C’est une aventure qui a commencé en 1973 quand deux tourtereaux se sont rencontrés dans la lutte syndicale. De cette rencontre, naît un amour qui a traversé les tempêtes les plus rudes avant de goûter aux délices du pouvoir en 2000. Mais ce qui devait être une vraie histoire d’amour et un modèle de couple à enseigner à ceux qui font des rencontres sur le terrain politique, vient de se terminer en eau de boudin. Simone Ehivet n’est plus l’épouse de Laurent Gbagbo et elle ne portera plus son nom. Ainsi en a décidé la justice ivoirienne qui a prononcé le divorce, ce jeudi 29 juin 2023, soit une semaine après la célébration de l’anniversaire de l’ex-Première dame. L’information a été rendue publique par Me Ange Rodrigue Dadjé, avocat de Simone Ehivet dans un communiqué de presse dont nous avons reçu copie. Ce qui était un secret de polichinelle depuis quelques années, vient d’être conformé par la justice ivoirienne. Depuis hier, le rideau s’est donc fermé sur 50 ans de vie de couple entre Simone Ehivet et Laurent Gbagbo. Mais quelle leçon retenir de ce demi-siècle de vie commune entre deux êtres que tout a réunis mais qui ont fini par se séparer de la façon la moins élégante?
Si l’on s’en tient à la teneur du communiqué de presse transmis par l’avocat de Simone Ehivet, l’on peut soutenir que la justice a tranché en faveur de celle qui a été Première dame de la République de Côte d’Ivoire pendant dix ans. « Le divorce a été prononcé aux torts exclusifs de Monsieur Laurent Gbagbo, pour adultère caractérisé et notoire, abandon de domicile conjugal et injures graves à l’encontre de Madame Simone », indique le communiqué de presse de l’avocat. Cela sous-entend que c’est Laurent Gbagbo qui est fautif dans l’affaire. Ce qui intrigue davantage, ce sont les motifs du divorce tels que relaté par l’homme de droit. Gbagbo s’est rendu coupable « d’adultère caractérisée et notoire ». La définition que donne le lexique juridique à l’adultère est tout aussi ahurissant. C’est « le fait pour un époux ou une épouse de violer son serment de fidélité, de partage, et d'avoir des relations sexuelles avec une personne autre que son conjoint envers qui il a affirmé ce serment ». Voici donc ce dont s’est rendu coupable l’ancien président. Sur la question, point n’est besoin de fouiner pour chercher la vérité, parce que le concerné lui-même ne s’en cachait pas. Laurent Gbagbo n’avait pas encore rompu d’avec Simone. Devant la loi, ils étaient encore mari et femme. Mais cela n’a pas empêché Laurent Gbagbo, lors de son retour de la CPI, de s’entrelacer dans les bras d’une autre femme à sa descente d’avion, le 17 juin 2021. Plus grave, d’un geste de la main à la fois inélégant et répugnant, il avait éconduit son épouse légale et légitime d’alors, devant toutes les caméras du monde entier.
Ce geste, en son temps, n’a pas été du tout apprécié par les féministes et beaucoup d’admirateurs de l’ancien président. Dans les jours qui ont suivi son retour, Laurent Gbagbo avait introduit une procédure de divorce le 21 juin 2021, « en raison du refus réitéré depuis des années de dame Simone Ehivet de consentir à une séparation amiable ». L’ex-Première dame avait elle aussi, une arme secrète : Quand le pouvoir a décidé de faire le rappel de la rente viagère de Laurent Gbagbo, Simone, en sa qualité d’ex-Première dame et épouse légale, avait introduit une procédure auprès de la justice pour faire bloquer ce gros pactole qui venait tomber, dont elle pouvait ne pas bénéficier. Et elle a été suivie par la justice qui a donné un avis favorable à sa requête en attendant le dénouement de la procédure pour casser le mariage. Le divorce de Laurent Gbagbo d’avec Simone sonne donc la fin de ce télénovelas des lagunes où le sexe et le pouvoir se sont conjugués à un temps imparfait. Mais la saison 2 de ce feuilleton qui va commencer bientôt avec la gestion des conséquences de ce divorce, sera aussi palpitante que la première. Allumez la télé, prenez vos tabourets et attendez!
Kra Bernard
