La blogosphère s’est réveillée le 4 avril 2024 avec une information qui a fait le tour de la toile : le président de la République, Alassane Ouattara et l’ex-président de l’Assemblée nationale et ex-Premier ministre, Guillaume Soro, se sont parlé par téléphone. L’on avait d’abord cru à un canular jusqu’à ce qu’un communiqué officiel du chargé de communication de Guillaume Soro, Touré Moussa, confirme l’information. « Un chef d’État, qui est ami des deux hommes, a convaincu Guillaume Soro de passer un coup de fil à Alassane Ouattara pour le remercier d’avoir étendu la mesure de grâce présidentielle à certains de ses proches compagnons », a indiqué Touré Moussa. Selon lui, l’ancien Premier ministre estime que le temps est venu « d’amorcer un dégel ». Puis, Soro lui-même a confirmé l’information via les réseaux sociaux. « Ce n’est pas un poisson d’avril. La prochaine fois, ça sera en Côte d’Ivoire. L’élection présidentielle de 2025 n’est plus loin. Il faut s’activer », a-t-il balancé sur le réseau social X, anciennement Twitter.
Ce que disent les activistes pro-Soro sur la toile
Ce rétablissement du téléphone rouge est, à n’en point douter, un signe de décrispation entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro. Il intervient dans la foulée de la libération des proches de l’ancien président de l’Assemblée nationale, détenus depuis quelques années, pour atteinte à la sûreté de l’État, au nombre desquels son ancien directeur de protocole Souleymane Kamaraté dit Soul to Soul. Ce coup de fil allait donc dans le bon sens. Sauf que, à peine l’information a-t-elle été rendue publique, des cyberactivistes, partisans de Soro, ont commencé à faire la fine bouche sur la toile, en laissant croire que ce n’est pas leur mentor qui était demandeur de ce coup de fil. Mieux, ils prétendent que c’est Ouattara et le RHDP qui espèrent tirer parti du retour de Soro dans la perspective de l’élection présidentielle de 2025. Une posture arrogante qui jure avec l’intention de « dégel » affichée par leur icône. En agissant ainsi, ils donnent le sentiment de jouer contre l’élan de décrispation amorcé par ce coup de fil de début avril.
Ce qui a amené le porte-parole adjoint du gouvernement, Mamadou Touré, à réagir. Il a salué ce pont jeté entre Soro et le président de la République et président du RHDP. Puis, il a souligné que contrairement à ce que laissent croire ses partisans, c’est plutôt Soro qui a appelé Ouattara pour lui demander pardon pour tous les torts qu’il lui a causés. Il a, par ailleurs, appelé à la sincérité de l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Comment en effet ne pas s’interroger sur la sincérité du rapprochement quand des partisans de Soro comme Kader Diarrassouba continuent de brocarder des cadres du RHDP, en l’occurrence le porte-parole adjoint de ce parti, Mamadou Touré. « Le sujet est trop sérieux pour être traité comme un débat de « grin », écrit-il sur X. Plutôt que de faire amende honorable et s’inscrire dans la dynamique de dégel engendrée par le coup de fil entre Soro et son « père » Ouattara, ce cyberactiviste et bien d’autres, semblent avancer masqués, le couteau entre les dents. On observe la même désinvolture chez l’ivoiro-camerounais Franklin Nyamsi, qui reprend à son compte, une théorie complotiste visant à répandre l’idée qu’une menace pèsera sur la vie de Soro s’il venait à rentrer en Côte d’Ivoire. Dans une vidéo publiée sur son compte X, le 14 avril 2024, il se fait l’écho de ce narratif pour le moins ridicule, tendant à salir l’image du pouvoir. Évidemment, cette attitude des partisans de Soro n’est guère de nature à accompagner les bonnes dispositions d’esprit ayant favorisé la restauration du contact entre l’ancien président de l’Assemblée nationale et le chef de l’État, après plus de quatre ans de rupture.
Assane Niada
