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Laurent Gbagbo et la curieuse plaidoirie pour les criminels et les activistes

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Depuis la fin de la crise post-électorale, l’on avait cru à une compassion partagée, chaque fois que l’ancien président plaidait la cause de ses proches qui étaient emprisonnés. Mais avec le temps et à la lumière de sa sortie au cours de la cérémonie de présentation des vœux des instances de son parti, il ressort clairement que ce n’est pas de la compassion sélective, mais plutôt, une position assumée de Laurent Gbagbo à l’endroit de tous ceux qui veulent déstabiliser la République.

En termes clairs, Laurent Gbagbo est l’avocat de tous les sinistres individus qui ont perpétré des crimes horribles ou qui fomentaient des troubles à l’ordre public ou encore qui mijotaient des projets de déstabilisation des institutions de la République. Et pourtant, dans un discours qui frisait l’irresponsabilité politique, le même Laurent Gbagbo s’est joué la victime, suite au déclenchement de la rébellion de septembre 2002, que tout le monde avait vu venir, sauf lui et les sécurocrates de son régime. 20 années après, toujours le même Laurent Gbagbo qui s’autoproclame chantre de la démocratie et des libertés, devient l’avocat d’individus qui ont tué ou qui veulent attenter aux institutions de la République ou encore soulevé des troubles dans le pays.

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Cette posture dévoile la vraie nature de l’ancien opposant historique qui est tout, sauf un démocrate et un homme d’État. La première cause qu’il a défendue devant ses ouailles, était celle du tristement célèbre Anselme Séka Séka. Croyant attendrir l’opinion, Laurent Gbagbo a évoqué la situation de l’ancien aide de camp de son ex-épouse dont le nom a été abondement cité dans la plupart des crimes des escadrons de la mort. Au cours des procès en assises qui ont lieu dans ce pays, il a été clairement établi que Seka Seka pour qui Laurent Gbagbo éprouve tant de compassion, est celui qui a tué le général Robert Guei, son épouse et son aide de camp, militaire comme lui. C’est encore lui qui a tué à bout portant le chauffeur de l’ancien ministre Joël N’Guessan et son nom est encore cité dans la disparition du journaliste Guy André Kieffer. Voici l’homme qui est « injustement emprisonné », selon Koudou Laurent Gbagbo.

Aller au-delà d’une compassion somme toute sélective pour justifier des crimes est moralement et humainement indécent

Sur le cas de l’activiste Steve Biko qui a été arrêté en Mauritanie, le président du PPA-CI a également crié au scandale. « On prend le Grumman présidentiel pour aller chercher un cyber activiste en Mauritanie. Mais s’il est là-bas et qu’il pianote sur les réseaux sociaux pour critiquer et insulter, qu’est-ce que ça fait ? Il faut le laisser, ça ne fait rien, ça ne change rien à la vie de la Côte d’Ivoire », a soutenu Gbagbo devant les siens le jeudi 23 janvier dernier. À l’analyse de ces propos, l’on comprend aisément pourquoi Laurent Gbagbo a été un chaos pour la Côte d’Ivoire. L’on sait tous que le nommé Steve Biko ne faisait pas de l’humour sur les réseaux sociaux en Mauritanie. Il s’était engagé dans un véritable plan séditieux en s’attaquant aux autorités d’Abidjan. Le nommé Gala Kolebi, lui, s’adonnait à des activités de désinformations susceptibles de soulever des affrontements inter-ethniques.

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Laurent Gbagbo estime qu’appeler au soulèvement et balancer des rumeurs sur les réseaux sociaux, susceptibles d’entraîner des troubles, ne représente rien dans un pays. C’est normal. Pour un ancien président qui banalise le pouvoir quand il était aux affaires, ces inconduites ne pouvaient que prospérer sous son règne. Aujourd’hui, l’on comprend aisément comment et pourquoi Guillaume Soro et ses rebelles ont pu attaquer la Côte d’Ivoire avec une facilité déconcertante au petit matin du 19 septembre 2002. Alassane Ouattara qui sait pourquoi il est élu, ne peut pas laisser prospérer de tels actes malveillants, susceptibles d’entraîner des troubles dans le pays. Peut-être que Laurent Gbagbo ne le sait pas, mais aujourd’hui, les réseaux sociaux sont plus nocifs que les armes conventionnelles. Un Gouvernement responsable ne peut donc pas laisser prospérer de tels agissements susceptibles de semer des troubles dans le pays.

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L’autre vérité qui découle de cette situation, c’est qu’en défendant la cause de Seka Seka, Steve Beko de Nouakchott, Gala Kolebi, qui sont tous ses partisans, Laurent Gbagbo assume indirectement la responsabilité de leurs actes. En plaidant la cause de Seka Seka de cette façon, comme si c’est un innocent injustement emprisonné, Laurent Gbagbo a-t-il pensé aux familles du Général Guei ? de son épouse Rose Doudou ? du capitaine Fabien Coulibaly ? Du chauffeur de Joël N’Guessan ? Oui, il est dans la nature de l’homme d’être compatissant. Mais aller au-delà d’une compassion somme toute sélective pour justifier des crimes est moralement et humainement indécent.

Bernard KRA

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