Société

Recherche d’emploi: Des secrets pour taper dans l’œil d’un recruteur

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Expert en détection de talents, Didier Acouetey, donne ici des tuyaux aux demandeurs d’emploi. (Photo : DR)
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Pour décrocher un premier emploi ou postuler pour un autre mieux rémunéré, il ne suffit pas toujours d’avoir un diplôme ou de déposer CV et lettre de motivation dans des entreprises. Il en faut bien plus, estime Didier Acouetey, fondateur d’AfricSearch, bien connu pour être un « chasseur de têtes ».

Qu’elles soient diplômées ou non, bien des personnes peinent à décrocher un emploi. Non pas faute d’essayer. N’est-ce pas parce qu’elles s’y prennent mal ? En tout cas, à en croire l’expert en recrutement, Didier Acouetey, pour se donner des chances de taper dans l’œil d’un recruteur, il faut se préparer à aller sur le marché du travail. Cela suppose d’abord que le futur demandeur d’emploi se donne les moyens d’acquérir diverses compétences correspondant aux besoins des entreprises.

Acquérir des compétences

Quitte à retourner de temps à autre se former à de nouvelles compétences qui n’ont rien à voir avec sa formation de base. « Lorsqu’une entreprise vous recrute avec le plus beau CV de la terre, elle va vous exiger des compétences. Et donc, si vous n’avez pas une compétence, un savoir-faire, une capacité à exécuter, vous atteignez rapidement vos limites », relève-t-il. Et cet expert en détection de talents d’interpeller spécifiquement les diplômés, notamment des titulaires d’un doctorat dans des domaines peu recherchés par les entreprises : « Une fois qu’ils sortent de ces formatons, il ne faut pas qu’ils s’imaginent qu’ils vont exercer forcément ces métiers. Quand on a été formé dans un domaine, il ne faut plus s’attendre à travailler uniquement dans ce domaine, il faut pouvoir compléter avec d’autres formations pour s’adapter aux besoins des entreprises ».

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Par ailleurs, Didier Acouetey lance un appel aux parents afin qu’ils privilégient l’acquisition de compétences à la formation classique, qui veut qu’on aille de la maternelle à l’université. « Le système éducatif qui voudrait qu’on arrive en maternelle et on sort à l’université, devient lui aussi, obsolète (…) Dans nos économies comme celle de la Côte d’Ivoire, il faut rapidement outiller les jeunes à des compétences techniques, donc des savoir-faire qu’on peut professionnaliser », conseille-t-il.

À en croire ce célèbre « chasseur de têtes », ce sont ces compétences qui vont peser dans la balance, après que le demandeur d’emploi aura été recruté sur la base de son CV. Le CV, fait-il bien remarquer, n’est qu’une présomption de compétences. « Le CV est une sorte de postulat de compétences. Quand vous l’envoyez, on se dit a priori, s’il le dit, c’est que ce doit être vrai. Mais en réalité, c’est lorsque vous êtes en activité qu’on voit réellement ce que vous savez faire », note Didier Acouetey. Et d’insister sur la nécessité de posséder réellement des compétences qu’on prétend mettre à la disposition de l’entreprise : « Quand vous êtes en entreprise, on va regarder pour voir si ce que vous avez prétendu avoir fait, vous savez le faire et vous le faites réellement. C’est pourquoi, il y a une période d’essai en général dans les entreprises pour voir si ce que vous avez vendu est une réalité ou pas ».

Exemple de contenu d’une lettre de motivation

Pour cet expert en recrutement, la lettre de motivation classique n’est plus payante. « Si vous envoyez un CV à une entreprise en disant : Sous votre haute bienveillance…, ils vont le jeter à la poubelle », prévient-il. Car, selon lui, le secteur privé « veut des gens qui vont l’aider à produire des richesses, à faire plus de chiffres d’affaires. Il veut quelqu’un qui lui apporte une solution à ses problèmes ». Le demandeur d’emploi doit donc rédiger une lettre de motivation où il se présente comme un apporteur de solutions. « En revanche, si vous dites : « En passant dans le quartier, la semaine dernière, j’ai vu des usines qui crachaient de la fumée pendant deux heures. Cela ne me semble pas conforme aux règles environnementales. Moi, je fais de la gestion des déchets, je pense qu’il y a aujourd’hui des solutions environnementales moins coûteuses qui vont vous permettre de produire plus et polluer moins ». Celui qui va le lire, va dire : « Tiens, ce gamin est en train de dire quelque chose d’intéressant. Peut-être qu’il ne sait pas le faire, mais il a une approche qui est plus orientée vers la solution et c’est cela qui intéresse l’entreprise ».

Une fois le CV et la lettre de motivation ont séduit le recruteur, reste à passer l’épreuve de l’entretien. Selon Didier Acouetey, « dans l’interview, le recruteur doit pouvoir lier ce que vous racontez à votre CV ou à une expérience que vous avez indiquée, à un résultat que vous avez obtenu ». D’où, l’investigation préalable que mènent les recruteurs pour se faire une meilleure idée du candidat au poste. « Dans les entretiens, il y a ce qu’on appelle les techniques d’investigation. Quand vous êtes en face d’un recruteur, il est censé avoir investigué (sur vous) », avertit l’expert. Qui renchérit : « C’est comme le permis de conduire. Vous avez beau avoir des heures de cours, si vous y allez et qu’on vous demande de faire un credo et que vous n’arrivez pas à le faire le jour de l’examen, il y a problème. Vous avez donc intérêt à vous préparer à un entretien ».

 Ce qu’il faut au-delà du diplôme

Et comme pour bien souligner le lien entre CV, lettre de motivation, entretien et compétences avérées, il lâche à l’intention des demandeurs d’emploi :« C’est vrai qu’on se prépare à un entretien et donc vous pouvez toujours bluffer un recruteur, mais une fois que vous êtes en poste, vous ne pouvez plus bluffer. Si on vous donne un projet à réaliser et que vous n’arrivez pas à le faire, il y a problème ». Mais encore faut-il s’être préparé pour avoir la chance de passer l’étape du CV et de l’entretien. Pour Didier Acouetey, cette préparation passe par une vie sociale active. « Pour avoir des chances de se faire recruter, il faut d’abord exister socialement », conseille-t-il.

Puis, de se faire plus explicite : « Est-ce que vous avez par exemple votre chaîne Youtube ou vous diffusez des informations sur vos activités ou des actions caritatives suffisamment intéressantes pour montrer que vous faites des choses intéressantes ? Aujourd’hui, vous avez tout un écosystème qui croise des informations sur vous et qui permettent aux chasseurs de têtes de se dire : « Celui-ci est intéressant ». À cet effet, ils iront lire les magazines en ligne ou papier, les interviews que vous donnez, voir si vous avez une empreinte sociale qui est traitée par les algorithmes et sur cette base-là, ils se disent : « Tiens, telle personne a un profil qui peut intéresser telle entreprise ». Reste à espérer que de futurs diplômés en quête d’emploi s’inspirent de ces tuyaux du fondateur d’AfricSearch.

 

Assane Niada

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