« Je veux préciser quelque chose. Je n'ai jamais reçu 5 F CFA d'un homme politique pendant mes presque trois ans au Burkina Faso. Je vous le dis sincèrement devant Dieu, je n'ai pas reçu 5 F CFA d'un homme politique de Côte d'Ivoire. Donc, je ne dis pas de nom, je dis bien de Côte d'Ivoire, ni de la part d'hommes d'affaires, ni de la part d'hommes politiques pour entretenir ces hommes », révèle feu Ibrahim Coulibaly. Ce témoignage s’est fait sans contrainte. IB n’avait donc aucune raison de mentir, puisqu’à l’époque, il était libre de ses mouvements. Il en a toujours voulu au président Alassane Ouattara, qu’il a accusé, en privé, de ne l’avoir pas aidé pendant sa traversée du désert au Burkina.
Tentative d’assassinat de Ouattara
Alassane Ouattara n’a donc pas financé la rébellion, comme on a tenté de le faire croire. D’ailleurs, comment peut-il financer une rébellion et manquer d’être assassiné, le 19 septembre 2002 ? La logique voudrait qu’il soit informé, au moins, de la date de l’attaque pour prendre des dispositions, si tant est qu’il a participé au financement du mouvement armé. Ce qui, manifestement, ne fut pas le cas. Et le 19 septembre, sa résidence a été attaquée et sa famille a manqué de subir le même sort que celle du Gal Gueï. Ouattara a eu la vie sauve grâce à un coup de fil d’un célèbre journaliste ivoirien.
C’est celui-ci qui a appelé la résidence de l’ex-président du Rassemblement des républicains (RDR) pour l’informer de la progression d’un commando à son domicile. Alassane Ouattara et sa famille ont juste eu le temps de se réfugier à la résidence de l’ambassadeur de l’Allemagne, mitoyenne à la sienne. D’ailleurs, le commando a menacé de pénétrer, de force, à la résidence pour l’en extraire. Finalement, c’est l’ambassadeur de la France en Côte d’Ivoire, à l’époque des faits, qui l’a extrait de son refuge. Ça été le début d’un long exil en France.
Ce que Soro disait de la rébellion en octobre 2002
Par ailleurs, son parti, le RDR, a payé un lourd tribut pendant la crise ivoirienne. Pendant deux ans, de 2002 à 2004, le RDR était quasiment interdit d’activités au Nord, fief de la rébellion et au Sud, fief du pouvoir Gbagbo. Les hommes politiques qui ont toujours déclaré le financement de la rébellion par Alassane Ouattara, n’ont jamais pu apporter de preuves. L’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, qui l’affirmait, n’a jamais pu le démontrer. Le jour du face-à-face avec Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle, il n’a fait que lire des extraits d’articles de presse. Ce qui a achevé de convaincre l’opinion nationale et internationale qu’il n’en savait rien.
L’ex-chef rebelle, Guillaume Soro, déclarait à RFI, le 16 octobre 2002, ceci : « Notre combat n’a rien à voir avec lui (Alassane Ouattara), puisqu’il n’a pas suffisamment de courage pour dire que notre combat est juste ». Le fait que Guillaume Soro, qui a même écrit un livre dans lequel il explique les raisons de son engagement dans la rébellion, vienne dire que la rébellion a été financée par Ouattara, relève d’une campagne visant à discréditer le chef d’État. Les jours pairs, il affirme que son combat a profité au RDR et ses cadres, les jours impairs, il soutient que Ouattara a financé la rébellion. D’ailleurs, sur la rébellion, des images et des témoignages corroborent la thèse d’IB. Guillaume Soro n’était que le porte-parole de la rébellion. À Lomé, tout comme à Marcoussis, il était régulièrement en contact avec IB pour recevoir les directives liées aux négociations. C’est un fait historique qui mérite d’être relevé.