Absolument tout était inédit : stade préfabriqué, une cagnotte de 40 millions F CFA pour le vainqueur, des cars, des maillots personnalisés pour les équipes…, le tout dans une ambiance ultra festive. Le projet (tournoi de football petit poteau) de Jonathan Morrison, jugé un peu trop ambitieux aux yeux de plusieurs personnes, au point qu’il s’est vu raillé par de nombreux internautes qui ne voyaient rien d’autre qu’une supercherie. Quelques mois après, le rêve est devenu réalité.
Dans un environnement concurrentiel, ce tournoi n’a aucun mal à s’imposer. Mieux, il a volé la vedette, aux nombreux tournois de maracana d’Abidjan, et même au championnat national de football, et de très loin. Révélation de l’année 2022, le Tournoi Tchin-Tchin a surpris plus d’un, et ce, pour diverses raisons. Il est sans nul doute, un véritable symbole de réussite, tant l’organisation de cet évènement sportif, n’a cessé d’attirer les curieux et autres amateurs de football. Après plus d’un mois de lutte acharnée autour du ballon rond, c’est l’équipe d’Adjamé qui a remporté la première édition de ce tournoi devant celle de Bassam par le score de 1-0.
Un show inédit
Ce qu’il faut surtout retenir, c’est l’engouement autour de ce tournoi. Match après match, le Tchin-Tchin est devenu la tribune par excellente pour certains politiques, de rester en contact avec la jeunesse ivoirienne. Une stratégie de communication qui a mis en lumière, les athlètes et les staffs techniques. Cela a eu le mérite d’attirer le maximum de jeunes. Conséquence : des sponsors qui se bousculent pour associer leurs images à l’évènement. Des villages Tchin-Tchin installés dans plusieurs communes. Des paris en ligne également ouverts. Cerise sur le gâteau, une retransmission en direct des matches sur une chaîne de télé, avec des commentateurs impétueux qui font vivre les actions en temps réel. Jamais un tournoi de football (petit poteau) en Côte d’Ivoire, n’avait atteint un tel niveau d’exposition médiatique.
Sur les 16 équipes de départ, plus que 8 équipes en lice pour le fauteuil de champion et qui partagent l’ambition de rafler l’énorme prime de 40 millions F CFA promise au gagnant du tournoi. Ce jeudi 22 septembre 2022, l’équipe de Super Junior de Yopougon doit en découdre avec celle de Yamoussoukro en ouverture des ¼ de finale. Après une semaine d’interruption, le Tchin-tchin reprend ses droits dans le dôme du Palais de sports de Treichville. Il est 14h05, le soleil brûlant de ce jeudi n’a pas freiné l’excitation de cette foule immense. Il y a du monde partout. Bien plus que d’ordinaire. Difficile de circuler librement aux alentours du palais, avec ces nombreuses voitures stationnées dehors. Ils sont venus de partout pour assister à ces quarts de finale de Tchin-tchin. L’entrée principale du palais est hermétiquement fermée. Tout comme les entrées annexes.
Morrison, des idées avant-gardistes
Les amateurs de maracana massés à l’extérieur, depuis des heures, attendent impatiemment de pouvoir y accéder. Surexcités et agacés, certains (filles et garçons) s’infiltrent dans l’enceinte du palais en escaladant les grilles, au péril de leur vêtement (déchirés). Pas question de manquer une miette de cet évènement. A. Désirée est venue de Yopougon, en espérant soutenir son équipe. Cette fois-ci, l’équation s’avère difficile devant ce méli-mélo dû à un problème au niveau de la billetterie, selon nos informations. « Je ne regardais pas le football, ça ne me disait pas grand-chose, d’ailleurs. Mais, l’audace et la détermination de Jonathan Morrison m’ont séduite. Il a cru en son projet, il lui a donné vie et aujourd’hui, tout le monde voit les fruits. Depuis le début, je suis là.
