de La Mé, ont été déçus de lui. Il a même cité nommément le Premier ministre Achi Patrick. Or, sur les sept députés de la région, il y a un député qui sort des rangs du PPA-CI. Si tel est qu’on était animé par la volonté de frauder, on aurait fraudé dans toutes les sept localités. Mais si le PPA-CI a eu un siège, c’est ce qui reflète vraiment la réalité du terrain. Deuxièmement, Emmanuel Monnet cite le stade municipal d’Adzopé et il ose dire qu’il ne veut même pas dire le nom, parce que le stade a été baptisé Stade Alassane Ouattara. Et ça, c’est une atteinte à l’honorabilité d’un Chef d’État dont le nom a été donné à un stade qui est à Adzopé. Mais Adzopé n’est pas sa propriété privée. Les fils d’Adzopé ne sont pas la propriété de Laurent Gbagbo. Il a certes, été adoubé par la population à un certain moment, mais ça ne veut pas dire que c’est sa propriété privée, surtout que les choses ont drastiquement changé aujourd’hui.
Les jeunes de toutes les tendances confondues, y compris ceux qui étaient hier au FPI, qui reconnaissent que le Premier ministre Patrick Achi fait beaucoup pour la jeunesse et la région, n’ont pas voulu accepter cette désinvolture. Voilà le sens de leur colère. Ce n’est pas exact de dire que c’est pour empêcher Laurent Gbagbo de venir à Adzopé ou qu’ils ont été instrumentalisés par qui que ce soit. Laurent Gbagbo peut aller partout sur toute l’étendue du territoire de la Côte d’Ivoire, y compris la région de La Mé. Il peut aller raconter ce qu’il veut. Mais en réalité, ce qui a fâché les jeunes, ce sont les propos d’Emmanuel Léon Monnet.
Voulez-vous dire que ce sont les propos du ministre Emmanuel Léon Monnet qui ont mis le feu aux poudres ?
Oui, ce sont les propos d’Emmanuel Léon Monnet qui ont mis le feu aux poudres. C’est de la provocation pure et simple. Si ton patron vient chez toi, est-ce que tu as besoin d’insulter un autre qui n’est pas avec toi pour donner du succès à l’arrivée de ton patron ? Non, tu n’as pas à proférer des menaces ou des injures à l’arrivée de ton patron au Premier ministre de la République de Côte d’Ivoire, qui de surcroît, est de ta région. Ce sont les jeunes qui se sont soulevés contre cette désinvolture.
Il n’y a eu aucune instrumentalisation. Il se sont levés d’eux-mêmes. Et contrairement à ce qui se raconte dans certains milieux, ce sont les cadres du RHDP qui leur ont demandé de se calmer.
Lors de son meeting au stade Alassane Ouattara d’Adzopé, Laurent Gbagbo a dit clairement que les cadres du RHDP se sont opposés à sa venue dans la région de La Mé. En tant que membre du gouvernement, fils et cadre de la région, est-ce que vous vous êtes senti concerné dans ces accusations de l’ancien président ?
Non, pas du tout ! Laurent Gbagbo s’est basé sur ce que ses partisans qui sont en perte de vitesse, lui ont dit. Ceux-ci n’arrivent plus à mobiliser sur le terrain. Pour se donner bonne confiance, ils disent des choses au président Laurent Gbagbo pour le contenter. Sinon, il n’en est rien. Personne n’a empêché Laurent Gbagbo de faire quoi que ce soit. Dans cette région, nous ne voulons plus de débats inutiles. Nous voulons la paix et la quiétude pour que le Président de la République dans son élan, puisse apporter le développement à ses populations.
"Les Attié ont donné le pouvoir à Gbagbo, qu'ont-ils reçu en retour ?"
Vous soutenez que les cadres du PPA-CI sont en perte de vitesse et tiennent ces propos pour se donner bonne confiance devant le président Laurent Gbagbo. Il se trouve que votre région est un ancien bastion du FPI devenu aujourd’hui PPA-CI. Malgré toutes ces réalisations du régime RHDP, pensez-vous que les lignes politiques ont vraiment bougé dans votre région ?
Oui. Je ne le cache pas, moi-même, je suis un ancien du FPI. Vous pouvez épouser des idées à un moment donné et puis savoir faire la différence. Cette différence, j’ai su la faire. Je me suis dit à un moment donné que ce pourquoi j’ai milité au FPI, ce n’est plus la même ligne. Depuis que je suis rentré au RHDP, j’ai assumé des responsabilités. J’ai été élu délégué départemental du RHDP dans le département d’Akoupé. J’ai été le maître d’œuvre de tous les comités de base et sections qui ont été installés à Akoupé. J’estime que c’est avec le RHDP que le développement peut arriver chez nous.
Pensez-vous que les actions de développement dont vous avez parlé sont suffisantes pour induire des changements dans les postures politiques de vos parents, quand on connaît la configuration politique historique du pays Attié ?
