C’est un véritable cours concernant le leadership et l’engagement politique que le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion Professionnelle et du Service civique a donné le samedi 4 mars 2023 à l’auditorium de la CNPS au cours de la clôture de l’« Ecole itinérante de la paix », initiée par l’Institut de formation politique Amadou Gon Coulibaly (IFPAGC). Pendant 20 minutes 40 secondes, le ministre Mamadou Touré, par ailleurs, Président du conseil d’administration (Pca) de l’IFPAGC, a tenu en haleine les auditeurs, en délivrant un enseignement basé sur son propre parcours.
Mamadou Touré s’est retrouvé comme réfugié en Suisse
Il commence par préciser que sa carrière politique n’a pas été un long fleuve tranquille. Il s’est retrouvé comme réfugié en Suisse avec certains cadres du Rassemblement des républicains (RDR), actuel Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Et cela, consécutivement à la crise de 2002, au cours de laquelle il dit avoir été tailladé à la machette, et a eu les jambes brisées. C’est au cours de son séjour en Suisse qu’Alassane Ouattara lui fait appel. «… Il avait souhaité que je rejoigne l’équipe pour seconder l’ex-Premier ministre Hamed Bakayoko dans la conception et la mise en œuvre de la stratégie de campagne d’abord, des jeunes et au-delà, le contenu de son programme », indique le ministre Mamadou Touré.
En dépit du scepticisme de certains de ses compagnons, qui ont mis en avant, le fait que le moment n’était pas propice à cause des armes qui circulaient, la présence des miliciens et autres. Mais, le PCA de l’IFPAGC finit par accepter de rentrer à cause de la considération qu’il a pour l’actuel président de la République. «(…) Quand je me suis retrouvé seul, je me suis dit que je suis jeune, très tôt engagé pour un idéal, pour un homme : le Président Alassane Ouattara, pour un pays : la Côte d’Ivoire. J’ai une occasion unique de participer auprès de ce grand homme à un niveau stratégique élevé à la conception de ce qui pourrait être son programme, quand il arrivera aux affaires. Et comme je participerai à la conception, alors je vais apporter toutes les idées conçues au laboratoire en Suisse avec mes amis ». Pour le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, « la première chose » pour celui qui veut se lancer dans la politique ou devenir un leader digne de ce nom, est « d’asseoir une conviction ».
Asseoir une conviction
Seulement, il se trouve, selon le ministre Mamadou Touré, que quelquefois, l’on se retrouve tiraillé entre ses convictions et la réalité. Autrement dit, il peut y avoir une désillusion entre l’idéal qu’une personne porte et la réalité à laquelle elle est confrontée. « Vous vous retrouvé tiraillé entre ce qui vous porte et la réalité ». De par ce fait, plusieurs Africains, qui étaient revenus d’Europe pour s’installer dans leurs pays, préfèrent retourner d’où ils viennent. Le Pca de l’IFPAGC dit avoir été confronté à cette situation en 2009, quelques temps après que le chef de l’État l’ai sollicité pour travailler avec lui. « J’ai tenté de partir », a-t-il avoué. Mais, il a fini par renoncer après un entretien avec Alassane Ouattara. « (…) Je ne sais pas qui a soufflé mot au Président. Il m’a reçu et a dit qu’il sait que c’est difficile. Et que les choses ne se passent pas comme je veux. Mais il m’a dit qu’il faut que je me batte. (…) Il m’a dit que même au sein de sa propre famille politique, la venue de quelqu’un peut être perçue comme un danger. Ils vont se demander pourquoi c’est lui qu’on appelle. Est-ce qu’il vient pour les remplacer ? ».
Refuser systématiquement la réalité
Le ministre Mamadou Touré a recommandé aux auditeurs de l’« Ecole itinérante » de refuser systématiquement la réalité. Il justifie cette position par le fait que : « si on se conforme à la réalité, on corrompt nos convictions personnelles. Car, à un moment donné, on se dit, comme ça ne peut pas aller dans le sens qu’on souhaite aussi rapidement, autant rentrer dans le contexte ambiant et puis faire comme tout le monde ».
En outre, le Pca de l’IFPAGC a aussi fait mention de quelqu’un qui a marqué sa carrière politique, à savoir l’ex-Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Le témoignage que le ministre Mamadou Touré donne de l’illustre personnalité disparue, en dit long sur la grandeur de ce dernier.
Amadou Gon Coulibaly : l’un de ses idoles
« J’ai eu l’occasion de côtoyer le Président, mais aussi Amadou Gon Coulibaly. Je n’aurai jamais eu la force de faire ce que je fais aujourd’hui, si je ne l’avais pas côtoyé. Dans l’impossibilité d’avoir le Président au quotidien, c’est lui que je côtoie. Il me dit qu’on dit que la fin justifie les moyens. Mais en politique, il y a l’éthique. On ne fait pas n’importe quoi. On se donne des limites pour ses convictions ». Le porte-parole adjoint du RHDP revient sur un autre conseil que feu Amadou Gon Coulibaly lui a prodigué et qu’il donne à son tour.
Il m’a dit : « Quelle que soit la position sociale que tu occupes, ne l’utilise jamais pour régler des comptes personnels, ou pour écraser plus faibles que toi. En tout temps, en toute circonstance, c’est de regarder ce qui va dans le sens général ». Il a, par ailleurs, vivement recommandé aux jeunes de gérer leurs organisations dans la transparence, la planification des activités, le tout, avec un esprit démocratique. « Le changement, c’est à la base », a-t-il laissé entendre pour se justifier.
Aristide Otré