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Sanogo Mamadou, président de l’Union des centres de formation d’Abobo: « On veut éteindre les centres de formation en Côte d’Ivoire »

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Il s’est investi dans la formation de jeunes depuis des décennies. Sanogo Mamadou, président de l’Union des centres de formation d’Abobo, vice-président de l’association nationale s’est ouvert aux colonnes de l’Avenir  

La CAF vient de mettre sur pied un championnat dédié aux élèves africains, avec à la clé une belle cagnotte. Comment les centres de formation, pourraient-ils tirer profit d’une telle initiative ?

Tout ce qui a un lien avec le football, surtout avec les plus jeunes, nous intéresse. Dans nos centres de formations, la majorité de nos apprenants vont à l’école. Nous avons mis en place une politique, qui consiste à encourager le maximum possible, les jeunes footballeurs à s’instruire.

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L’école, étant la clé de tout. Ce sont donc ces jeunes qui vont prendre part à ce championnat continental. C’est une très belle initiative que de voir la CAF, s’investir dans le football des jeunes et surtout au niveau scolaire. C’est à saluer. Ça ne fera que nous encourager à travailler davantage avec ces jeunes qui ne demandent qu’à se faire voir à travers ce genre de lucarne.

Vous qui êtes au quotidien avec ces milliers de jeunes qui rêves de devenir football professionnels, quelle sont les difficultés auxquelles vous faites face dans ce métier ?   

Nous avons un gros problème de terrain d’entrainement. A Abobo, les espaces qui nous étaient dédiés, sont en train d’être réquisitionnés à d’autres fins. Aujourd’hui, les nombreux centres de formation doivent se marcher dessus, avec les établissements pour les cours d’EPS, pour utiliser le même espace. Les espaces conventionnels, notamment le complexe d’Abobo, ne sont pas accessibles. Ça nous rend la tâche difficile. Le terrain d’Akeikoi, vient de nous être arraché pour le projet Agora.

Dans ces conditions, comment vous vous y prenez pour assurer les entrainements dans vos écoles de football ? 

Il faut saluer la volonté des jeunes, bénévoles, qui ont accepté de se sacrifier, de mettre leur moyens, pour la formation de ces enfants. Le travail que nous faisons, c’est la société, c’est toute la Côte d’Ivoire qui en bénéficie. Ce sont des enfants que nous faisons sortir de la rue, de la galère. Les centres de formation n’en tirent pratiquement aucun profit. Sadio Mané le rend bien à son village, à sa communauté, mais ici, ils sont très nombreux, ceux qui ne font pas comme lui. Ils n’ont rien réalisé pour leurs communautés. Je pense que c’est l’Etat qui doit nous aider à trouver des moyens modernes, pour mieux organiser notre activité. Il y a encore des espaces qui peuvent servir, il suffit que l’Etat s’implique dans l’aménagement et organise les choses.

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Vous appelez l’Etat, mais comment résoudre déjà la question de l’anarchie avec les centres de formation qui se multiplient de jour en jour ?

Le phénomène est réel, il y a des jeunes qui créent leurs centres de formation, juste comme ça, sans toutefois être en règle vis-à-vis de la FIF. Dans notre union, nous essayons de les encadrer, de les encourager à régulariser leur situation. Aujourd’hui, tout le monde veut avoir un centre. Tous les footballeurs professionnels veulent avoir des centres de formation, ou leurs clubs. Finalement qui va entrainer qui ? Hier tu as appris dans un centre qui n’avait pas de moyens, aujourd’hui que Dieu ta fait grâce, au lieu d’aider à développer là où tu as appris, tu veux créer ton propre centre. Pourquoi ne pas s’associer.  

Diriez-vous que les footballeurs sont ingrats ?

On le dit souvent, et c’est une réalité. Vous vous investissez pour un enfant. Vous lui apprenez tout. Souvent les parents l’abandonnent entre vos mains. Et lorsque vous finissez de polir le diamant, il vous tourne le dos. Même pour vous appeler ou pour vous saluer, c’est difficile. C’est cette ingratitude que nous essuyons chaque jour de la part de nos athlètes. Tu as dormi dans la maison (une pièce) de ton coach, aujourd’hui que tu as les moyens, le coach est toujours dans même son cagibi et ça ne te gène pas.  

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Il y a aussi la question des agents véreux qui font miroiter les choses aux enfants, qu’ils abandonnent après dans certains pays. Comment luttez-vous contre ce phénomène ?

C’est une de nos difficultés. Les gens sont jaloux de leurs relations. Ils n’aiment pas trop en parler et c’est malheureusement ce qui rend la chose plus difficile. Nous n’en sommes informés que lorsque les problèmes surviennent. Ce sont souvent les agents qui demandent aux enfants de ne pas informer leurs centres de formation, avec la complicité des parents. Malheureusement, tout est mis en œuvre pour éteindre les centres de formation en Côte d’Ivoire. Pour faire nos licences, pour qualifier nos joueurs, c’est tout un tas de problème. Nous fondons beaucoup d’espoir dans la nouvelle équipe dirigeante de la FIF.

Réalisée par Manuel Zako

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