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Interview/Malick Daho, ancien basketteur : « Je veux donner un peu à ce basket, ce qu’il m’a donné »

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Malick Daho : « J’ai gagné des titres, de la renommée, mais l’humain est au-dessus de tout ». (Photo : DR)
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Vainqueur de la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1989 avec l’ASEC, champion de Côte d’Ivoire avec le même club, Malick Daho est l’une des icônes du basketball ivoirien. Malgré ses multiples casquettes (chroniqueur, consultant, journaliste…), Malick Daho continue d’œuvrer dans le milieu du basket. Il s’est ouvert à l’Avenir. 

La Côte d’Ivoire vient brillamment de décrocher son ticket pour le Mondial de basketball 2023, en battant le Cap Vert. Un mot sur cette prestation.

C’est mérité que la Côte d’Ivoire se qualifie avant même la fin de la dernière fenêtre. C’est la seule équipe invaincue, la première qualifiée aujourd’hui dans le monde entier, parce que les autres vont devoir attendre la dernière fenêtre. Bravo à la Côte d’Ivoire. C’est une équipe qui joue ensemble, vit bien ensemble, travaille ensemble depuis un certain temps. Je tire mon chapeau à ces jeunes frères.

 

Le ticket dans la poche, le Mondial dans environ un an, qu’est-ce qu’il faut peaufiner dans cette équipe pour être conquérant ?   

Il faut toujours travailler même si on performe. Au sein de cette équipe, nous devons travailler sur la fluidité en termes de circulation de balle. Il faut prendre soin du ballon, être patient. Dans un match, il y a des moments forts et des moments de creux. On a eu parfois l’impression que dans nos temps faibles, ça ne joue plus trop ensemble, chacun veut être le sauveur de la patrie.  Il faut savoir gérer cela. Mais il y a une chose qu’on ne peut pas enlever à ces garçons, c’est leur cœur. Tant qu’ils ont ce cœur-là, ça peut gommer pas mal d’erreurs.

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On enregistre depuis quelque temps, l’arrivée de joueurs étrangers, naturalisés au sein de l’équipe. Comment jugez-vous leur apport au groupe ?

Il y a eu Matthew Costello et aujourd’hui, Alex Poythress. Il faut dire que c’est la FIBA qui autorise un naturalisé par pays. La Côte d’Ivoire le fait, d’autres pays aussi le font. Ils sont arrivés, ils ont eu de très bonnes prestations. Ils ont été surtout bien accueillis. Poythress veut déjà apprendre le français, tellement il se sent bien dans cette équipe. Que ce soit Costello ou Poythress, ils n’ont pas essayé de rabaisser les autres pour se mettre en évidence. Ils se sont mis dans le moule et c’est une bonne chose.

 

Nous avons les hommes, des renforts de taille aussi, croyez-vous que la Côte d’Ivoire puisse faire bonne figure à ce Mondial ?

Cela va dépendre du tirage et de notre groupe. Le niveau sera très élevé, et cela dépendra aussi de notre préparation. Nous essayons de faire venir des joueurs, notamment Mohamed Bamba. La fédération se bat en tout cas pour que cela se fasse. Il y a donc beaucoup de paramètres qui entrent en ligne de compte.

 

On sent un gros écart entre les performances de l’équipe nationale et le niveau du championnat local. Comment pourrait-on tirer profil au plan local, du niveau de la sélection ?

C’est pareil dans tous les pays, heureusement ou malheureusement, mais les basketteurs à l’extérieur sont très performants. Si on prend le cas de Stéphane Konaté qui est un des meilleurs d’Afrique, je pense que lui, comme d’autres, peuvent être des locomotives et tirer les athlètes locaux vers le haut. Il y a aussi la Basketball Africa League (BAL) qui se tient depuis 2 ans et qui va permettre à nos clubs de progresser. Ce n’est pas évident en termes de niveau, c’est vrai, mais il y a du travail qui se fait par la fédération pour rendre le championnat attractif. Il y a aussi les entraîneurs qui s’organisent, leur amicale s’est récréée. Il faut être un peu patient, car ce que produit la sélection nationale, ne peut que rejaillir sur les clubs.

 

Vous qui avez été une des figures emblématiques du basketball, comment jugez-vous le niveau du basketball local ?  

Peut mieux faire ! Il y a toute une politique de formation des joueurs et même des formateurs qui est mise en place. On entraîne comme on a été entraîné soi-même. Ce sont toutes ces choses qu’il va falloir travailler pour qu’elles rejaillissent sur le niveau. Aujourd’hui, tout le monde peut devenir entraîneur. Ce n’est pas normal. Je félicite l’amicale des entraîneurs qui est en train de mettre le holà à certaines pratiques. C’est aux dirigeants, aux entraîneurs, de dire aux jeunes athlètes qui voient les matches de la NBA, qu’avant d’être Lebron James, il y a eu du travail. Nous sommes vice-champions d’Afrique, qualifiés pour le Mondial, ça veut dire globalement qu’il y a du travail qui est fait.

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De grands clubs comme l’Asec, qui fait la fierté de la Côte d’Ivoire au niveau du basket, n’existent pratiquement plus. Quel commentaire faites-vous ? 

C’est aux dirigeants qu’il faut poser la question. Ces clubs n’existent plus, mais le basketball ivoirien poursuit sa marche.

 

Des gens s’offusquent souvent du fait que les basketteurs ivoiriens peinent à arriver en NBA, pourtant certains pays comme le Cameroun, la RDC y arrivent. Comment vous l’expliquez ?

Comparaison n’est pas raison. On n’a pas un joueur né en Côte d’Ivoire qui joue en NBA, est-ce que ça pose un problème ? Il y aura un jour, des joueurs ivoiriens en NBA. On a quelques petits exemples d’Africains, partis d’Afrique, mais il ne faut pas désespérer. Il faut rester positif. Même quand on essaie de comparer notre basket aux autres, il faut être dans l’accompagnement positif.

 

Quels souvenirs gardez-vous de vos grandes heures en tant qu’athlète ?

Il y en a tellement. La Coupe d’Afrique des clubs champions. La première fois qu’un club ivoirien remportait ce trophée, c’était l’Asec et j’étais le capitaine. C’est un souvenir qui ne part pas. Mon premier titre de champion de Côte d’Ivoire en tant qu’entraîneur de l’Asec, aussi. L’Africa nous battait chaque année pendant 7 ans.

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Quels sont les contacts avec vos anciens coéquipiers en club comme en sélection ?

On s’appelle, on se parle souvent. Quand on se voit, on se raconte les beaux souvenirs, partenaires et même adversaires. On prend du plaisir à se revoir.

 

Qu’est-ce que le basketball vous a apporté de façon générale ?

Des relations, et ça n’a pas de prix. J’ai gagné des titres, de la renommée, mais l’humain est au-dessus de tout.

 

Quels sont vos projets d’avenir pour le basket ?

J’ai beaucoup reçu du basketball ivoirien, africain. Je veux donner un peu à ce basket, ce qu’il m’a donné. Je suis consultant, mais aussi journaliste. J’ai une petite émission que j’anime qui ne parle que de basketball et nous faisons connaître les Africains de la NBA. La communication est un pouvoir, c’est à nous de faire connaître et faire apprécier le basketball aux Africains d’abord. Je suis impliqué dans la BAL. J’organise des camps de basket pour apporter le peu que je connais aux entraîneurs. Et enfin, j’ai monté une association qui collecte des équipements sportifs dans le but, toujours, d’aider. Des gens s’entraînent encore dans des conditions dans lesquelles je me suis entraîné, ce n’est pas normal.

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