Économie

Prétendu endettement de la Côte d’Ivoire: Le DG du Trésor et de la Comptabilité publique déconstruit les mensonges

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Le DG du Trésor et de la comptabilité publique s’est voulu très clair sur la question de l’endettement de l’État ivoirien. (Photo : DR)
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Le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, Assahoré Konan Jacques, a apporté des éclaircissements sur le recours à l’endettement de l’État de Côte d’Ivoire, brandi par des détracteurs pour endoctriner les populations.

« Il est important que nous ayons la même compréhension de la notion de dette publique. Pour répondre de manière prosaïque à votre question et permettre à l’ensemble des lecteurs de nous suivre dans la suite des échanges, retenons que la dette publique désigne l’ensemble des sommes d’argent empruntées par un État et ses démembrements (collectivités territoriales, établissements publics nationaux, organismes de sécurité sociales, etc.) pour financer leur développement », a-t-il fait savoir. C’était au cours d’une interview que M. Assahoré a accordée au confrère de Fraternité matin. Pour le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, le recours à l’endettement est comme tout autre instrument de politique économique. Et que les États y avaient recours en cas d’insuffisance de leurs ressources intérieures ou domestiques pour couvrir l’ensemble de leurs dépenses.

« Les ressources propres se révèlent en pratique toujours insuffisantes »

« En effet, comme vous le savez, chaque année, l’État élabore un cadrage budgétaire qui prévoit l’ensemble des dépenses à effectuer au cours de l’année (salaires, construction d’écoles, d’hôpitaux, de routes, etc.) et les ressources dont il dispose pour faire face à ses dépenses. Dans le meilleur des cas, les recettes intérieures d’un État, composées essentiellement des impôts, taxes et redevances, devraient être à même de couvrir l’intégralité de ses dépenses. Malheureusement, les ressources propres se révèlent en pratique, toujours insuffisantes pour permettre à ces États de couvrir l’ensemble de leurs dépenses. Il se dégage donc un déficit qui est la différence entre le montant des dépenses que l’État est obligé d’assurer au cours de l’année et les ressources dont il dispose pour le faire », a-t-il expliqué.

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Partant de ce principe, il revient, selon Assahoré Konan Jacques, à tous les États qui le souhaitent d’emprunter sur le marché financier, le « montant du gap » ou du « déficit » qui pourrait leur permettre de couvrir les dépenses programmées. Cela suppose que le besoin à couvrir peut nécessiter un emprunt considérable ou en deçà. Pour le Directeur général, le recours à l’emprunt n’est pas propre à la Côte d’Ivoire. Seulement que « le but de l’exercice est de faire en sorte que le déficit à combler soit le moins grand possible, afin d’avoir à emprunter moins ». Il a d’autant plus rassuré quant à l’utilisation de ces ressources pour des dépenses bien précises.

« Les incompréhensions proviennent des critères d’appréciation du niveau d’endettement d’un État »

En économiste averti, il a fait remarquer que les incompréhensions proviennent des critères d’appréciation du niveau d’endettement d’un État. À ce niveau, « l’erreur généralement commise par la plupart d’entre nous, est d’estimer le niveau d’endettement acceptable ou non, en nous fondant uniquement sur la valeur nominale de la dette publique, sans tenir compte d’autres critères d’appréciation et surtout, de l’affectation de l’argent emprunté ». Avant d’ajouter : « Il est vrai que le stock de notre dette publique à fin septembre 2022 s’établit, en valeur nominale, à 22 644,1 milliards de F CFA. Mais ce chiffre ne suffit pas à dire que notre pays est surendetté. Il suffit de savoir que ce stock représente 51,8% du PIB et que la norme communautaire de l’UEMOA nous impose une norme de 70%.

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En d’autres termes, pour 100 francs de richesses produites dans le pays (PIB), nous ne devons pas affecter plus de 70 francs au remboursement de notre dette, les 30 francs restants devant servir à financer les dépenses sociales et l’investissement. Or, la Côte d’Ivoire affecte (je suis tenté de dire seulement) 51,8 francs de sa richesse au remboursement de sa dette. On ne peut donc dire, raisonnablement, que notre pays est surendetté ». À l’endroit de ceux qui « demeureraient sceptiques », Assahoré Konan Jacques a posé cette interrogation : « Qu’est-ce qui est plus inquiétant ? Vivre dans un pays où la crainte de l’endettement excessif empêche toute vision de développement et maintient le pays dans le statu quo ou faire le choix et le pari de l’émergence et de l’industrialisation, grâce à un recours à l’endettement maîtrisé, pour un meilleur rayonnement national et un mieux-être des populations ? ».

Venance Kokora

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