Quand on fait la politique, c’est pour le bien-être de nos parents. Vous ne pouvez pas faire la politique et puis vos parents souffrent ! Quand le président de la République, Alassane Ouattara, est arrivé au pouvoir et malgré tout ce que les gens disaient sur lui, il ne s’est pas empêché d’apporter le développement à cette région qui était encore le bastion de l’ex-FPI. Quand vous allez à Adzopé aujourd’hui, vous êtes émerveillé parce qu’il y a le bitume partout. Adzopé existe depuis longtemps, mais c’est au temps du président Alassane Ouattara qu’Adzopé a pu avoir un CHR. Il y a des CHR dans pratiquement toutes les régions du pays, pourquoi les Attié n’en ont jamais bénéficié ? Le président Laurent Gbagbo a dirigé le pays, les Attié lui ont tout donné, ils lui ont donné le pouvoir.
Mais en retour, qu’est-ce qu’ils ont reçu ? Donnez-moi le nom d’une seule infrastructure qui a été faite à Adzopé, à Akoupé, à Alépé et à Yakassé-Attobrou. Mais aujourd’hui, quand on parle de la route de Yakassé-Attobrou, du CHR d’Adzopé, on parle entre autres du bitumage et des collèges de proximité, on sent que le développement est arrivé dans la région de La Mé. Quand on parle de tout ça, on se souviendra d’Alassane Ouattara pendant longtemps, parce que c’est lui qui a posé quelque chose de tangible dans la région de La Mé. Toutes ces réalisations sont des actes que mes parents savent apprécier. Peut-être que le processus a été un peu lent, mais aujourd’hui, les Attié, à l’unanimité, savent apprécier le vrai de ce qui ne l’est pas.
Voulez-vous dire qu’Adzopé a tourné la page Gbagbo ?
Ah oui, et c’est une évidence ! Adzopé a tourné la page Gbagbo et vous allez le voir pendant les élections de 2023 qui viendront confirmer ce que je suis en train dire.
"La Mé se souviendra d'Alassane Ouattara"
Vous avez été cadre du FPI. Aujourd’hui, vous avez décidé de vous engager aux côtés de votre aîné Patrick Achi pour le développement de la Côte d’Ivoire. Est-ce que vos parents qui étaient avec au FPI, vous ont suivis dans cette nouvelle posture ?
S’ils ne m’avaient pas suivi dans ma posture, je n’aurais pas gagné aux élections, parce que je suis allé en candidat RHDP. Je n’y suis pas parti en indépendant. Il y a donc ma personne, mais j’incarnais un parti politique qui est le RHDP dont j’avais le soutien. S’ils n’étaient pas contents de ma nouvelle posture, ils allaient me sanctionner dans les urnes, sachant que je suis un candidat du RHDP. Si telle est que la zone est le bastion du PPA-CI qui était EDS au moment des élections, ils m’auraient battu. Tous ceux qui étaient témoins pendant les élections dans nos zones, peuvent attester que ces élections se sont passées dans toute la transparence possible. Est-ce qu’il y a eu contestation lorsque les résultats d’Affery ont été annoncés où le candidat d’EDS a gagné ? Les résultats ont été acceptés par les candidats RHDP.
Après cette visite de l’ancien président dans votre région où beaucoup de choses ont été dites aux populations, vous, en tant que membre du gouvernement, en tant qu’élu et fils de la région, quel message pouvez-vous lancer à vos parents ?
Je demande aux parents d’être lucides. Le peuple Attié, à mon avis, est devenu aujourd’hui très lucide. Ces populations savent faire la part des choses et donc je les exhorte à aller dans ce sens, parce que pendant plusieurs années, les Attié se sont battus pour porter des personnes au pouvoir. Ce n’est pas parce que ces personnes au pouvoir ne pouvaient pas faire quelque chose pour eux parce qu’ils avaient la possibilité de le faire, ils avaient le pouvoir nécessaire et les moyens pour apporter ce qui se fait actuellement en termes de développement. S’ils ne l’ont pas fait, il faut que nos parents comprennent que ce n’était pas le vrai amour. Les parents avaient le vrai amour pour quelqu’un, mais cette personne n’avait pas le vrai amour pour eux, parce que quand on aime quelqu’un, on compatit à ses douleurs et on lui donne le nécessaire dont il a besoin, surtout quand on en a la possibilité et les moyens.
En tant que cadre de la région, ministre et membre du Gouvernement, je lance un appel à mes parents pour qu’ils sachent que le vrai débat qui doit être mené actuellement dans nos régions, c’est le débat du développement. Ils ont en face d’eux une entité qu’est le RHDP qui a la culture du bonheur et qui a la capacité aujourd’hui de l’apporter. Aujourd’hui, votre frère et fils, Patrick Achi le fait sans calcul et il a un parti qui est le RHDP. Aujourd’hui, si vous menez des investigations dans nos zones, vous verrez qu’il y a des adhésions massives qu’on nous envoie pratiquement tous les week-ends. Des personnes qui, hier, étaient au FPI et qui sont passés au PPA-CI, nous ont rejoint au RHDP. S’il y a des adhésions massives, cela veut dire que quelque part, ils se sont rendus compte de la réalité. Certains de ceux qui rejoignent expriment clairement qu’ils se sont trompés parce qu’ils ont mené un combat qui ne leur apporte pas le bonheur nécessaire et ils savent apprécier le vrai de l’ivraie.
Interview réalisée par Kra Bernard