Anecdote : En novembre 2002, quand le régime de Laurent Gbagbo lance une offensive pour libérer Bouaké, devenu le fief de la rébellion à partir du 19 septembre 2002, IB était censé rallier la ville avec un commando pour prêter main forte à ses camarades. De Ouagadougou, il est descendu jusqu’à la Léraba, à la frontière ivoiro-burkinabé et là, il appelle des chefs de guerre pour leur fournir des armes et un peu d’argent. Ensuite, il remonte à Bobo-Dioulasso. Ses lieutenants acceptent mal cette situation. Plus tard, il tente de vendre le stock de coton de l’usine d’égrainage fraîchement ouverte en Mbengué, dans l’extrême nord de la Côte d’Ivoire. L’acheteur, installé au Burkina, est expulsé manu militari vers un autre pays. Les frasques d’IB sont nombreux et finissent par lui porter préjudices.
Mise en quarantaine
Finalement il quitte le Burkina pour la Belgique pour une visite familiale. Plus tard, il débarque en France où il est arrêté le 25 août 2003. Pendant ce temps, la rébellion est engagée dans un processus de négociation. C’est le branle-bas à Bouaké. La rébellion vient d’être amputée de son parrain. Sur le terrain, il y a de la place à prendre. A l’état-major du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (Mpci) à Bouaké, il faut rapidement réfléchir à une alternative. Guillaume Soro, porte-parole du mouvement, est, entre temps, en pole position. Il est l’interlocuteur naturel pendant les négociations, puisque de Lomé, au Togo, il s’est retrouvé à Marcoussis, en France, en janvier 2003, pour parapher les premiers accords de paix.
Depuis Paris où il est mis en examen, IB ne lâche pas pour autant prise. Il manœuvre pour contrôler ‘’sa rébellion’’ via certains chefs de guerre. Son attrait pour les biens matériels et ses ambitions politiques exaspèrent certains de ses lieutenants à Bouaké. Quant à Guillaume Soro, opportuniste et sachant qu’il y avait de la place à prendre, il a progressivement mis en confiance plusieurs chefs de guerre. C’est le début de la cassure au sein de la rébellion. Le malaise s’installe. Des chefs de guerre comme Kassoum Bamba alias Kass, Adama Coulibaly alias Adams, Kossovo, Mobio et Kolo sont soupçonnés de rouler pour IB. Issiaka Ouattara dit Wattao, Shérif Ousmane dit Guépard, Hervé Touré Pelican alias Vetcho, Gaoussou Koné dit Jah Gao, Ousmane Coulibaly alias Ben Laden, Fozié Tuo, sont, eux, considérés comme proches de Soro. Zacharia Koné a une position ambigüe. Il est considéré comme un radical opposé aux accords de paix. D’ailleurs, il prendra le chemin de l’exil, au Burkina. Ses soldats restés à Vavoua passent à la trappe.
Juin 2004 : violents combats entre factions de la rébellion
20-21 juin 2004 : les contradictions au sein de la rébellion atteignent un point culminant. La faction proche d’Ibrahim Coulibaly lance des attaques simultanées contre les positions de la faction pro-Soro à Korhogo et à Bouaké. Dans la première ville, le camp de la Compagnie territoriale où est basé le chef de guerre Fofié Kouakou est attaqué. A Bouaké, Kass et ses hommes tentent de verrouiller la ville. Les affrontements sont particulièrement sanglants. L’épreuve de force tourne à l’avantage de Guillaume.
La purge au sein de la rébellion débute. Désormais seul maître de la rébellion, Soro place ses hommes et verrouille le dispositif. IB est fragilisé, mais ne s’avoue pas vaincu pour autant. De Paris, il débarque au Benin où il tente de déstabiliser Guillaume Soro et même le régime Gbagbo. Parallèlement, il met en place un place un parti politique dont le siège se trouve à Abidjan.
29 juin 2007 : l’avion de Soro essuie des tirs de roquettes à Bouaké
Juin 2007, soit quelques mois après la signature des accords de Ouagadougou qui ont consacré la nomination de Guillaume Soro comme Premier ministre, la Côte d’Ivoire frôle une tragédie. 29 juin, Soro se rend à Bouaké pour le redéploiement de l’administration. Son avion essuie des tirs de roquettes à l’aéroport de la ville. Les tireurs, embusqués, manquent de l’assassiner. Le nouveau Premier ministre perd des proches. IB est pointé du doigt. Major, l’autre surnom d’Ibrahim Coulibaly, a tenté plusieurs autres coups, sans véritablement atteindre ses objectifs. Il fait profil bas, attendant son heure. Il finira par ressurgir à Abobo, à la faveur de la crise post-électorale en janvier 2011.
Là, il met en place un commando dit invisible. Avec d’autres groupes armés, il tient tête à l’armée de l’ex-président, Laurent Gbagbo. Ses hommes auront également des accrochages avec les anciens rebelles descendus sur Abidjan pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. Une vidéo, dans laquelle il s’autoproclamait chef d’Etat, pendant la crise post-électorale, a circulé sur les réseaux sociaux. IB se rêvait donc d’être président de la République. Il a été freiné dans ses ambitions puisqu’il a finalement perdu la vie au cours d’une opération visant à le désarmer à Abobo, le 28 avril 2011 par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Quant à Guillaume Soro, son irréductible ennemi, ambitieux du reste, il est tombé en disgrâce avec le pouvoir d’Alassane Ouattara qu’il a tenté plusieurs fois de déstabiliser. Ceux parmi les chefs de guerre qui le soutenaient ont fini par le lâcher. Faisant l’objet d’une condamnation et d’un mandat d’arrêt international, il est en exil depuis bientôt 5 ans.
Y.DOUMBIA