Les élections sénatoriales de samedi dernier auront été marquées par une deuxième défaite du président du Sénat. Un deuxième échec qui a dû porter un coup au moral de ce dignitaire du régime. D’autant que cette dernière défaite apparaît comme un coup de poignard dans le dos. En effet, rien ne laissait présager une telle déconvenue, le président du Sénat partant avec les faveurs des pronostics ; son parti, le RHDP, détenant un nombre confortable de grands électeurs, vu qu’il a remporté les élections dans des mairies de la région. Mais, patatras ! Jeannot Ahoussou-Kouadio a mordu la poussière, pour avoir été lâché par des conseillers issus de son parti, qui étaient censés voter pour lui.
Le coup de poignard contre Jeannot Ahoussou-Kouadio
En effet, il ressort des chiffres sortis des urnes, que ce sont les conseillers RHDP des villes de Didievi et Djékanou qui ont trahi le candidat du parti au pouvoir aux sénatoriales. Sur les 28 conseillers RHDP, seulement 10 ont donné leurs voix à Jeannot Ahoussou-Kouadio. 18 d’entre eux ayant choisi de donner leurs voix au candidat du PDCI, qui n’aurait récolté que les voix des 5 conseillers issus de son parti. Le même scénario a été observé à Djekanou où, sur les 26 conseillers issus du RHDP, 7 seulement ont voté le candidat issu de leur parti, qui n’est autre que le président du Sénat. Quant aux 19 autres, ils ont choisi soit de voter blanc (13), soit de voter le candidat du PDCI (7). C’est donc dans ces deux localités que les grands électeurs issus du parti au pouvoir ont fait le choix de faire perdre le président du Sénat, qui est, par ailleurs, l’une des figures emblématiques du RHDP. De fait, les résultats des urnes montrent que dans les villes de Kocoumbo, Tiébissou et Tié-N’Diekro, Ahoussou-Kouadio Jeannot a fait le plein des grands électeurs issus de son parti et parfois, est allé bien au-delà.
Pourquoi donc la majorité des conseillers RHDP de Didievi et Djekanou ont-ils lâché le président du Sénat ? Qui avait intérêt à voir chuter ce membre de la haute direction du RHDP au risque de doucher le parti au pouvoir ? Ce qui s’est passé dans le Bélier lors de ce scrutin est symptomatique des coups fourrés contre lesquels le RHDP devrait se prémunir dans la perspective de la présidentielle de 2025. D’où, l’urgence pour la direction de ce parti de tirer au clair, ce qui s’est passé et mieux, d’en tirer toutes les conséquences.
Comprendre le cas du Gbôklê
À quelque différence près, c’est le même revers qu’a essuyé le parti au pouvoir dans la région du Gbôklê. Ici aussi, les candidats du parti au pouvoir aux municipales, aux régionales et aux sénatoriales, n’ont pas fait le poids devant des candidats indépendants. En effet, ils ont été battus à chaque fois par des indépendants. Aux régionales, l’indépendant Kébé Mahamadou est venu à bout de Fregbo Basile du RHDP, pourtant, régulièrement sorti vainqueur de plusieurs élections dans la région. Aux sénatoriales, ce sont les indépendants Zoumana Makadji et Operi Kokora Alexis qui se sont défaits des « chevaux » sur lesquels le RHDP a misé. Au niveau des municipales, le candidat du RHDP, Sangaret Zié Léonard qui est par ailleurs le maire sortant, a été battu par un indépendant, en l’occurrence Kacou Mea D’Assise Justin Kevin. En résumé, tous les candidats positionnés par le RHDP ont perdu à toutes les élections aux régionales, aux sénatoriales et aux municipales dans le chef-lieu de région. Comment se fait-il que les candidats du RHDP aient été battus aux trois élections municipales, régionales et sénatoriales par des indépendants ? Est-ce le résultat d’un mauvais casting opéré dans le choix des candidats qui étaient appelés à défendre les couleurs du parti au pouvoir ? Ces échecs successifs traduisent-il un sentiment de rejet du RHDP dans la région ? Pourquoi les candidats du parti au pouvoir n’ont-ils pas sur tirer parti de la reconnaissance des populations suite aux actions de développement posées en leur faveur par le gouvernement d’Alassane Ouattara, comme cela semble être le cas dans les autres contrées du pays ? Ce sont là, autant de questions auxquelles la direction du RHDP doit impérativement apporter des réponses avec pour finalité de tirer toutes les conséquences de ces défaites.
Assane Niada