Près de 40 années après des espoirs déçus, Laurent Gbagbo peut-il valablement aujourd’hui prétendre réunir à nouveau l’opposition et en prendre le leadership ? L’analyse du passé et du présent de Laurent Gbagbo amène à croire que le président du PPA-CI est totalement disqualifié pour prétendre prendre le leadership de l’opposition ivoirienne. Les hauts faits de trahison, de double jeu et de roublardise sont encore là pour l’attester parce que, qui a trahi trahira. En 1990, il a été à la base de la désintégration de la Coordination de la gauche en trahissant ses camarades de la gauche comme Francis Wodié, Zadi Zaourou et Bamba Moriféré pour se porter candidat contre le père fondateur Félix Houphouët-Boigny. En 1995, le double jeu de Laurent Gbagbo a été à l'origine de la dislocation du Front républicain, une alliance formée avec le RDR. En 2000, le même Laurent Gbagbo a usé de roublardise pour coiffer au poteau le général Robert Gueï pour être élu dans des conditions calamiteuses. L’on a encore en mémoire la fameuse allégorie du ‘‘Boulanger’’ que le général Guéï n’a jamais digéré jusqu’à son assassinat par la garde prétorienne du même Laurent Gbagbo. Un leader capable de telles trahisons et de telles pirouettes politiques ne peut être considéré comme un rassembleur digne de confiance pour diriger une coalition politique. Même dans sa propre famille politique, il s’est montré incapable de transcender les divergences internes inhérentes à toute organisation pour unir son petit monde. Ainsi donc, après la perte du pouvoir, il a rompu politiquement et du point vu marital avec sa femme Simone.
Il s'est également séparé de son ancien bras droit, Pascal Affi N’Guessan et a coupé les ponts avec Charles Blé Goudé, un acteur clé de son maintien à la tête de l’état pendant ses dix années de pouvoir. 35 années après les années 1990, Laurent Gbagbo, physiquement et politiquement affaibli, veut se positionner comme le nouvel héraut de l’opposition ivoirienne. Et comme il a toujours fonctionné, dans les alliances, c’est lui Gbagbo qui doit naturellement être le monteur et les autres, le cavalier. Voici le vrai visage de l’homme qui a lancé l’appel de Bonoua. Il ne faut pas avoir peur des mots. Cet appel de Gbagbo est une fourberie de trop. Pour ce qu’il a été dans ce pays, dans l’opposition et à l’exercice du pouvoir, Gbagbo ne peut aucunement incarner ce leadership qui pourra rassembler l’opposition ivoirienne. Un leader incapable de faire preuve de dépassement de soi pour rassembler ses lieutenants et qui ne prospère que dans les querelles de clocher, ne peut prétendre rassembler cette opposition. Mieux, le niveau auquel le président Alassane Ouattara a positionné le pays appelle à un changement radical de posture politique, même dans l’opposition. Un chef de parti abonné aux trahisons dans ses alliances, un président de la République qui n’a pas pu éviter une rébellion dans son pays et qui a plongé ce même pays dans une profonde crise post-électorale et qui est dans les petitesses dans son propre parti politique, mérite simplement d’aller à la retraite pour écrire ses mémoires. C’est le seul service que Gbagbo peut rendre à la postérité. Si l’on était dans le domaine du football, l’on dirait que Alassane Ouattara a instauré un championnat très relevé pour lequel des joueurs en fin de carrière avec un parcours chaotique n’ont plus leur place.
Bernard KRA
