Le message du président de la République, Alassane Ouattara, a suscité tantôt un sentiment de contentement qui s’est traduit par des applaudissements, tantôt un sentiment de surprise. Ces applaudissements venaient saluer des annonces qui n’ont pas laissé indifférente l’assistance, laquelle a semblé parfois estomaquée devant d’autres annonces. Le premier temps fort qui a retenu l’attention, c’est quand le chef de l’État a annoncé son intention de faire réviser la loi sur le financement des partis politiques et groupes parlementaires.
Financement des groupes au Sénat et retour à deux sessions ordinaires
Il préconise que les groupes constitués au niveau du Sénat en bénéficient également. « (…) Il convient d’actualiser la loi et de la rendre conforme à la Constitution par la prise en compte du Sénat (…) J’ai donc instruit le ministre de l’Intérieur et celui des Finances de me proposer une modification de la loi afin de permettre aux groupes parlementaires au Sénat de bénéficier de ce financement », a proposé le chef de l’État, dont l’annonce a été accueillie par une salve d’applaudissements des concernés. L’autre annonce qui a ravi députés et sénateurs, c’est le projet de révision de la Constitution préconisée par le président de la République, en vue du retour aux deux sessions ordinaires pour le Parlement comme par le passé, au lieu d’une session unique instaurée depuis l’adoption de la Constitution de novembre 2016. « (…) Je viens vous soumettre, conformément à l’article 177 de la Constitution, une modification constitutionnelle », a dit d’entrée, le chef de l’État, plongeant, pendant quelques secondes, la salle dans un silence glacial.
Et Alassane Ouattara de rassurer les uns et les autres en lançant : « N’ayez pas peur ». Puis, il va préciser la révision de la Constitution qu’il préconise. « La modification que je propose vise, entre autres, l’instauration de deux sessions ordinaires au Parlement : une de janvier à juin et l’autre, d’octobre à décembre… », a-t-il finalement lâché, libérant la salle, qui semblait tétanisée l’instant d’avant. S’ensuivront encore des applaudissements des parlementaires, comme pour exprimer leur ravissement. Par la suite, le chef de l’État a dû justifier la pertinence de ce rétropédalage. « L’instauration de deux sessions ordinaires répond à un souci d’efficacité, de permettre davantage de célérité dans l’examen et l’adoption des projets de loi soumis au Parlement par le gouvernement en faisant coïncider la période de travail parlementaire et celle du travail gouvernemental. Ce que la session unique ne permettait pas », a-t-il soutenu, avant de confesser : « En fait, on n’aurait pas dû changer cette disposition de l’ancienne constitution ».
Les législatives en novembre et suppression des primes COVID
Une autre annonce qui a ravi les parlementaires, c’est la proposition du chef de l’État de voir les élections législatives, y compris celles des sénateurs, se dérouler, dans le dernier trimestre de l’année 2025. « Quant aux élections des députés et sénateurs, elles auront lieu après l’élection présidentielle dans le dernier trimestre de l’année. Ce qui explique que nous allons avancer les élections locales au mois de septembre pour nous permettre de faire les élections des députés et sénateurs dans le dernier trimestre de cette année, c’est-à-dire en novembre ou en décembre », a expliqué le président de la République, sous les acclamations de la salle.
Mais les annonces du chef de l’État n’auront pas fait que des heureux, si l’on s’en tient à l’impression de stupéfaction qu’a suscitée l’annonce de certaines mesures relatives à la lutte contre la pandémie de la COVID-19. Abordant ce sujet, Alassane Ouattara a estimé que le pire est derrière nous. « La pandémie de COVID-19 est largement sous contrôle en Côte d’Ivoire », a-t-il soutenu, se fondant sur certaines données, entre autres un « taux de guérison de plus de 99% » et « 52% de la population d’Abidjan, épicentre de la maladie, qui a été vaccinée ». Aussi a-t-il pris les mesures suivantes : « (…) En conséquence, toutes les mesures d’exception, y compris les primes de risque instituées pour le personnel de santé et des forces de défense et de sécurité, seront levées à la fin du mois de juin de cette année ». À en juger par certaines mines, la nouvelle a eu l’effet d’une douche froide.
Un plan Marshall pour la jeunesse et un taux d’endettement de la Côte d’Ivoire
Deux dernières annonces ont également retenu l’attention, en raison soit des spéculations qu’elles suscitent depuis quelque temps, soit des commentaires qu’elles alimentent depuis que le chef de l’État en a parlé. Il s’agit d’abord des coquettes sommes qui seront consacrées à la jeunesse cette année et sur les trois années à venir, à l’occasion de l’année 2023, décrétée année de la jeunesse et plus généralement, dans le cadre du Programme Jeunesse du Gouvernement (PJ GOUV 2023-2025). Le chef de l’État a, en effet, indiqué que plus de 1118 milliards de FCFA seront consacrés au PJ GOUV avec pour objectif d’impacter 1,5 million de jeunes sur les trois ans à venir, dont plus de 361 milliards de FCFA pour la seule année 2023.
Et d’en déduire que « chaque jour, cette année, 1 milliard de FCFA sera consacré à la jeunesse ». Aussi a-t-il conclu que « c’est un véritable Plan Marshall pour la Jeunesse, qui sera mis en œuvre pour celles et ceux qui sont l’avenir de notre Nation ». La dernière information marquante est sans conteste, celle relative à la dette publique de la Côte d’Ivoire qui fait tant jaser. Pour le chef de l’État, cet « endettement reste modéré », étant situé « à peu près à 55% du PIB, alors que la plupart des pays sont au-delà de 100% du PIB ». Voilà qui devrait édifier les uns et les autres sur la réalité de la dette de la Côte d’Ivoire.
Assane Niada