
L’annonce solennelle du ralliement de Jean-Yves Essoh Essis au RHDP n’est pas un simple fait divers, c’est l’ouverture brillante d’un grand opéra de désillusion. Promis à la réunification, notre nouveau maestro semble, par un tour de main dont il a le secret, orchestrer la division avec la précision d’un horloger suisse.
Il veut fédérer, certes, mais à la manière d’un jardinier qui taille sans pitié ce qui dépasse.
Sous la baguette Tidjane Thiam, l’harmonie n’est pas un idéal, c’est une injonction. Ceux qui osent encore penser autrement découvrent qu’ici, l’unanimité n’est pas espérée, elle est imposée.
Jean-Yves Essoh Essis, en homme de goût, a donc préféré quitter le navire avant que la fanfare ne se transforme en marche funèbre.
Lorsque les débats deviennent monologues et que l’esprit critique est prié d’aller planter ses graines ailleurs, changer de rive devient un acte de salubrité intellectuelle.
Le grand ménage sous des airs policés
Avec une dextérité rare, Tidjane Thiam transforme le vieux parti en cercle de réflexion à voix unique.
Son arrivée, vendue comme une renaissance, vire rapidement à rendre la divergence intolérable . Deux choix sont offertes, ployer l’échine ou chercher l’exil politique.
Face à la débandade silencieuse qui ronge lentement ses rangs, l’état-major du PDCI-RDA semble avoir trouvé son salut non dans l’action, mais dans une forme raffinée de déni.
Chaque démission est ainsi soigneusement glissée sous le tapis des convenances, chaque ralliement au camp adverse est relégué dans les marges d’un communiqué compassé.
Pendant que les esprits libres désertent, les communiqués triomphalistes fleurissent.
On danse sur le pont du Titanic en feignant d’ignorer la brèche.
Ironie du sort, celui qui se rêvait grand rassembleur aura réussi là où ses adversaires échouaient : faire du PDCI un club fermé, frileux, jaloux de ses propres certitudes. Sous ses airs policés, l’ère Tidjane Thiam s’annonce comme celle des purges douces, des exclusions élégantes, et des victoires solitaires.
Un chef sans orchestre
Alors que les adieux de Jean-Yves Essoh Essis résonnent comme une note dissonante dans un orchestre soigneusement accordé à l’oreille du chef, une question demeure :
Combien de solistes faudra-t-il encore perdre avant que le grand maestro ne réalise qu’il dirige un public vide ?
Kalilou Coulibaly Doctorant EDBA, Ingénieur.