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PPA-CI OU LE PANAFRICANISME À L’ÉTAT DE SLOGAN

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Après la saison de 1990 qui a vu fleurir une kyrielle de partis politiques dans le jardin de la jeune démocratie ivoirienne, la scène politique continue d’enregistrer la constitution de nouvelles formations avec des ancrages politiques aussi difficiles à cerner que le sexe des anges. Le benjamin de cette famille politique, déjà trop nombreuse, porte le nom de Parti des peuples africains (PPA), et a pour père, l’un des pionniers des combats pour le retour au multipartisme. Après avoir laissé « l’enveloppe » FPI à son ancien lieutenant Affi N’Guessan, l’opinion attendait ardemment la création de ce nouveau parti pour lequel les communicants de Laurent Gbagbo avaient annoncé que le soleil allait s’arrêter, le dimanche 18 octobre 2021 sur le Sofitel Hôtel Ivoire, comme ce fut le cas à Gabaon dans le récit biblique de la conquête de la terre promise. Mais ce fut un pétard mouillé. La moisson a été largement en deçà de la promesse des fleurs. Au finish, c’est une copie pâle de l’ex-LMP d’avant 2010 que Laurent Gbagbo a servie aux Ivoiriens. Qu’à cela ne tienne. Il faut attendre le discours d’orientation de l’ancien opposant historique avant de se faire une idée. Ici encore, c’est un flop. Alors qu’on s’attendait à un vrai discours d’orientation politique et idéologique, Laurent Gbagbo a servi à la Côte d’Ivoire et au monde entier, une comédie musicale assortie de témoignages funèbres, outrageusement sélectifs. En dehors du concept de panafricanisme qui est un disque rayé avant même sa sortie, ni Laurent Gbagbo encore moins ceux qui composent son PPA-CI, ne peuvent véritablement situer politiquement et idéologiquement leur parti. Pour preuve, dans les heures et jours qui ont suivi le congrès constitutif de son parti, Laurent Gbagbo, le panafricaniste, a aussitôt tourné le dos aux médias africains, y compris ceux qui ont porté son combat pendant son séjour carcéral. Le panafricaniste des tropiques a accordé la totalité de ses sorties médiatiques à des médias occidentaux qu’ils continuent pourtant de brocarder. Et au fur et à mesure qu’il effectue les sorties médiatiques, le père et président-fondateur du PPA-CI achève de convaincre qu’il n’a pas changé. Pas même d’un iota, malgré l’épreuve de la prison. Le panafricanisme chanté n’est qu’un leurre.

 

Alors qu’on s’attendait à un vrai discours d’orientation politique et idéologique, Laurent Gbagbo a servi à la Côte d’Ivoire et au monde entier, une comédie musicale assortie de témoignages funèbres, outrageusement sélectifs. En dehors du concept du panafricanisme qui est un disque rayé avant même sa sortie, ni Laurent Gbagbo encore moins ceux qui composent son PPA-CI, ne peuvent véritablement situer politiquement et idéologiquement leur parti.

 

Alors qu’il venait d’applaudir à tout rompre, le représentant du Tchad venu apporter son soutien à la création du nouveau parti, Laurent Gbagbo ne s’est pas gêné de dire sur le plateau de France 24 qu’il s’en fout, à la limite, des problèmes du Tchad. Et depuis lors, la fameuse phrase « ce qui se passe au Tchad n’est pas mon affaire », prononcée par Gbagbo au cours de cette interview, continue de résonner dans la tête de l’opposant tchadien Success Masra qui, 48 heures plus tôt, soutenait dans un discours enflammé que le même Laurent Gbagbo était l’espoir de l’Afrique. Dans cette même interview accordée à France 24, l’on a fini aussi par comprendre qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil dans le discours et les méthodes du nouveau parti. Exit les heures sombres de la Refondation où, obnubilés par un patriotisme débridé et un nationalisme de mauvais aloi, les ‘‘jeunes patriotes’’ de Laurent Gbagbo avaient décrété une chasse aux étrangers. L’on a encore en mémoire, ce refrain devenu célèbre : « La Côte d’Ivoire aux Ivoiriens » et aussi les slogans de Gbagbo pendant la campagne électorale de 2010 : « Le candidat de l’étranger et des étrangers contre l’enfant du pays et le candidat des Ivoiriens ». Voilà l’homme et ses nouveaux habits du PPA-CI. L’on retiendra qu’au-delà du panafricanisme proclamé et non assumé, l’ancien président a simplement fait du neuf avec du vieux dans la création de son nouveau parti, en se servant des oripeaux de la Refondation pour espérer rebondir politiquement. Mais comme l’on ne cesse de le répéter, les paradigmes de la politique ont évolué. Dans les démocraties avancées, les barrières politiques et idéologiques sont en train de tomber. Les partis sont en train de se réinventer avec les impératifs d’un monde soumis aux caprices du tout connecté. Mais chez nous, l’on continue de surfer sur des théories et idéologies comme des adeptes du rastafarisme sous l’emprise de substances psychotropes et hallucinogènes.

Kra Bernard

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