Politique

Financement de la campagne de Chirac, présidentielle 2010, critiques contre Ouattara/Laurent Gbagbo : l’inconséquence jusqu’au bout…

financement-de-la-campagne-de-chirac-presidentielle-2010-critiques-contre-ouattara-laurent-gbagbo-linconsequence-jusquau-bout
Laurent Gbagbo est passé à côté de la plaque lors de l’interview accordée à Alain Foka. (Ph : DR)
PARTAGEZ
Dans une interview accordée à Alain Foka sur www.afomedia.com,  l’ancien chef de l’État, Laurent Gbagbo, confirme les dires de Robert Bourgi, qui affirmait avoir reçu de lui, 3 millions d’euros pour l’ancien président français Jacques Chirac. Il revient également sur la présidentielle de 2010, qu’il maintient avoir gagné. On est là visiblement entre graves aveux et contre-vérités.

Dans son ouvrage intitulé « Ils savent que je sais/ Ma vie en FrançAfrique », l’avocat français, Robert Bourgi, révélait avoir reçu de Laurent Gbagbo, la somme de 3 millions d’euros destinés au président français d’alors, Jacques Chirac. Des faits que Laurent Gbagbo a confirmés dans l’interview qu’il a accordée à Alain Foka. « Oui. C’est exactement 2 milliards de F CFA… », a-t-il répondu à la question de savoir s’il a dû acheter la paix en donnant de l’argent à Paris.

Souverainiste et adepte de la FrançAfrique

Étonné que son interlocuteur crache le morceau, le confrère de lui demander : « Mais pourquoi vous donnez ? ». Réponse de Gbagbo : « Parce qu’on m’a demandé ». Effaré, le confrère le relance : « Mais vous ne donnez pas tout ce qu’on vous demande ? ». Réponse de l’interviewé : « Ecoute, c’est Chirac ! ». Une réponse pour le moins inconsistante, voire incongrue pour quelqu’un qui se proclamait souverainiste et annonçait urbi et orbi qu’il voulait rompre avec les vieilles pratiques de la FrançAfrique. Il paraît, en effet, inconséquent qu’un héraut du souverainisme soudoie un président français, pourtant taxé, à l’époque des faits, de néocolonialiste et voué publiquement aux gémonies. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Laurent Gbagbo est disqualifié pour se poser en souverainiste, pour avoir trempé dans les pratiques inhérentes à la FrançAfrique avec lesquelles il prétendait vouloir rompre à son accession au pouvoir.

A lire aussiÀ 14 mois de la présidentielle de 2025: Blé Goudé tourne le dos à Gbagbo et s’allie à Simone

Outre cet aveu, l’ancien chef de l’État s’est livré à des contrevérités en revenant sur la présidentielle de 2010. « Nous savions depuis toujours que j’avais gagné la présidentielle de 2010. Le problème, c’est que le gouvernement français, dirigé alors par Nicolas Sarkozy, ne voulait pas du tout me voir (…) Du côté de Paris, on ne m’attendait pas à la présidence de la République », a-t-il fanfaronné. À son intervieweur qui lui suggérait que son adversaire d’alors, Alassane Ouattara, n’a donc pas gagné les élections, il a répondu : « Il y a longtemps que je le dis. Je leur avais même proposé de venir recompter les bulletins électoraux. A Bouaké, qui était la capitale de la rébellion, les gens ont donné plus de 100 000 voix à Ouattara ». 13 ans après ces douloureux événements, l’ancien chef de l’État continue donc de clamer qu’il avait gagné le scrutin présidentiel de 2010.

Présidentielle 2010, 4e mandat : que de contrevérités !

On est là dans un cas flagrant de dénégation d’une défaite électorale que tous les acteurs qui sont intervenus dans la crise postélectorale ont confirmée. Du certificateur du scrutin d’alors, Young Ji Choi au panel de l’Union africaine, en passant par les médiateurs mandatés par la CEDEAO. Tous ont conclu à la victoire d’Alassane Ouattara. Même le président du Conseil constitutionnel d’alors, Paul Yao N’dré, qui avait proclamé Gbagbo vainqueur, s’est par la suite dédit en avouant publiquement avoir été « possédé par le satan ». Avant lui, c’est l’ancien n°2 du régime Gbagbo d’alors, Mamadou Koulibaly, qui a dit publiquement que Laurent Gbagbo n’avait pu gagner ces élections. « Je suis allé voir Gbagbo chez lui pour lui dire qu'il a perdu les élections et qu'il doit céder le pouvoir », a-t-il soutenu, quelque temps après la chute du pouvoir des socialistes. La vérité, c’est cela. Libre à l’ancien chef de l’État de continuer à s’accrocher à des certitudes censées doper son moral et celui de ses partisans.

A lire aussiAppel à l’union de l’opposition de Laurent Gbagbo : De rien, rien ne peut sortir…

Dans la même interview, Gbagbo estime que Ouattara n’est guère fondé à exercer actuellement le pouvoir et même de vouloir éventuellement être candidat à la présidentielle de 2025. « Ce qu’Alassane fait et qui est condamnable, ce n’est pas qu’il soit candidat, mais qu’il soit candidat pour un 4e mandat. Alors que la constitution dit de façon claire et nette qu’aucun individu ne peut être président pour plus de deux mandats », a soutenu Gbagbo. Et d’ajouter : « Ce qui est la faute, c’est que nous sommes déjà dans son 3e mandat, ce qui est une faute. Non seulement, il fait une faute, mais il veut amplifier la faute en allant pour un 4e mandat ». Pour lui donc, Ouattara « est dans l’illégalité totale ». La position de l’ancien chef de l’État est pour le moins discutable. De fait, des juristes, au nombre desquels le président du Conseil constitutionnel d’alors, Mamadou Koné, estimaient que la nouvelle loi fondamentale votée en 2016 ayant instauré une troisième République, le compteur était remis à zéro et donc que le président sortant qu’était Alassane Ouattara, était fondé à se porter à nouveau candidat. C’est sur cette base-là que les mêmes juristes estiment qu’il est encore fondé à candidater à la présidentielle 2025 pour un deuxième mandat de la 3e République, si le cœur lui en dit. De ce point de vue, Laurent Gbagbo a tout faut d’avancer que Ouattara lorgne un 4e mandat, alors même qu’il exerce actuellement un 3e.

Assane Niada

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Inscrivez-vous et recevez chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire