Ce processus est lancé, alors que la question électorale a fait et continue de faire couler assez d’encre et de salive. Il constitue un point d’achoppement et de crispation du débat national et mérite que chacun y jette un coup d’œil pour se faire une opinion.
Les attentes d’un processus au long cours
Conformément aux textes en vigueur, la liste électorale doit être revue périodiquement afin de la toiletter et d’y ajouter les personnes ayant acquis le droit d’y figurer. Pour cette session, environ 12 000 lieux de recensement sont ouverts. L’objectif est d’enrôler plus de 4 millions de nouveaux électeurs, principalement les nouveaux majeurs. Des réformes ont été apportées afin de faciliter l’inscription. On peut citer, entre autres éléments, la gratuité du certificat de nationalité.
Par ailleurs, les détenteurs de la nouvelle carte nationale d’identité ne doivent plus fournir certains documents à l’inscription sur la liste électorale. La prise de ces décisions fait suite à des positions exprimées dans l’opinion publique nationale. Cela vient témoigner de ce que cette opinion publique gagne de l’espace et devient de plus en plus capable d’influencer des décisions d’intérêt public. C’est un pas important qu’il faut souligner et s’en féliciter. Cette étape sera suivie par d’autres dont le contentieux qui laisse la possibilité de contester des inscriptions jugées illégales. Là encore, le citoyen lambda a le droit de s’opposer et de faire valoir son droit dans le cadre de la loi.
Ce qui est en jeu dans le processus
Pour faire une analyse politique, il faut dire que l’inscription sur la liste électorale est le point de départ du processus électoral. Dès lors, les potentiels candidats et les observateurs de la vie politique et des élections en Côte d’Ivoire, comme partout ailleurs, devront se donner les moyens de suivre avec intérêt, les opérations. La victoire électorale, pour un parti politique ou pour un candidat, dans le contexte ivoirien, se détermine par sa capacité à mobiliser ses partisans afin qu’ils s’inscrivent pour avoir la qualité d’électeur.
Les meetings et autres activités de mobilisation sont d’un impact très faible, si l’on n’a pas cette qualité. Mieux, elle est indispensable si l’on veut participer à la forme suprême de prise de décision concernant l’avenir de la communauté : le choix des gouvernants, le choix du président de la République dans un système de démocratie au suffrage universel. Vu sous cet angle, l’inscription est avant tout une affaire de citoyenneté. Chaque citoyen est au cœur du processus. Il s’agit d’une responsabilité collective qu’il faut assumer. Le débat sur les réseaux sociaux vaut son pesant d’or. Cependant, à un moment donné, il faut quitter le virtuel pour s’engager dans le monde réel, là où les décisions impactent le quotidien et l’avenir à la communauté.
Pr Nanourougo Coulibaly