Politique

Lui et ses partisans jubilent après une simple audience avec l’Ambassadeur de France/Laurent Gbagbo : L’incohérence et l’inconséquence d’un faux souverainiste

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Les partisans de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo pavoisent parce que celui-ci a été reçu récemment par l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire. Une curieuse attitude de la part de ceux qui, il y a une quinzaine d’années encore, vouaient aux gémonies les autorités françaises au nom d’un prétendu souverainisme.

« La France dépêche un émissaire chez Gbagbo », « La France re noue le contact avec « le Revenant » Laurent Gbagbo », exultaient en manchette, hier mardi 12 novembre 2024, des journaux connus pour être proches de l’ex-chef de l’Etat et président du PPA-CI. Ils rapportaient, avec une joie criante, une audience accordée par l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean Christophe Belliard, à Laurent Gbagbo, le dimanche 10 novembre 2024.

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Selon le site d’information de Rfi, la rencontre, qui a duré 2h, visait à « rétablir un canal de communication qui s’était rompu depuis la crise électorale de 2010-2011 ». Les échanges, selon la même source, ont porté, entre autres, sur la présidentielle de 2025. Cette ren contre entre l’ex-chef de l’Etat et le diplomate français est loin d’être un fait anodin. On se sou vient que Laurent Gbagbo a eu des rapports tendus avec les autorités françaises du temps où il était au pouvoir jusqu’à sa chute en 2011, à l’issue de la guerre postélectorale.

Présenté comme un souverainiste

Durant la décennie passée au pouvoir, ses zélateurs et autres apparatchiks de son parti d’alors, le FPI, donnaient de lui l’image d’un souverainiste qui était combattu par la France parce qu’il voulait rom pre avec l’attitude paternaliste de Paris à l’égard des dirigeants ivoiriens. Ils le présentaient comme un nationaliste déterminé à rompre avec les pratiques de la Françafrique, supposées maintenir la Côte d’Ivoire sous le joug de la France. Aussi ses partisans, notamment les jeunes patriotes, avaient ils en horreur la France et tout ce qui y renvoyait.

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Être patriote ou nationaliste, laissaient-ils croire, c’était se dresser contre le néocolonialisme ou le néo-impérialisme que la France et ses dirigeants d’alors étaient censés incarner. C’est du moins cette image que Laurent Gbagbo a laissée dans l’opinion nationale et internationale à sa chute en 2010. Aussi est-il sidérant de constater que les mêmes partisans de l’ancien chef de l’Etat se pâment de joie de le voir renouer le contact avec la France à travers la personne de son ambassadeur en Côte d’Ivoire. Ça semble, à minima, incohérent voire inconséquent. Du moins, pour ceux qui croyaient jusque-là que Laurent Gbagbo a toujours agi comme un souverainiste, soucieux de rompre avec les vieilles pratiques de la FrançAfrique.

Ces « cadeaux » faits à la France

L’homme, selon une source à l’époque bien introduite dans le cercle des Refondateurs, était loin d’être le souverainiste que l’on le disait être. Il aurait tout tenté, du temps où il était aux affaires, pour s’attirer les faveurs des autorités françaises de l’époque. Il a ainsi financé la campagne présidentielle de Jacques Chirac, comme l’a du reste révélé Robert Bourgi dans son ouvrage « Ils savent que je sais tout/Ma vie en Françafrique ». Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’il a également financé celle de Lionel Jospin, alors adversaire de Chi rac. Il aurait donné le même montant (2 milliards de FCFA) à l’un et l’autre. Ce qui aurait déplu aux socialistes, qui estimaient l’avoir aidé à accéder au pouvoir. Un souverainiste peut-il s’autoriser de telles pratiques qui confinent aux manœuvres de la Françafrique ? Par ailleurs, soutient la même source, Laurent Gbagbo avait cédé, de gré à gré, le terminal à conteneurs du port d’Abidjan au groupe français Bolloré.

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Un tel « cadeau » jure avec l’orthodoxie en matière de passation de marché, la quelle aurait nécessité un appel d’offres, assure notre source. Des informations qui rejoignent ceux d’un certain Mamadou Koulibaly, qui était le n°2 du régime, du temps où Gbagbo était au pouvoir. « Gbagbo Laurent a été le meilleur défenseur de la France. Il a tout donné aux Français. Il a renouvelé les concessions de l’eau et de l’électricité à son ami Martin Bouygues, de gré à gré. Pareil pour la téléphonie, qu’il a redonnée hors toute procédure légale à France Télécom. Il a offert le terminal à conteneurs du port d’Abidjan à Bolloré, sans appel d’offres Malgré toutes nos mises en garde, il a confié l’élaboration et la gestion du fichier électoral à la Sagem. Sa campagne a été conçue et gérée par Stéphane Fouks, d’Euro RSCG (…) Il a confié ses sondages à la Sofres, entreprise française. Entre les deux tours, Gbagbo s’est même empressé d’octroyer des blocs pétroliers à la frontière du Ghana au groupe Total, comme ça, cadeau », s’était-il vidé quelque temps après la chute de Gbagbo.

L’ONU vomie hier, sollicitée aujourd’hui

On le voit donc, Laurent Gbagbo a toujours couru après la reconnaissance des autorités françaises. Il a toujours voulu être adoubé par Paris, par delà la forfanterie de ses partisans tendant à soutenir le contraire. D’où cette incohérence qui transparaît dans ses pos tures ou celles de ses in conditionnels, comme lorsqu’ils appellent au secours l’ONU pour qu’elle fasse pression sur le pouvoir pour qu’il relance le dialogue politique avec l’opposition avec le secret espoir que cela débouche sur la ré intégration de Laurent Gbagbo sur la liste électorale. Et dire que les mêmes s’étaient élevés contre la certification du scrutin présidentiel de 2010 par le Représentant de l’Onu, Young-J Choi, accablé à l’époque de tous les noms d’oiseau. Vous avez dit inconséquence ? Nous y sommes.

Assane NIADA

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