Le faisant, le président du PDCI-RDA confirme ainsi une information qui a été tout le temps réfutée par ses plus proches collaborateurs et même la voix officielle de son parti. Et pourtant, depuis quelques mois, la question de l’éligibilité de Tidjane Thiam, du fait d’une double nationalité alléguée, était constamment soulevée sur les plateaux de télévision. Et chaque fois que la question a été posée dans un débat, sur un plateau télé ou dans les colonnes d’un journal, les communicants du PDCI-RDA ont toujours balayé catégoriquement du revers de la main cette hypothèse de ce que leur président n’a aucun problème de nationalité. Puis, arriva ce jour, vendredi 7 février 2025 où le concerné lui-même, après avoir introduit sa requête auprès des autorités françaises, a fini par tout balancer. « Nous avons effectué, en compagnie de mes conseils, une démarche importante dans ce processus qui était inscrit dans le calendrier de mon programme et de mon action et prévue de longue date. Il s’agissait d’aller déposer ma demande de libération de ma nationalité française, ce qui me permettra d’être exclusivement de nationalité ivoirienne au moment de l’élection, une condition d’éligibilité », a indiqué Tidjane Thiam, après avoir introduit sa requête.
Dans les minutes qui ont suivi, cette information a fait l’effet d’une bombe sur l’échiquier politique et sur les réseaux sociaux. Comment se fait-il que Tidjane Thiam qui se sait franco-ivoirien, a attendu à huit mois de l’élection présidentielle pour introduire cette requête dont l’issue ne dépend pas de lui ? Comment se fait-il que Tidjane Thiam qui se sait titulaire d’une double nationalité, a-t-il laissé le porte-parole de son parti et ses proches collaborateurs se discréditer autant dans les débats et sur les plateaux télé sur la question de sa double nationalité ? Tidjane Thiam a-t-il été contraint, après la poussée des analystes politiques, à communiquer lui-même sur sa double nationalité ? Connaissant les conditions d’éligibilité aussi bien à la présidence de la République qu’à la convention du PDCI-RDA, pourquoi Thiam n’a jamais évoqué cette situation, ne serait-ce qu’avec son état-major ? Voici autant de questions qui méritent d’être posées après l’introduction de cette procédure du potentiel candidat à la présidentielle du 25 octobre 2025 en Côte d’Ivoire.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que stratégiquement et politiquement, cette démarche de Tidjane Thiam à huit mois de la présidentielle, est une pilule difficile à avaler par les militants et cadres de son parti. Il est vrai que Thiam dit avoir agi conformément à son programme et à son calendrier prévu de longue date, mais dans le principe, la procédure de renonciation à la nationalité française du président du PDCI-RDA risque de faire plus de mal que de bien à son parti. Au lendemain de cette procédure, les communicants du PDCI-RDA sont littéralement abasourdis et assommés par cette pirouette politique de leur président au point où ceux-ci ont été contraints d’inventer des artefacts pour éviter d’aller débattre sur les plateaux de télévision sur cette question. Aujourd’hui, des officiels comme le porte-parole et l’avocat du parti, des communicants comme le député Dia Houphouët et le Dr Ossman Cherif, des proches comme son aîné Augustin Thiam, qui ont soutenu bec et ongles que Tidjane Thiam n’a aucun problème de double nationalité, sont contrariés par cette procédure de renonciation. Il est vrai que c’est une affaire interne qui ne concerne que le PDCI-RDA, mais il appartiendra à Tidjane Thiam de tirer toutes les conséquences de cette situation à huit petits mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Alea jacta est !
Bernard KRA
