Après avoir longtemps combattu Alassane Ouattara, vous avez rallié son parti politique depuis le lundi 25 novembre 2024. Comment expliquez-vous ce revirement spectaculaire de situation ?
Il s’explique par le fait qu’Alassane Ouattara a des qualités, des vertus, des compétences avérées. Je n’ai pas voulu les reconnaître et je me suis entêté à le combattre. Juste parce que je ne l’aimais pas, j’étais opposé à lui.
Vous dites avoir noté une différence entre la gouvernance d’Alassane Ouattara et celle des prédécesseurs de Félix Houphouët-Boigny.
La gouvernance d’Alassane Ouattara est d’abord basée sur son leadership, son carnet d’adresses. Alassane Ouattara a fait prévaloir son carnet d’adresses, ses amitiés pour relever la Côte d’Ivoire. Il gère le pays avec rigueur. Un pays ne se gère pas dans les amusements ou la plaisanterie. Il a mis le pays au travail.
C’est vrai qu’il y a eu les procès à la CPI, des arrestations que j’ai déplorés, mais il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, Alassane Ouattara a appelé à ses côtés, des ressortissants de toutes les régions du pays. Ceci prouve qu’Alassane Ouattara n’a pas gardé rancune. Il revient à ceux qu’il a appelés d’attirer auprès d’eux, ceux qui ont encore des griefs contre le pouvoir en place.
Cela fait plus de treize ans qu’Alassane Ouattara est au pouvoir. Pourquoi c’est maintenant que vous décidez de le rejoindre ?
Je n’ai pas rejoint automatiquement le RHDP parce que je n’avais pas vu ce que je vois maintenant, c’est-à-dire des choses qui attirent. J’avais des préoccupations qui n’avaient pas été prises en compte. J’étais donc en mode observation. Sinon, ce ne sont pas les invitations qui ont manqué. Je viens maintenant parce que les conditions sont remplies pour moi. Le RHDP est une grande famille dans laquelle j’ai beaucoup à apprendre.
Vous avez déclaré que le ministre Mamadou Touré, président du Conseil régional et coordonnateur principal régional RHDP du Haut -Sassandra fait partie des personnalités qui vous ont marqué…
Il m’a convaincu parce qu’il a rassemblé toutes les compétences du Haut-Sassandra autour de lui, sans tenir compte de leurs colorations politiques ou de leurs appartenances religieuses. Il m’a nommé dans le bureau du Conseil régional, tout en sachant que je l’ai combattu. Il ne m’a jamais fait de chantage. Son esprit d’ouverture, son humilité, sa disponibilité, son engagement pour le Haut-Sassandra, sa soif pour cette région, son esprit de rassemblement, m’ont convaincu. Il est en phase de réussir son mandat. Je vois pour lui, un grand avenir politique.
« Les gens ne sont pas heureux de mon ralliement au RHDP. On m’appelle pour me menacer »
Aujourd'hui, vous adhérez au RHDP après avoir été le patron de tous les agoras et parlements du Haut-Sassandra. Est-ce parce que vous avez été frustré ou mal récompensé que vous prenez cette décision ?
Non, ce n’est pas parce que j’ai été frustré ou que je n’ai pas été récompensé. Je suis venu par pure conviction. J’ai été le patron de tous les agoras et parlements du Haut-Sassandra pour montrer mon patriotisme. J’étais là pour combattre pour des valeurs que je trouve nobles.
Après avoir rejoint le RHDP, vos camarades d'hier peuvent-ils affirmer que vous ne pesez rien ?
Je suis parti, mais mon téléphone ne cesse de crépiter. Mes partisans sont harcelés par des coups de fils intempestifs. Les gens ne sont pas heureux de mon ralliement au RHDP. On m’appelle pour me menacer. Les gens font des commentaires pour exprimer des mécontentements sur les plateformes où la vidéo de mon ralliement au RHDP a été diffusée. Quand on dit que quelqu’un ne pèse rien, qu’il ne vaut rien, on ne pleurniche pas. On n’en parle pas. Il y a de quoi à s’interroger.
Si celui qui est parti ne pèse rien, son départ est un non-événement. Il n’est pas harcelé par des questions. Il n’y a pas ce remue-ménage ou ce tohu-bohu autour de sa personne.
« On peut tout dire d’Alassane Ouattara, mais c’est un travailleur acharné »
Que répondez-vous à ceux qui disent que politiquement, vous n’avez rien apporté au COJEP ou au FPI du temps de Gbagbo ?
J’ai beaucoup apporté au COJEP et au FPI du temps de Laurent Gbagbo. Les gens arrivaient dans les agoras et parlements, stressés mais ils repartaient heureux. C’était le rôle des orateurs des parlements et agoras. Il y avait des médecins psychologues, des motivateurs. J’ai permis, avec mon micro, de galvaniser des troupes, de sauver psychologiquement des gens, de leur apporter de l’espoir. C’est ce que j’ai fait pour toute l’opposition qui se battait contre le camp qui était au service du président Alassane Ouattara.
En plus, au moment où des partisans de Laurent Gbagbo, Blé Goudé Charles et des Ivoiriens commençaient à douter et désespérer, j’ai sillonné le Haut-Sassandra, ainsi que des localités des régions de La Mé et de l’Agneby-Tiassa pour rassurer qu’ils reviendraient de la CPI.
Pourquoi avoir choisi le RHDP en lieu et place de Stéphane Kipré qui est une figure montante du PPA-CI dans le Haut-Sassandra ?
Bien que j’aie de l’admiration et du respect pour Stéphane Kipré pour ses valeurs de charité, de partage, d’engagement dans la foi chrétienne, j’ai décidé de rallier le RHDP pour deux raisons fondamentales. La première est que j’ai trouvé les mêmes valeurs chez le ministre Mamadou Touré. J’ai découvert que c’est un homme bien.
La deuxième raison concerne le président Alassane Ouattara, pour qui j’ai utilisé des mots méchants au cours des meetings dans les agoras et parlements. Il est arrivé au pouvoir et il a commencé à travailler. Il a commencé à transformer le visage de la Côte d’Ivoire. Il a commencé à donner à l’Ivoirien, sa fierté. On peut tout dire d’Alassane Ouattara, mais c’est un travailleur acharné. Quand il a une idée en tête, il va jusqu’au bout, en dépit de ce que cela peut lui coûter. C’est justement ce qu’il est train de faire dans le pays.
Réalisée par Aristide Otré
