Politique

Succession de Bédié: Le PDCI-RDA pris à son propre piège !

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De son vivant, il était impensable, au PDCI-RDA, d’envisager l’éventualité de la succession d’Henri Konan Bédié. (Ph : DR)
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Le 16 décembre 2023, le PDCI-RDA élira un successeur à son défunt président Henri Konan Bédié. À moins de deux mois de ce tournant, décisif pour la survie de ce parti sexagénaire, ce rendez-vous s’annonce houleux, eu égard aux velléités de candidatures qui sourdent depuis quelque temps.

Qui va succéder à Henri Konan Bédié à la tête du PDCI-RDA ? Bien malin qui pourra le dire à moins de deux mois du 8e congrès extraordinaire de ce parti. Une seule certitude : ces assises pourraient donner lieu à des éclats de voix, voire à des étincelles, vu que l’on assiste déjà à un choc des ambitions qui laisse présager plusieurs intentions de candidature. En effet, depuis le décès subit du président du PDCI-RDA, le 1er août de cette année, le parti a certes, réussi à négocier ce virage qui aurait pu le conduire dans le décor, en faisant jouer les dispositions prévues par ses textes fondateurs pour désigner un intérimaire en la personne du Cowppli Bony. Mais, depuis, il cherche la formule magique pour trouver un successeur à Bédié, qui aura régné sans partage, sur le PDCI-RDA pendant près de 30 ans. La preuve que les choses ne se dessinent pas comme lettre à la poste, le 8e congrès extraordinaire, initialement prévu pour le 10 octobre dernier, a été reporté sine die au 16 décembre 2023, au cours d’un Bureau politique qui s’est tenu le 14 octobre.

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À la vérité, ce parti est appelé à gérer les appétits de pouvoir de plusieurs de ses personnalités, qui estiment être légitimement fondées à succéder au monarque absolu qu’aura été Henri Konan Bédié au PDCI-RDA. En effet, depuis quelque temps, l’on assiste à une sorte de marketing politique visiblement suscité par certaines figures du parti, en vue de préparer les esprits à une éventuelle candidature à la présidence du PDCI-RDA. Comme un ballon d’essai, leurs partisans appellent de leurs vœux, leurs candidatures via les réseaux sociaux ou par presses interposées. On entend déjà des propos allusifs de certains cadres comme Gnamien Yao qui tendent à appeler certains aspirants au fauteuil tant convoité, à taire leurs ambitions au profit d’autres. Ce qui laisse penser que l’on pourrait assister à un congrès mouvementé au cours duquel pourraient s’affronter des ambitions affichées ou étouffées par la cohue. Un tel scénario, on s’en doute, pourrait conduire à des frustrations comme celles ayant amené la « bande » à Djeni Kobena à claquer la porte du parti à l’occasion d’un congrès extraordinaire du PDCI-RDA, qui s’est tenu en 1994, soit après le décès de Félix Houphouët-Boigny.

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Ce parti en est là aujourd’hui, parce que pendant le long règne sans partage de Bédié, l’on considérait, au PDCI-RDA, sinon comme une hérésie, du moins comme un crime de lèse-majesté, le fait d’évoquer l’éventualité d’une succession de Bédié. Sacrilège ! aurait-on crié haro sur le baudet qui aurait eu le toupet d’aborder un sujet si tabou, si sensible. Résultat : faute d’avoir envisagé le scénario d’une succession du président du parti en cas d’indisponibilité ou de disparition, le PDCI-RDA se retrouve donc en train de chercher dans l’urgence, un nouveau président et du même coup, son probable candidat à l’élection présidentielle de 2025. À vouloir entretenir le mystère autour du dauphin putatif de Bédié, du vivant de celui-ci, ce parti est comme pris aujourd’hui, au piège de cette politique de l’autruche qu’il a longtemps entretenue, consistant à brider la réflexion autour de la succession de son leader. Il est vrai que cette façon de faire n’est pas le lot du seul PDCI-RDA : on assiste, en effet, au même mode de pensée dans d’autres partis nationaux, voire africains, dont les leaders sont si vénérés qu’il ne viendrait à l’idée de personne d’envisager l’éventualité de leur succession en cas d’empêchement quelconque.  

 

Assane Niada

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