A 11 mois de l’élection présidentielle pour laquelle il peine à se trouver un candidat, le Parti des peuples africains de l’ancien président Laurent Gbagbo continue de s’illustrer de la plus mauvaise des manières sur la scène politique. On le sait, la mauvaise foi et la roublardise sont inscrites dans l’ADN des principaux dirigeants de cette formation, mais en ce 21è siècle, Laurent Gbagbo et les siens devraient reformater leur logiciel popu liste qui ne fait plus recette. Dans le cadre de l’opération de révision de la liste électorale qui doit prendre fin ce dimanche 10 novembre, le PPA-CI, dans une vraie posture alambiquée, avait appelé ses militants à s’inscrire « massive ment » sur les listes tout en continuant de jeter aux orties l’institution en charge de conduire le processus. Dès le départ, l’on savait tous que le PPA-CI qui est en panne sèche de stratégies n’avait aucune approche pour amener ses militants à adhérer massivement à un processus qu’ils ont longtemps voué aux gémonies.
Mais la sortie en ce début de semaine du Pro fesseur Sébastien Dano Djédjé, l’une des éminences grises de cette formation, traduit éloquemment le manque de sérieux de ce parti et de ses responsables. Dans ses diatribes, le président exécutif du PPA-CI estime qu’au regard des observations et analyses recueillies sur le terrain, l’opération de révision de la liste électorale « s’apparente à une escroque rie d’ordre intellectuelle, politique et sociale ». Dans un premier temps, le PPA-CI dé nonce une « gestion centralisée et opaque » de la CEI qui en tache la crédibilité et la transparence de l’opération. Mais de quoi parlent au juste Dano Djédjé et le PPA-CI ? Comment un parti qui a désigné un représentant à la commission centrale en la personne de Demba Traoré, peut parler de centralisation des opérations et de gestion opaque alors que dans chaque région, chaque département, chaque sous-préfecture et chaque commune, la CEI a des représentations ? Si ce n’est pas une fuite en avant pour justifier son incapacité à mobiliser les populations, ce n’est pas loin de l’être.
De plus, deux semaines après son lancement, incapable de dire ce qu’il a fait pour amener les ivoiriens à s’inscrire sur la liste électorale, le parti de Gbagbo a sorti des arguties loufoques comme des « interprétations approximatives, abusives et tendancieuses des textes pour exclure des citoyens ou les décourager à ne pas adhérer au processus ». Comment peut-on objectivement avancer de tels arguments dans un contexte où l’on accuse même la CEI et son président de faire la surcommunication ? Et comme si cela ne suffisait pas, Dano Djédjé et le PPA-CI demandent une prorogation de trois mois de l’opération de révision de la liste électorale. Pour des gens qui ont déjà dirigé le pays, savent-ils ce que coûtent les trois semaines d’enrôlement avec 12 000 centres ouverts ? Ne savent-ils pas que la CEI a des contraintes de dates que lui imposent la Constitution et le Code électoral ?
Comment le PPA CI peut laisser les millions d’ivoiriens qui sont dans le pays profond, à Gagnoa, Man, San Pedro, Bondoukou, Korhogo etc et proclamer l’échec de l’opération de révision de la liste électorale tout simplement parce que la CEI n’a pas ouvert des centres dans les Etats contrôlés par des terroristes ?
L’autre argument qu’avance le PPA-CI pour dire que l’opération est un échec consiste à dire que la CEI n’a pas ouvert des centres dans des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Sur ce point, l’on pouvait comprendre Mon sieur Dano Djédjé s’il faisait preuve d’une petite once de lucidité et de réalisme politique. Dano Djédjé qui est universitaire connait la situation qui pré vaut actuellement dans les pays qu’il a cités. Il sait que ces trois pays qui sont dans une instabilité chronique sont dirigés par des militaires qui menacent la Côte d’Ivoire. Il sait aussi que chaque jour, des terroristes font des morts dans ces trois pays et il sait enfin que la moitié des écoles dans chacun de ces pays a pratiquement fermé et de nombreux ressortissants de ces pays sont des réfugiés en Côte d’Ivoire.
Comment le PPA-CI peut laisser les millions d’ivoiriens qui sont dans le pays profond, à Gagnoa, Man, San Pedro, Bondoukou, Korhogo etc et proclamer l’échec de l’opération de révision de la liste électorale tout simplement parce que la CEI n’a pas ouvert des centres dans les Etats contrôlés par des terroristes ? Il est vrai qu’en matière d’élection, une voix est une voix, mais parfois, il faut quitter les sentiers battus de la politique politicienne et savoir raison garder. Surtout quand celui qui évoque la question est un universitaire émérite. Non, il ne faut pas se leurrer. Le PPA-CI comme à son habitude est dans le déni permanent. Dans une telle sortie, il aurait été plus logique pour le parti de Gbagbo de dresser à son niveau un petit bilan du travail qu’il a fait pour accompagner ce processus parce que les premiers destinataires et bénéficiaires de cette opération, ce sont les partis politiques. Que nenni ! La mauvaise fois étant la chose la mieux partagée au sein des pro-Gbagbo, ils sont décidé de verser dans le dilatoire et les propos creux et improductifs. C’est ça, le vrai visage du PPA CI et de son président. Ni plus, ni moins.
Bernard KRA