Cela fait six jours aujourd’hui que la délégation de la CEDEAO est allée rencontrer le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta. Six jours que les Ivoiriens ont les oreilles tendues vers ces émissaires de l’organisation sous-régionale que sont les présidents ghanéen Nana Akufo-Addo et gambien, Adama Barrow et le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey.
Depuis, c’est le silence radio. Sans doute aura-t-on d’ici quelques jours, le fruit de cette mission de bons offices que la CEDEAO a confiée à la délégation conduite par le Ghanéen Nana Akufo-Addo. Une chose est certaine : l’opinion et singulièrement les Ivoiriens, n’attendent rien d’autre de cette énième négociation avec la junte malienne que la libération des 46 soldats ivoiriens détenus arbitrairement au Mali.
En effet, après plusieurs initiatives entreprises en vue de vider ce différend par la voie diplomatique, cette toute dernière mission de la CEDEAO est vue comme celle devant aboutir à la libération des soldats ivoiriens. Faut-il le rappeler, cet autre déplacement de chefs d’État ouest-africains à Bamako a été décidé au cours du sommet de la CEDEAO, qui s’est tenu le jeudi 22 septembre à New York, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations-Unies, ouverte le 13 septembre 2022.
Irritées par le chantage auquel se livre la junte au pouvoir au Mali, les autorités ivoiriennes ont saisi la CEDEAO afin qu’elle trouve une issue à cette affaire, qui n’a que trop duré. Voilà comment une réunion d’urgence de l’organisation s’est tenue hors du continent, avec pour recommandation forte, l’envoi d’une mission de la CEDEAO à Bamako. Initialement attendue dès le lundi suivant la fin du sommet, la rencontre a été repoussée par la junte au jeudi suivant. Finalement, elle eut lieu. Mais, à ce jour, bien malin qui pourrait dire si les soldats ivoiriens, pris en otage à Bamako, seront relâchés dans les jours à venir.
Ce que les Ivoiriens attendent des émissaires d’Umaru Cissoko
C’est que le colonel Goïta et ses camarades de la junte sont abonnés à l’art de l’esquive, voire de la volte-face. Ils ont, en effet, fait miroiter de faux espoirs à tous les médiateurs qui ont tenté de leur faire entendre raison. Depuis les médiateurs togolais, jusqu’au chef de la junte guinéenne, le colonel Mamadou Doumbouya, en passant par les bons offices du président sénégalais Macky Sall et du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandogo Damiba, alors chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, tous se sont heurtés à l’intransigeance d’Assimi Goïta. Il a mené en bateau, ses interlocuteurs en promettant aux uns et aux autres, une issue heureuse au différend. Mais, à ce jour, toutes ces initiatives n’ont pas tenu la promesse des fleurs.
Les putschistes de Bamako prétextant, les jours pairs, une judiciarisation du dossier ou se livrant, les jours impairs, à un marchandage honteux en réclamant que leur soient livrés, des acteurs politiques maliens réfugiés en Côte d’Ivoire en contrepartie des soldats ivoiriens retenus au Mali.
Aussi ont-ils provoqué le courroux d’Abidjan, qui a saisi la CEDEAO afin qu’elle trouve les moyens de faire entendre raison à la junte malienne. Surtout que le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a clairement fait savoir, il y a peu, que ces soldats ivoiriens, taxés de mercenaires par Bamako, n’ont rien de mercenaires. Les regards sont donc tournés vers l’organisation sous-régionale afin qu’elle se donne les moyens d’obtenir, d’ici là, la libération des 46 soldats ivoiriens injustement détenus par le putschiste Assimi Goïta.
Assane Niada