Dans un discours approximatif, le successeur de Choguel Maïga a tancé la Cedeao, la France, l’Onu et ses voisins. Une crise de folie causée par la demande de libération des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis le 10 juillet dernier. Au secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, il a déclaré que « la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali ne relevait pas de ses attributions ». Plus incisif, il ajoute que « le Mali tirera toutes les conséquences de droit des agissements d’Antonio Guterres ». Et à Abdoulaye Maïga, le néo-chantre de l’anti-impérialisme, de demander « une réforme de la force de maintien de la paix de l’Onu au Mali ». Sur sa lancée, le porte-parole des putschistes n’a pas épargné le président en exercice de la Cedeao, Umaro Sissoco Embalo. Il a accusé celui-ci de faire du ‘’mimétisme’’ des Nations-Unies, avant de lui rappeler, un brin arrogant, que « le secrétaire général des Nations-Unies n’est pas un chef d’Etat et le président en exercice de la Cedeao n’est pas un fonctionnaire ». Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, il a tout détruit sur son passage. La France en a eu pour son compte. Il accusé les autorités françaises « d’être profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières en se transformant en une junte au service de l’obscurantisme ». Il a accusé, par ailleurs, la France de « pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde ».
Plus grave, le Mali a grillé toutes ses relations avec ses voisins. En plus de la Côte d’Ivoire avec laquelle les relations se sont considérablement dégradées, cet Etat classé parmi les plus pauvres de la planète, est en conflit avec le Niger, dont il a traité le président de la République d’étranger. L’Algérie, le Sénégal, la Guinée-Conakry, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Nigeria ont tous tenté de raisonner, en vain, ‘’le fou’’ du Mali. Les putschistes de Kati ont donc réussi l’exploit d’isoler leur pays de la scène internationale, là où ils ont besoin, plus que jamais, de la mobilisation de tous pour faire face à la menace terroriste de plus en plus persistante. En effet, ce sont des milliers de Maliens qui affluent dans les pays frontaliers pour trouver refuge chez les voisins. Au Niger, la situation humanitaire des réfugiés maliens est plus que préoccupantes. Les soldats maliens ont déserté les 800 Km de frontière qui séparent le Mali du Niger. A la frontière ivoiro-malienne, ils ont quasiment disparu, laissant les soldats ivoiriens assurer seuls la sécurité de ces zones.
En s’attaquant à la Cedeao, qui regroupe les pays de la sous-région, le Mali fait preuve d’une inconséquence et d’une incohérence flagrante. En effet, il aurait été plus logique pour les soldats en kaki de Kati de se retirer de l’organisation sous-régionale. Tant que le Mali sera membre de la Cedeao, il devra se conformer aux règles de la communauté. Les gesticulations de la junte militaire malienne n’y changeront rien. Par ailleurs, quand on vit dans un pays qui est aujourd’hui sous-perfusion avec les 2/3 de son territoire contrôlé par des terroristes, on doit faire profil bas et travailler en synergie avec les voisins pour des solutions pérennes. Car, au-delà du discours populiste bon pour haranguer des foules manipulées, la réalité que vivent les Maliens est implacable : le coût de la vie devient de plus en plus insupportable, les prix des produits de première nécessité ont grimpé, l’insécurité est galopante, il manque les ressources pour payer les policiers etc. Les Maliens attendent également des réponses sur le budget de la prise en charge des mercenaires de Wagner et la cession, à titre gracieux, de gisements de minerais à des oligarques russes. Ignorer ces faits et produire des discours guerriers est une fuite en avant. Assimi Goïta et ses colonels retranchés dans les bureaux climatisés de Kati doivent se libérer de la politique de l’autruche.
Yacouba DOUMBIA