Lors d'une interview accordée à AFO Media le 16 octobre dernier, Gbagbo a exprimé une position favorable aux régimes militaires actuellement en place au Mali, au Burkina Faso et au Niger, des gouvernements arrivés au pouvoir par des coups d'État.
Ces déclarations surviennent dans un climat de crise diplomatique, marqué par le rappel du personnel diplomatique burkinabè d'Abidjan, dans un contexte d’accusations mutuelles de déstabilisation entre les deux pays. Gbagbo a déclaré qu'il considérait ces régimes comme « des États, tout simplement », légitimant de facto leur accession au pouvoir par la force. Son soutien n’est pas une surprise : dès février 2024, son parti, le PPA-CI, avait manifesté une « solidarité pleine et entière » avec ces gouvernements putschistes.
Cette proximité avec l'AES est perçue par certains comme une réminiscence des relations tumultueuses de Gbagbo avec la France, qu'il accuse d'avoir orchestré sa chute en 2010. Pour lui, ces régimes sont des « résistants » face à ce qu'il appelle « l’ordre colonial ».
Cependant, cette posture suscite des critiques en Côte d'Ivoire, notamment après la visite de Justin Koné Katinan, bras droit de Gbagbo, au Burkina Faso en juillet, qui a provoqué une vive polémique. Ce soutien ouvert aux putschistes a conduit à une plainte du Parti pour le Progrès et le Socialisme (PPS) contre Katinan pour « atteinte à la sûreté de l’État » et « apologie des coups d'État ».
Alors que la Côte d'Ivoire traverse une période de tensions régionales, la position de Gbagbo soulève de nombreuses interrogations sur ses intentions politiques et diplomatiques, à l'approche de l'élection présidentielle de 2025, pour laquelle il reste inéligible.
Olivier YEO