Aujourd’hui, avec le monde qu’il y a, on peut dire qu’il a réussi. Je suis là depuis midi, mais le monde est tel, qu’il m’est difficile d’y avoir accès. Je souhaite à ce tournoi de grandir année après année », formule la jeune dame. Accompagnée de son amoureux, Yasmine est venue d’Abobo pour vivre l’ambiance. « Depuis des semaines, j’ai embêté mon chéri, pour qu’il m’emmène voir le tournoi. J’ai vu une bonne ambiance à la télé, mais ici, c’est trop top. Tous les ingrédients sont réunis pour passer du bon temps », se satisfait-elle. Selon cette jeune dame, « Jonathan Morrison a réussi son coup, il faut le lui reconnaître. Nous avons fait le déplacement depuis Abobo, pour voir ce quart de finale. Nous sommes arrivés vers midi, mais le palais de sport est déjà plein. C’est vraiment extraordinaire de voir cet engouement pour du maracana ». Il est maintenant 15h, la première opposition démarre dans une trentaine de minutes. L’ambiance et le son qui se dégagent du dôme, aiguisent de plus en plus l’appétit de ces milliers d’amateurs de maracana, arrêtés dehors.
Un boss, au four et au moulin
À la batterie, Jonathan Morrison met l’ambiance dans un Palais des sports déjà chaud bouillant. Sur le son de feu DJ Arafat, le promoteur de Tchin-Tchin étale sa palette de savoir-faire de percussionniste, encouragé par le public. Dehors, il y a 3 fois plus de monde. Les esprits s’échauffent, la police est obligée d’intervenir pour mettre de l’ordre. Accéder à la salle du tournoi, est un véritable parcours de combattant. L’équipe de Korhogo en a fait les frais. Cet après-midi, la direction de l’équipe de Korhogo est sur les nerfs. L’équipe n’est pas au mieux, les responsables craignent le pire. « Nous sommes là depuis ce matin, avec la nourriture de nos joueurs. Il est 15h45, nous jouons à 17h et les athlètes n’ont pas encore mangé.
Comment comprendre que nous, le staff technique de l’équipe, nous n’avons pas accès au Palais des sports. Ça ressemble à un boycott, mais nous allons remporter ce tournoi et empocher les 40 millions. Depuis un mois, nous sommes à Abidjan, ce n’est pas pour faire du tourisme, le trophée ira à Korhogo », promet toutefois, Coulibaly. Au coup d’envoi, le dôme du Palais des sports est plein à craquer et chauffé à bloc. « L’ambiance est très plaisante, c’est ce qui me motive depuis le début à venir suivre les matches », confie Armel Sékongo, venu de la Riviera à Cocody. « J’aime surtout le côté festif : les pom-pom girls, les mascottes qui animent les pauses, le show, les artistes. Il est difficile de résister quand les choses sont aussi bien faites. Je tire mon chapeau à Jonathan Morrison. On lui avait prédit un échec cuisant, mais il a démontré qu’il avait plus d’un tour dans son sac. Il est resté serein et focus sur ses objectifs. Il montre aussi qu’à côté du football, comme on le connaît, il faut plus pour attirer les spectateurs », exhorte-t-il.
Amateurs de maracana, commerçants, vendeurs ambulants…, tout le monde en a pour son compte au Tchin-Tchin. Ya Konan Jean, est vendeur d’écharpes, vuvuzelas et autres gadgets à l’effigie de CAM Tchin-Tchin. Chez lui, les prix varient entre 500 et 2000 F CFA. « Les articles marchent plutôt bien ici. Ce sont les vuvuzelas qui sont les plus demandés. Ce genre d’évènement doit se multiplier », encourage-t-il. Touré Aïcha commercialise des sandwichs, en ces lieux. À l’en croire, « le pain marche bien ». « Nous sommes là depuis le début et nous nous en sortons assez bien. C’est une très bonne idée que Jonathan Morrison a eue, je l’encourage à tenir malgré les difficultés. À travers lui, la jeunesse ivoirienne entreprenante, se reflète », exhorte la jeune commerçante.