« Comment sauvegarder la démocratie et éviter une autre crise post-électorale en Côte d’Ivoire ? » était le thème autour duquel le porte-parole adjoint du gouvernement a débattu à bâtons rompus avec les journalistes. Du retour annoncé de Guillaume Soro à l’appropriation de grands projets par Tidjane Thiam, en passant par la réinscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale, la question de l’endettement évoquée par Koné Katinan, tout y est passé. Mamadou Touré, sans détour, a répondu à toutes les questions.
Répondant aux premières questions, le ministre Mamadou Touré a marqué sa gêne par l’attitude adoptée par le président du PDCI-RDA, qui s’approprie plusieurs projets réalisés en Côte d’Ivoire. Au nombre de ceux-ci, on peut citer, entre autres, le 3e pont, la mosquée du Plateau, l’autoroute du Nord, les 12 chantiers de l’Éléphant d’Afrique. Pour Mamadou Touré, en agissant de la sorte, Tidjane Thiam dénie à Henri Konan Bédié, tout ce qu’il a fait. Il est d’autant plus outré que Tidjane Thiam agisse de la sorte, alors que Bédié n’est pas encore inhumé. « À entendre le président du PDCI-RDA, il a tout fait. (…) Le président Henri Konan Bédié est décédé. Il n’est même pas encore enterré et on s’approprie tous ses projets. C’est comme si le président Bédié n’a rien fait du tout. Dans sa volonté de recherche de légitimité, on va jusqu’à remettre en cause le bilan du président Henri Konan Bédié. En réalité, on a tout fait », fustige le porte-parole adjoint du RHDP. Il se pose, par la suite, la question de savoir « comment le président Bédié réagit de là où il est ? ». Puis, le ministre Touré de faire cette révélation concernant les 12 chantiers de l’Éléphant d’Afrique sur la base de confidences faites par le ministre Dimba Pierre. Selon ces informations, ce projet est une initiative de 5 cadres du BNETD, au nombre desquels Dimba Pierre et Jean Bonin. Ils l’ont présenté au Directeur général du BNETD, puis au président Henri Konan Bédié, qui l’a adopté dans son programme. Pour Mamadou Touré, partant de ce fait, ce projet fait partie du programme du président Henri Konan Bédié. Dès lors, pour lui, personne d’autre ne peut alors le revendiquer.
« Jamais, je n’accepterai qu’ADO soit traité comme il a été traité »
Autre question, autre réponse, celle relative à Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale. La question sur Soro lui a permis de clarifier les propos qu’il avait tenus récemment à son endroit. Il tient à préciser qu’il a salué la démarche de Soro Guillaume pour le pardon qu’il a demandé au chef de l’État. Il a dit donc être favorable au retour de ce dernier. Mamadou Touré a également indiqué qu’il fallait attendre de voir les actes supplémentaires que ses partisans et lui vont poser pour croire en la sincérité de son repenti. Il dit n’avoir pas de problème de personne avec Guillaume Soro, contrairement à ce que d’aucuns pourraient croire. Le seul problème pour lui, est qu’il y a eu à un moment donné, une divergence de principe. « (…) Pour nous, la ligne rouge, c’est le président Alassane Ouattara. Jamais, je n’accepterai que le président Alassane Ouattara soit traité comme il a été traité. C’est une question de valeur et de principe », affirme le ministre Mamadou Touré. Il ne cache pas son scepticisme au regard de l’attitude des partisans de Soro Guillaume. « Quand on regarde l’attitude de ses partisans, il y a de quoi à se poser des questions. Le premier ennemi de Soro, c’est ceux qui l’entourent », déplore-t-il.
Quant au débat concernant la réinscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale, Mamadou Touré souligne que cette question ne relève pas de la compétence du président de la République, mais plutôt de la Commission électorale indépendante (CEI). Il recommande aux partisans de l’ex-chef de l’État de s’adresser à cette institution. « Nous avons des institutions qui fonctionnent. Il faut leur faire confiance ». Car, Alassane Ouattara ne peut intervenir que pour accorder une amnistie. Pour cela, faut-il encore que la personne condamnée reconnaisse son tort. Or, dans le cas d’espèce, il note que Laurent Gbagbo, le président du PPA-CI, ne reconnaît pas la condamnation de vingt ans qu’il encourt.
Organisation de la présidentielle de 2025 : toutes les conditions sont réunies pour un bon scrutin
Intervenant sur l’organisation de l’élection présidentielle de 2025, Mamadou Touré affirme que toutes les conditions sont réunies pour le bon déroulement du scrutin. « Ces élections vont se tenir dans un climat apaisé, dans un climat de sécurité optimale. (…) Normalement, les mesures qui ont été prises, l’environnement qui a été créé, devraient permettre d’avoir encore une fois (…) des élections transparentes, inclusives ». Pour lui, le seul souci se trouve au niveau des acteurs politiques. « L’un des éléments qui sera déterminant, est le niveau de responsabilité des acteurs politiques dans nos discours, dans nos actes, dans notre acceptation des règles du jeu démocratique. Si cela est fait, je peux vous dire que la Côte d’Ivoire organisera l’une des meilleures élections démocratiques en Afrique ».
Mamadou Touré a clos la série des questions en fustigeant l’attitude de Koné Katinan, vice-président du PPA-CI, qui tend à faire croire que le pays est surendetté. Pour lui, la lecture du FMI et les institutions financières indiquent le contraire. D’ailleurs, pour le ministre Mamadou Touré, la Côte d’Ivoire s’endette pour son développement.
Aristide Otré
