Politique

Construction d'universités, prix d'achat du cacao, démocratie, bien-être des populations...Comment Gbagbo a vendu du vent aux Ivoiriens depuis 1990

construction-duniversites-prix-dachat-du-cacao-democratie-bien-etre-des-populations-comment-gbagbo-a-vendu-du-vent-aux-ivoiriens-depuis-1990
L’ancien chef de l’État croit pouvoir vendre encore du vent aux Ivoiriens à l’approche de la présidentielle d’octobre. (Ph : DR)
PARTAGEZ
Depuis son retour de la prison de Scheveningen, Laurent Gbagbo a revêtu ses vieux habits d’opposant historique où il claironne des promesses sans pouvoir jamais les tenir, même pendant ses dix années passées au pouvoir. Le week-end passé, face aux populations du village d’Abidjan-Adjamé, l’ancien opposition historique a, à nouveau, embouché sa fameuse trompette. Dans un discours qui frise le populisme et la manipulation, Laurent Gbagbo a encore vendu du vent à ceux qui sont venus l’écouter.

Ce discours populeux, remet au goût du jour, la longue liste des promesses jamais tenues par Laurent Gbagbo, depuis l’opposition en 1990 jusqu’à ce jour, en passant par la parenthèse malheureuse de ses dix années au pouvoir. 

A lire aussiLaurent Gbagbo et la curieuse plaidoirie pour les criminels et les activistes

À l’approche de la prochaine élection présidentielle, l’ancien chef de l’État s’est remis à faire miroiter aux populations, un chapelet de promesses. « Allez dire que, lorsque Gbagbo sera élu, il construira des écoles primaires, des collèges, des lycées et des universités dans chaque région de la Côte d’Ivoire », a-t-il lancé lors des assises des femmes de son nouveau parti, le PPA-CI, qui se sont tenues le 11 janvier 2025. « Parole, parole, parole ! », pourrait-on lui rétorquer en lui rappelant que de telles promesses, venant de lui, ne sont qu’un serment d’ivrogne.

10 milliards pour en finir avec les problèmes des étudiants

Le passé de l’ex-chef de l’État incline, en effet, à douter de la tenue de tels engagements. N’est-ce pas le même Gbagbo, qui promettait hier, quand il était dans l’opposition, de régler tous les problèmes auxquels l’université de Cocody en particulier, et l’école en général, étaient confrontées ? Une fois arrivé au pouvoir, les fruits n’ont pas tenu les promesses des fleurs. Aucun amphi ne s’est ajouté à ceux déjà existants, ni aucune cité universitaire ; les bourses des étudiants non seulement n’ont pas connu d’augmentation, mais en plus, étaient soumises au rançonnage de la FESCI, en toute impunité. Par ailleurs, les cars, autrefois affectés au transport uniquement des étudiants, n’ont pas été remis en service durant la décennie passée par Gbagbo au pouvoir. À défaut, il aurait pu faire baisser le coût de la carte de bus, alors de 3000 F CFA, lui qui se disait si soucieux d’améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants. Rien de tout cela n’a été fait.

Fixer à 3000 F CFA le prix bord-champ du cacao

Une autre promesse non tenue par Laurent Gbagbo du temps où il était aux commandes de l’État, c’est celle de fixer le prix d’achat du cacao à 3000 F CFA. Ici encore, le chef de l’État qu’il était alors, n’a pu faire guère mieux que de fixer le prix bord-champ à 950 FCFA en 2009-2010, c’est-à-dire à la dernière année qu’il a passée au pouvoir. Tout au long des années précédentes, le prix bord-champ a oscillé entre 385 FCFA (2003-2004) et 700 FCFA (2008-2009. Loin, très loin donc des 3000 FCFA promis. Évidemment, ses partisans et lui auront beau jeu d’invoquer la situation de ni paix ni guerre, née de la rébellion de septembre 2002, pour excuser cette promesse non tenue, qui n’était, en réalité, qu’une promesse de gascon. Non seulement, la promesse n’a pas été tenue, mais les réformes engagées par le régime de la Refondation ont fait pschitt : les responsables de la foultitude d’organes de gestion de la filière s’étant livrés à des détournements massifs de deniers publics.

Aux oubliettes, la défense des valeurs démocratiques

Au nombre des promesses non tenues par Laurent Gbagbo, la défense de certaines valeurs démocratiques, en l’occurrence, les libertés fondamentales, l’indépendance de la justice et la lutte contre la caporalisation des médias publics. Du temps où il était dans l’opposition, il a promis ouvrir la télévision publique (la RTI) à toutes les obédiences politiques. Il n’en a rien été. Durant la décennie passée au pouvoir, la télévision était caporalisée par son clan : n’avaient voix au chapitre que ceux qui se réclamaient de son bord politique ou de la mouvance présidentielle.

A lire aussiSortie de Laurent Gbagbo sur l’endettement de la Côte d’Ivoire: Le ministre Moussa Sanogo donne un cours magistral sur la dette pour les nuls

Sous la Refondation, en 2005, Gbagbo a traduit en justice Kobenan Adjoumani, alors ministre de la Production animale, parce qu’il l’aurait accusé d’être le commanditaire du coup d’État de 1999. Et cela, au mépris de l’immunité que lui conférait son statut de membre du gouvernement.

Par ailleurs, Gbagbo a expulsé, en 2004, vers le Canada, l’Ivoiro-Canadien, Dr Antoine Ahua Junior, alors conseiller du président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly. À l’époque, l’opinion avait crié à la violation de l’article 12 de la Constitution alors en vigueur, lequel stipule qu’aucun Ivoirien ne devrait être contraint à l’exil. Il avait également expulsé, en 2009, l’imam de la grande mosquée chiite de Marcory, Abdul Kobeissi, pour « raisons de sécurité ». L’imam Kobeissi étant Ivoirien à l’époque des faits, selon plusieurs sources, son expulsion a été également perçue comme une violation de la Constitution d’alors, en son article 12. Autant de faits qui montrent à suffisance que Laurent Gbagbo n’a pas toujours œuvré pour la défense des valeurs démocratiques du temps où il régnait sur la Côte d’Ivoire.

Assane Niada

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Inscrivez-vous et recevez chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire