Dans un contexte holistique de mutations géopolitiques complexes, caractérisé par de multiples transitions au plan national, la Côte d’Ivoire a choisi de renforcer davantage l’une des fonctions stratégiques axées sur l’anticipation. Elle s’est dotée en 2013 d’un Institut d’études stratégiques et de défense (IESD) à vocation sous-régionale, de la volonté du président de la République, Alassane Ouattara, qui, dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, a bien voulu doter la Côte d’Ivoire d’un outil de réflexion stratégique. Il se veut être pour le pays un cadre d’analyse et de renforcement des capacités des hauts responsables de l’administration, du secteur privé et des forces armées en matière de réflexion stratégique, construction d’un esprit de défense et d’échanges d’expérience sur les grandes thématiques nationales et internationales. Cet Institut entre dans le cadre de la Réforme du secteur de la sécurité (RSS) et se présente comme un organisme de formation, de recherches et de publication au service des décideurs et des gouvernants. Il se veut par ailleurs, un cadre de rapprochement entre civils et militaires. C’est donc cet instrument qui a pour activité majeure la session internationale de réflexion stratégique (SIRS) dont la cérémonie d’ouverture a eu lieu en présence de Jean-Paul MALAN, directeur de cabinet du ministère d’Etat, ministère de la défense, représentant le Ministre d’Etat Téné Birahima OUATTARA.
« Nous savons que les TICs constituent une opportunité pour le développement d’un pays. Mais quand ils sont incontrôlés, ils donnent naissance à une nouvelle forme de criminalité qui touche tous les secteurs. De la simple perturbation de ces outils aux attaques de système de gestion de l’Etat, l’impact de ces attaques peuvent avoir des conséquences graves sur l’ensemble de la société et la vie de la nation. En effet, une cyber attaque sur des sites stratégiques de distribution d’eau, d’électricité, de réseau de transport et de communication, le système bancaire peut paralyser un pays (…) C’est dire que notre posture de sécurité doit s’adapter au fur et à mesure que les menaces apparaissent et se développent. Nous devons être à l’attaque pas seulement dans la défensive », confie le directeur de cabinet Jean-Paul MALAN.
La technologie un allié pour le développement des armées
La croissance de plus en plus importante des technologies de l’information et de la communication a fortement impactée les opérations militaires et de sécurité ces dernières années. L’usage des TIC a favorisé le développement des agressions cybernétiques, des cyberattaques, de nouveaux moyens et méthodes de combat dont l’Afrique est souvent victime. C’est le constat fait par des experts. Et pourtant, l’innovation technologique est un gage indispensable pour conserver la supériorité sur l’adversaire.
Certains états ont acquis et disposent de moyens technologiquement innovants, permettant à leurs appareils sécuritaires et à leurs outils de défense d’être à la fois, performantes et efficaces dans l’accomplissement de leurs missions régaliennes. Des pays européens et américains ont une expérience très avancées en la matière. Intégrer les TIC dans la nouvelles politiques de défense et de sécurité voici tout le sens de cette 6ème session de réflexion stratégique qui va permettre à l’ensemble des auditeurs d’élaborer des pistes de solutions pour les programmes nationaux qui permettraient aux pays africains d’innover et de développer des capacités d’anticipation pour « trouver des réponses aux menaces de demain en y travaillant dès aujourd’hui ».
L’Afrique, un acteur clé dans la stratégie mondiale de lutte contre les différentes menaces
L’enjeu de la tenue de la 6ème édition de la SIRS est de faire comprendre la nécessité pour les Etats africains de faire du développement de l’innovation technologique dans leurs systèmes de défense et de sécurité une priorité. A cet effet, il s’agira de mettre à la disposition des auditeurs, des outils de décryptage et des clés d’analyse relatifs au rôle joué par la technologie dans la construction d’un système de sécurité et de défense suffisamment solide pour assurer la stabilité des Etats. Ceci afin de faire du continent, un acteur et partenaire clé dans la stratégie mondiale de lutte contre les différentes menaces.
Une soixantaine d’auditeurs dont 30 nationaux et 40 originaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), du Gabon, du Cameroun et de la France prennent part à cette session qui est animée par des anciens ministres, des universitaires de renom, des diplomates, des officiers généraux et supérieurs. Conformément aux termes de références, cette SIRS va aborder trois thématiques principales en rapport avec la transformation digitale et technologie de sécurité et de défense, les évaluations des menaces et réponses et enfin la sensibilisation des usagers et des acteurs des secteurs Défenses et Sécurité. C’est une occasion pour les experts militaires et civils d’échanger autour de problématiques qu’ils ont en commun, d’identifier les défis qui s’imposent aux armées de leurs pays, lorsque celles-ci sont sollicitées pour des missions de sécurité intérieure et surtout de faire des recommandations concrètes.
Joël DALLY
