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Interview/ Journées nationales du cacao (JNCC): Maurice Sawadogo, exploitant agricole : « Nous ne devons plus compter sur les autres pays pour la main d’œuvre agricole »

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Maurice Sawadogo, exploitant agricole à Abengourou
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Nouveaux prix bord champ du cacoa, Journées nationales du cacao et du chocolat (JNCC), travail des enfants dans les plantations, et la Couverture maladie universelle sont autant de sujets abordés dans cette interview par  Maurice Sawadogo, exploitant agricole à Ebilassokro dans le département d’Abengourou. Il est par ailleurs premier vice-président de la Fédération des organisations des producteurs de café cacao (FOPCC) de Côte d’Ivoire.

Qu’est-ce que le thème de cette 8è édition des journées nationales du cacao et du chocolat (JNCC) vous inspire ?

Le thème de cette édition porte sur la transformation. C’est une très bonne chose. Le fait que la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial dédie trois jours pour  le cacao et le chocolat est une bonne chose en ce sens que c’est un lieu de rencontres, d’échanges, et de partages. Lorsqu’on fait la transformation, cela veut dire qu’il y a une valeur qui s’ajoute sur le producteur.

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Quand on produit, il faut consommer. Qui dit transformation dit consommation. La consommation du chocolat n’est pas dans nos habitudes. C’est donc une problématique sur laquelle nous devons réfléchir. C’est à-dire inculqué la consommation du chocolat dans les habitudes alimentaires des Ivoiriens. Ces journées doivent être l’occasion de réfléchir pour tout mettre en œuvre afin que la transformation s’accompagne de la transformation.

Cela fait la 8è édition. Qu’est-ce que l’organisation des JNCC apporte réellement aux producteurs ?

Nous gagnons en échange. En ce qui concerne la chaine de production que nous sommes, nous nous confrontons aux autres que sont les transformateurs et les acheteurs. ? C’est aussi l’occasion pour nous de rencontrer le Directeur général du Conseil du café et du cacao ainsi que les dirigeants du pays que nous n’avons pas l’opportunité de rencontrer tous les jours.

Ces dernières années, on observe une accalmie dans le monde agricole. Qu’est ce qui explique selon vous cette absence de remous dans la filière?

Je crois que cela est à mettre sur le compte du leadership du Directeur général du Conseil café cacao. Il écoute tout le monde, donc très ouvert au dialogue. Il a développé une grande capacité d’anticipation au point où tout ce qui  est annoncé comme mouvement de protestation est vite jugulé. Mais aujourd’hui, il faut dire que les producteurs et les syndicalistes connaissent leur place dans la filière café cacao. Chaque année, il y a un effort qui est fait par le Président de la République en augmentant le prix bord champ du cacao. Et nous sommes conscients de cela.

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Si cette politique de revalorisation du prix continue pour lutter contre la pauvreté dans notre milieu, il est certain qu’on ne parlera plus de grève. Le président doit poursuivre sa politique agricole dans cette lancée en partageant les informations, en assistant le monde rural par la réalisation des routes et pistes villageoises, la distribution de la sacherie et des produits phytosanitaires. Une fois que nous sommes satisfaits sur ces questions, on ne parlera plus de grève.

Vous aviez parlé de la transformation. Comment selon vous, la transformation de cette matière première  peut-elle être possible quand on sait que sa production même est menacée du fait de la rareté de la main d’œuvre agricole ?

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C’est vrai que la main d’œuvre agricole se raréfie de plus en plus parce que l’Union Européenne et les pays consommateurs ne veulent plus voir les enfants dans la cacaoculture. La même politique que le FMI et la Banque mondiale mènent en Côte d’Ivoire dans ce sens se mène également  au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Conséquence, la main d’œuvre qui venait de ces pays n’arrive plus comme par le passé. Vu cette situation, il nous appartient de changer nos habitudes.

 Comment doit se traduire ce changement d’habitudes ?

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Nous ne devons plus compter sur les autres pays pour la main d’œuvre agricole. Nous devons intéresser les jeunes ivoiriens sans activité aux travaux agricoles pour la récolte du café et di cacao.

 Pensez-vous qu’il est possible d’y arriver sans mécanisation des travaux agricoles ?

Effectivement, on ne peut pas y arriver par les vieilles méthodes archaïques, donc manuelles. Il faut la semi mécanisation de l’agriculture. Il faut une autre méthode pour récolter le cacao sans utiliser la machette. Il y a des écoles professionnelles en Côte d’Ivoire ? Il suffit qu’on les intéresse et il y a des enfants qui sont très ingénieux qui peuvent créer des outils modernes de récolte et de cabossage.

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Que faites-vous en tant que leader agricole qui avez une force de proposition pour arriver à cela ?

Nous nous sommes rapprochés  du ministère de l’enseignement technique et il y a une politique de revalorisation des diplômes professionnels qui est en marche. Il y a des filières agricoles et l’état réfléchit en ce moment à une méthode de calculs  de salaires pour inciter ces jeunes issus de ces formatons agricoles à s’intéresser aux plantations. Nous avons une réunion dans ce sens au lycée technique.

 La campagne sera lancée d’ici peu avec la fixation d’un nouveau prix. Quels sont vos attentes ?

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Nos attentes sont multiples. Le président de la République a revalorisé le salaire des fonctionnaires, même les militaires et policiers n’ont pas été épargnés. Ce que nous savons faire, c’est la plantation. Nous attendons notre tour. Le président est un grand économiste. Nous espérons que nous aurons quelque chose sur le prix du cacao pour que nous sortions de la pauvreté. Avec tout ce que fait le président fait  pour les autres secteurs d’activité, nous producteurs café cacao voulons aussi bénéficier des prêts bancaires, nous voulons aussi une prise en charge au niveau de la santé.

 Mais il y a la couverture maladie universelle  (CMU)  qui concerne tout le monde?

C’est vrai qu’il y a cette assurance universelle, mais dans les dispensaires en zone rurale,  elle ne nous prend pas en compte dans les villages. Nous estimons que la CMU doit nous prendre en compte à partir de nos centres de santé rurale.

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