Abidjan, le mercredi 23 juin 2021 (lavenir.ci)-Son nom est sur toutes les lèvres depuis le retour de l’ancien président ivoirien. C’est elle qui partage désormais la vie de Laurent Gbagbo au détriment de l’ex-Pre- mière dame Simone Ehivet. Tout le monde parle d’elle, mais rares sont ceux qui la connaissent. Qui est donc cette dame don’t on parle tant qui a détourné le cœur de l’ancien président Laurent Gbagbo ?
Nadiani Bamba, de son vrai nom à l’état civil, est journaliste de profession. Elle fut la correspon- dante de la radio panafricaine Africa Numéro 1 à Abidjan, vers la fin des années 1990. 47 ans et encore fraiche, cette consœur de nationalité ivoirienne est du groupe ethnique Mahouka, origi- naire de la ville de Touba, préci- sément du village de Férentella (Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire ; Ndlr). Très discrète, à la limite effacée, Nady, comme l’appellent affectueusement les partisans du nouvel élu de son cœur, aspirait à vivre une vie normale et essayait de mener ses activités dans la communication et le journalisme, malgré la très forte médiatisation dont elle est aujourd’hui l’objet.
L’histoire de sa rencontre avec Gbagbo
Selon des confrères journalistes qui connaissaient très bien Nady depuis, sa rencontre avec Laurent Gbagbo remonte à 1995, quand elle était journaliste à Africa 24 à Abidjan. Cette rencontre, d’abord fortuite, a été faite alors qu’elle couvrait les activités du Front Républicain, l’alliance qu’il eût entre le Front populaire ivoirien (FPI) et l’ex-Rassemblement des républicains (RDR). Nos sources rapportent que dans les premiers temps, la journaliste avait de la sympathie pour le RDR d’Alas- sane Ouattara, mais, ne militait au sein de ce parti. Dans ses débuts, elle n’a donc aucune accointance avec le parti de l’homme qui de- viendra plus tard, son époux. Dans le cadre de ses activités journalistiques, elle a été témoin de l’arrestation de Mme Henriette Dagri Diabaté et Amadou Gon Coulibaly. Ce jour-là, elle a failli, elle aussi être arrêtée. Selon des informations de première main, c’est lors des discussions Gouvernement-Fpi en 1998, que Gbagbo a fait la connaissance de celle qui va provoquer un tourbillon dans son cœur. Nady avait certes, ses entrées auprès des pontes de l’ex- RDR, comme l’ex-Premier ministre Hamed Bakayoko, mais c’est Fanny Ibrahima, l’ancien maire RDR de Bouaké et ami à Laurent Gbagbo qui a fait la connexion entre Nady et le Woody. Après la rencontre, la flèche de cupidon Laurent Gbagbo atteint le cœur de Nady et les choses vont aller très vite. Devenu président, Gbagbo accélère les choses. Le mariage traditionnel est scellé en 2001. Toujours selon nos informations, ce mariage dans la pure tradition islamique, n’avait pas été adoubé par le clergé musulman à l’époque. Et, c’est un imam de Dabou, du nom de Koné Abou qui aurait attaché le cola. De cette union, naitra un enfant du nom de Gbagbo David El Raïs, au- jourd’hui âgé de 19 ans.
Relations houleuses avec sa rivale Simone
Patronne du groupe Cyclone communication (structure éditrice des quotidiens Le Temps et LG Infos), Nady a géré les relations publiques de la campagne de Laurent Gbagbo en 2010. C’est d’ail- leurs elle qui a supervisé la validation des messages du premier tour de la campagne présidentielle d’octobre 2010, avant d’être éjectée par sa rivale Simone qui a pris le contrôle total de la communication, pour le second tour. C’est à partir de cet instant que le dédain de rivales entre les deux femmes va s’accentuer. Faut-il rappeler que du début de sa relation avec Gbagbo et durant l’exercice de son mandat, jusqu’à ce jour, les rapports n’ont jamais été apaisés entre Nady et sa rivale Simone. Certains amis du couple rapportent que la cadette des épouses a toujours traité sa grande sœur Simone avec respect. Nady respectait Simone pour son parcours politique et ce qu’elle a fait avec et pour Laurent Gbagbo. Par contre, Simone ne semble n’avoir jamais digéré cette seconde noce de son époux. Nady était perçue par Simone comme une intrue, « une voleuse de mari », une petite fille irrespectueuse, la Dioula qui veut tromper et ensor- celer son Laurent. Par consé- quent, elle ne pouvait pas bénéficier de circonstances atténuantes de seconde épouse. Cette opposition radicale s’est même matérialisée par des séances de prières intenses pour délivrer Lau- rent. A contrario, Nady était aux petits soins de Laurent Gbagbo, au point où elle était devenue celle par qui il fallait passer pour obtenir quelque chose du président. Très opportuniste, Nady a capitalisé cette situation et s’est attirée beaucoup de sympathie de la part de certains pontes du ré- gime FPI et des membres de sa fa- mille.
Remontada dans l’exil et en prison
Durant son mandat présidentiel (2000-2010), le président Gbagbo a considéré Nady déjà comme sa vraie femme, puisqu’elle a été dotée officiellement. Bien que n’étant pas la première Dame, des indiscrétions font savoir qu’elle effectuait même des voyages offi- ciels avec son époux. Fort de ce statut d’épouse privilégiée, Nady joue à souhait sur cette carte, même hors du pays. Mais, fait notable, elle ne pouvait à aucun moment se prévaloir du statut Première dame qui était détenu sans partage et sans concession, par sa rivale Simone. Cependant, la ten- dance va se renverser quand Laurent Gbagbo sera transféré à La Haye, après la perte du pouvoir. Sa coépouse étant en prison et elle déjà sur le continent européen, Nady va profiter des dix années de prison de Laurent Gbagbo à La Haye, pour conquérir définitivement le cœur de l’époux commun. Désormais, c’est elle qui a le bras- sard. Des visiteurs réguliers de la Haye rapportent que c’est Nady qui organisait tout le dispositif des « Gbagbo ou rien » (GOR). C’est de la capitale belge qu’elle rendait visite régulièrement à son époux, à la prison de Schevenigen et pilotait toutes les manifestations pour sa libération. Docile et ré- ceptive pour certains et généreuse pour d’autres, Nady a fini par s’attirer la sympathie de bon nom- bre de pro-Gbagbo, aussi bien en Europe qu’en Côte d’Ivoire. Certains caciques du FPI rapportent que si Simone a fait de Gbagbo président, Nady a fait qu’il n’est pas mort de chagrin après le 11 avril 2011. Mais, étant droite dans ses bottes, Nady est restée égale à elle-même. Attaquée et calomniée de toutes parts et sur les réseaux sociaux où elle n’y est d’ailleurs pas, Nady Bamba avait rompu le silence pour la première fois, de- puis Bruxelles dans une déclara- tion transmise à nos confrères de Le Temps. « Quand le chef ren- trera en Côte d’Ivoire, toute la vé- rité sera sue ! Puisse Dieu nous y aider ! », a-elle promis au lende- main de l’acquittement de son époux par la Cpi. Aujourd’hui, le chef est rentré et la vérité est là. Gbagbo a demandé le divorce, Nady Bamba est sur le point de prendre tout le pouvoir.
Olivier YEO
