La commémoration de l’An 2 du décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly s’est déroulée hier, vendredi 1er juillet 2022 au Sofitel Hôtel Ivoire. Elle a été marquée par la graduation des premiers auditeurs et du passage de flambeau entre la 1ère et la 2ème génération de l’Institut de Formation Politique Amadou Gon Coulibaly (IFPAGC), en présence de plusieurs personnalités.
Cette cérémonie marquant ainsi le début des activités commémorant l'an 2 du rappel à Dieu de l'ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, fut riche en enseignements et en émotions. D’autant plus que le Premier ministre Patrick Achi a livré un pan des derniers instants de celui que le RHDP avait choisi pour être candidat à la présidentielle d’octobre 2020.
Son dernier Conseil présidentiel
Ce jour du 08 juillet 2020, à écouter Patrick Achi, l’ex-Premier ministre Amadou Gon Coulibaly est venu comme d’habitude, à la présidence pour le Conseil présidentiel qui ouvre le Conseil des ministres. « Selon ce rituel et ceux qui sont familiers de la présidence, celui du conseil présidentiel. Le jour du conseil des ministres commence par un rituel du conseil présidentiel qui réunit quelques personnes autour du Président de la République pour passer en revue, le contenu du Conseil des ministres. Mais également pour passer en revue, quelques sujets importants de la Nation. Ce jour-là, Amadou était présent, digne. Et nous avons passé un conseil présidentiel merveilleux, fabuleux et normal. Dossier après dossier, question après question. Comme à son accoutumé, il a su répondre avec précision et avec concision. Et nous nous sommes levés et nous sommes descendus comme d’habitude. Calmement, nous avons pris les escaliers et nous sommes allés dans la salle du Conseil des ministres », a relaté le chef du Gouvernement dans une salle complètement silencieuse.
Le témoignage émouvant de Patrick Achi ne pouvait laisser personne indifférent dans la salle. ‘’Petit Papa Gon’’ le fils de l’illustre défunt, digne et calme, assis dans la première rangée auprès des membres de sa famille, avait presque les larmes aux yeux.
À la tâche jusqu’au dernier souffle
Le Premier ministre de continuer en rappelant combien de fois Amadou Gon privilégiait la Nation au détriment de sa vie. « (…) Nous avons commencé ce Conseil des ministres dossier après dossier. Le Premier ministre les a présentés au Président de la République jusqu’au dernier de ces dossiers sans jamais faillir comme d’habitude. Peut-être même mieux que d’habitude. Puis, vers la fin de ce Conseil, j’ai vu Amadou à ma gauche, immédiatement à ma gauche, juste, qui a commencé à toussoter. Juste une petite toux. Rien de très particulier. Et j’essayais de lui faire des signes. Ce n’est pas toujours facile. Le Président est juste en face de vous et on ne gesticule pas de façon inconsidérée. Il faut avoir des attitudes dignes. Et donc, j’essayais de lui faire signe pour lui dire de prendre un verre d’eau et de le boire. Ça devait être sincèrement une petite gêne de toux. Il voyait mon geste, mais il ne bougeait pas. Parce que la fonction de Président de la République et le Président de la République constituaient une Institution si noble que quoi qu’il se passe, il faut laisser le Conseil s’achever dans son rituel normal. Il n’aurait rien fait, il n’aurait dit comme a été toute sa vie et comme a été toute sa carrière. Il aurait été jusqu’au bout. Et il l’a fait. Ce Conseil a donc continué. Et à la fin, le Président de la République parlait, puis à un moment donné, il s’est arrêté. Et il lui a dit : ‘’M. le Premier ministre, est-ce que vous avez quelque chose d’autre à dire ? Non, Excellence M. le Président la République, aucun divers n’a été signalé pour ce Conseil des ministres’’ », a-t-il ajouté.
Se rendant compte certainement que son ‘’fils’’ toussotait effectivement, le Président de la République a mis fin à la séance du Conseil des ministres, relate Patrick Achi, à l’époque des faits, Secrétaire général de la Présidence de la République. « Le Président de la République a demandé à Amadou de venir dans son bureau boire ce verre d’eau. Et il lui a dit : ‘’Amadou, suis-moi’’. Amadou s’est levé. Nous nous sommes levés et il s’est dirigé vers le Président de la République. Puis, on sentait qu’il se sentait un peu mal. Et Masséré (La Directrice de la communication de la Présidence ; Ndlr) s’est approchée de lui, l’a pris par ces allées à côté où nous allions prendre le petit déjeuner ou les cocktails dans les pauses du Conseil. C’était la dernière fois que j’allais voir Amadou. Quinze minutes après, il allait s’éteindre… », se souvient aujourd’hui, son compagnon de lutte au sein du RHDP. Le Premier ministre a conclu en invitant les jeunes à garder une image positive d’AGC. L’image de quelqu’un qui a donné son corps et son âme pour la Nation. « Amadou Gon reste un exemple pour nous tous. Il incarnait le service de l’État et la loyauté. Il a été tout pour nous. Il a dédié sa vie à la Côte d’Ivoire, à servir le pays et à agir pour le bien commun. Il se sentait à l’aise aux quatre coins de notre pays. De son vivant, Amadou voulait inciter les jeunes à suivre ce chemin. Celui de l’action au service de la Nation », a fait noter Patrick Achi.
Une passion pour la Côte d’Ivoire
Lionel Zinsou, ex-Premier ministre du Bénin, s’est quant à lui appesanti sur la passion d’Amadou Gon pour la Côte d’Ivoire et pour Korhogo. Qui du reste, était vivante. « Vous savez, c’est un sacrifice de vie privée que d’être Premier ministre. C’est un sacrifice et une passion au service de l’intérêt général. Ça peut être aussi un sacrifice du corps. Dans les dernières années, c’était quand même impressionnant que le Premier ministre Amadou Gon, dont la santé était certainement fragile, ait entrepris quelque chose, que moi j’ai eu à vivre brièvement, d’assumer le Gouvernement et d’assumer une pré-campagne électorale. Qui est une épreuve physique. Il y a un héroïsme physique du Premier ministre Amadou dans la façon dont il assumait sa fonction », a félicité M. Zinsou.
« Je voudrais dire à la famille Gon, combien j’ai été frappé par le contraste exceptionnel dans la vie du Premier ministre Amadou. Une humilité étonnante. Une réserve admirable. Et en même temps, une passion de la Côte d’Ivoire. Une passion de Korhogo qui était vibrante. Et j’ai été frappé par l’écoute et la bienveillance de ce dernier », a-t-il fait remarquer.
Président du conseil d’Administration de l’IFPAGC, le ministre Mamadou Touré a décliné la suite du programme de la commémoration de l’An 2 de la disparition de l’ex-Premier ministre. Après Daloa, Yamoussoukro et Bouaké, c’est la ville de Korhogo qui va accueillir l’apothéose de cet événement d’envergure nationale.
Faut-il préciser qu’en marge du lancement de la double cérémonie de commémoration et de graduation des premiers auditeurs, le RHDP a signé une convention avec l’IFPAGC pour former ses cadres.
Olivier Yeo