Contrat dans le cadre de la Minusma
Les soldats ivoiriens accusés de préparer un coup d’état ne sont pas des mercenaires.
Avril 2019. Le général Yao Adjoumani, attaché de l'ambassade de Côte d'Ivoire aux États-Unis, est approché par son homologue allemand pour établir une coopération entre leurs deux pays, dans le cadre de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma). Contrairement donc aux premiers arguments avancés par les autorités de Bamako, les soldats ivoiriens accusés de préparer un coup d’état ne sont pas des mercenaires.
En plus du déploiement de 800 Casques bleus à Mopti et Tombouctou, ce partenariat prévoyait l'utilisation commune de la base de soutien logistique autonome de Bamako et la mutualisation des charges de protection et de défense.
L'armée allemande, qui compte plus d'un millier d'hommes au sein de la mission onusienne, possède des unités spécialisées d'appui aérien installées à l'aéroport international de la capitale. Selon les informations de lavenir.ci, la Côte d’Ivoire, sollicitée par l’Allemagne, n’était donc pas demandeur comme certaines mauvaises langues voudraient le faire croire.
Les soldats estoniens, qui assuraient cette tâche par le passé, ne parvenaient plus à convaincre les Allemands, qui ont décidé de se passer de leurs services.
Abidjan sollicité après l’Estonie
Berlin a donc proposé à Abidjan d'y affecter des effectifs additionnels dans le cadre du protocole du National Support Element (NSE). Les soldats estoniens, qui assuraient cette tâche par le passé, ne parvenaient plus à convaincre les Allemands, qui ont décidé de se passer de leurs services.
La base de l'aéroport de Bamako est opérée par Sahel Aviation Service (SAS), qui est en réalité un prestataire de l'armée allemande dans le cadre de la Minusma. Elle est consacrée au soutien logistique et à l'accueil des contingents belge, norvégien, néerlandais, belges, suédois et danois. Une trentaine de soldats allemands y vivent en permanence.
Tout est donc clair que c’est au vu des assurances de ces partenaires Allemands que la Côte d’Ivoire qui avait une meilleure offre s’est engagée dans le cadre de ce contrat.
Contrat signé avant l’arrivée des putschistes
Cette coopération a fonctionné sans accroc du 6 juillet 2019 au 10 juillet dernier.
Après plusieurs mois de discussions, les états-majors ivoirien et allemand ont signé un partenariat en juillet 2019, validé ensuite par les Nations unies. La Côte d'Ivoire s'est ainsi engagée à envoyer des hommes assurer la sécurité du site, mais aussi à utiliser ses propres équipements, armements et moyens logistiques. En échange, le prestataire SAS a l'obligation de mettre à la disposition des Ivoiriens des aéronefs pour le transport des troupes, d'assurer leur ravitaillement et le paiement de leurs primes, trimestrielles ou quotidiennes.
Il accomplit également toutes les démarches administratives nécessaires auprès de la Minusma et des autorités maliennes. La base de vie dispose en outre d'un hôpital allemand de niveau deux, où le contingent ivoirien peut être pris en charge. Cette coopération a fonctionné sans accroc du 6 juillet 2019 au 10 juillet dernier.
Inquiétudes d’Abidjan avant l’arrestation
Avant cette date, dès le mois de mars, la Côte d'Ivoire avait demandé à l'état-major allemand s'il fallait poursuivre cette collaboration eu égard aux fortes tensions existant entre les autorités de la transition malienne et la communauté internationale. Mais la partie allemande s'était voulue rassurante et avait dissipé toutes les inquiétudes. Seulement, le 6 juillet, le ministère de la Défense ivoirien s'est de nouveau dit préoccupé et a exprimé ses réticences à l'idée d'une nouvelle rotation.
Olivier YEO avec Jeune Afrique