Économie

Face à la presse/Jean-Marie Ackah, président de la CGECI : « La dette intérieure ne pose pas de problème »

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Le président de la CGECI (au premier plan) a relevé les aspirations du patronat ivoirien qui contribue 80% aux recettes fiscales de la Côte d’Ivoire. (Photo : DR)
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Le président de la confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), Jean-Marie Ackah, a échangé avec la presse hier, mardi 18 octobre 2022, à la Maison de l’entreprise à Abidjan-Plateau sur plusieurs sujets qui cadrent avec l’environnement des affaires en Côte d’Ivoire.

D’entrée, le premier responsable du patronat ivoirien, s’est réjoui de ce que la Côte d’Ivoire a fait d’énormes progrès au cours de ces dernières décennies. « On a un environnement des affaires qui a progressé, continue de progresser. Mais, nous avons encore de grandes améliorations à apporter. Et l’environnement des affaires, c’est tout. Le cadre politique, sécuritaire, juridique…toutes ces problématiques au final, déterminent l’environnement des affaires dans lequel les entreprises sont appelées à évoluer (…)

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Nous avons en Côte d’Ivoire, un environnement des affaires en amélioration », a-t-il insisté. Rebondissant à la question d’un confrère sur le processus de financement des Petites et moyennes entreprises (PME), le président Jean-Marie Ackah a plaidé pour que les structures d’encadrement, dont le fonds de garantie des PME, rentre dans la phase opérationnelle, de sorte à garantir et bonifier les financements auprès des banques commerciales dans le but de résoudre la question de financement qui demeure « une grosse problématique » pour ces entreprises formelles. Non sans avoir appelé les autorités étatiques, à encourager un tissu de PME encore plus dense dans l’intérêt d’absorber une grande partie des jeunes diplômés qui frappent aux portes des entreprises.

Cas du Programme PEPITE

Le conférencier n’a pas passé sous silence, le Programme économique pour l’innovation et la transformation des entreprises (PEPITE), considéré comme l’un des programmes clés de la « vision 2030 » du président de la République, Alassane Ouattara. Il a indiqué sans faux-fuyant, que les entreprises approuvent l’initiative lancée par le gouvernement qui est bonne. « Nous la saluons, c’est une initiative qui fait partie de notre vision. Ces deux politiques sont complémentaires », a-t-il ajouté. Cependant, l’organisation patronale préconise, en guise de solutions, au gouvernement de se pencher sur le cas des PME existantes pour en faire d’abord, de grandes entreprises.

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« Le programme PEPITE a un aspect qui est la construction des champions nationaux de demain. Nous sommes convaincus que plus nous aurons un tissu de PME fortes, saines, un tissu large de PME, plus, nous aurons les chances d’avoir demain, des champions nationaux. Nous sommes aujourd’hui dans un marché commun, déjà dans un marché régional. Nous serons demain dans la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Donc, en construisant ces pépites, il faut accélérer pour que les entreprises ivoiriennes passent le cap des PME pour en faire des grandes, des très grandes entreprises. N’ayons pas peur des mots, un champion national, c’est un très grand champion qui peut aller conquérir le reste de l’Afrique et le marché mondial », a expliqué le président de la CGECI.

Les propositions de la CGECI pour la réforme fiscale

La réforme de la fiscalité a été l’une des préoccupations clés du patronat au cours de ces échanges avec la presse. Jean-Marie Ackah a, au nom de ses pairs, laissé entendre que la fiscalité actuelle pour le secteur formel, n’est pas « assez incitative » et est « contraignante », en un mot, « lourde ». « À côté, nous avons un grand secteur informel, qui, lui, est quasiment hors champ fiscal. Donc, à la fin, quand on fait la moyenne dans les agrégats économiques, on arrive à une appréciation de la fiscalité ivoirienne qui n’est pas satisfaisante.

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En Côte d’Ivoire, on a un taux de pression fiscale qui est bas, qui est d’ordre de 13, 14%, quand la norme communautaire vise un taux de pression fiscale de 20% et quand l’objectif cible dans les pays émergeants, est un taux de l’ordre de 25% », a-t-il présenté. En clair, il préconise une solution d’élargissement de l’assiette fiscale au secteur informel pour un équilibre des choses, surtout qu’une étude interne a permis de relever une pression fiscale de 27% au niveau du secteur informel.

Quand l’instabilité politique sous-régionale perturbe

Outre les conséquences de la crise russo-ukrainienne, l’instabilité politique dans la sous-région porte atteinte à la bonne marche des activités en Côte d’Ivoire. Le patronat ivoirien a constaté une baisse de 10% du chiffre d’affaires des entreprises ivoiriennes. Au regard de toutes ces crises, y compris celle de la Russie et l’Ukraine et de la Covid-19, le président Jean-Marie Ackah a recommandé qu’il était temps pour les États africains, notamment la Côte d’Ivoire, de tirer toutes les conséquences et transformer ces situations en opportunités. « Nous tirons les conséquences que nous ne pouvons plus dépendre d’un pays ou de deux. Il y a des pans dans l’environnement des affaires que nous souhaitons voir se réaliser.

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Nous avons un dialogue privé-public qui est déjà fort. Nous avons un cadre institutionnel qui est robuste. L’environnement économique actuel peut propice à l’essor du secteur privé, ne doit pas être vécu comme une fatalité. Nous devons être capables de transformer ces défis en opportunités et ainsi, accélérer la transformation de notre économie », s’est empressé de rassurer l’orateur.

Revenant à la formation professionnelle, à la prochaine organisation de la CAN et à la dette intérieure, Jean-Marie Ackah a préconisé un système plus adapté qui répond aux aspirations de notre pays. Ensuite, il a souhaité une participation des entreprises ivoiriennes au premier rang dans les travaux structurants de la CAN 2023, avant de rassurer sur la dette intérieure. « La dette intérieure ne pose pas de problème. Des efforts ont été faits et nous sommes dans une situation acceptable, moins critique », a-t-il conclu.

Venance Kokora

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