L’ancien président Laurent Gbagbo a été acquitté par la Chambre d’Appel de la Cour pénale internationale, le 31 mars 2021. Il est donc libre de tous ses mouvements et peut ainsi retrouver les siens. Depuis l’annonce de son retour au pays avec l’accord des autorités d’Abidjan, c’est l’effervescence chez ses partisans qui sont hors du pays, dont la plupart se proclament exilés, alors qu’aucune charge et aucune procédure n’ont été engagées contre eux. Ainsi donc, l’on assiste depuis plusieurs semaines déjà, au retour de plusieurs proches de l’ancien chef d’État qui ont décidé de regagner les bords de la lagune Ébrié. Parmi ces derniers, l’un a retenu l’attention de l’opinion : Il s’agit de Stéphane Kipré, président d’un parti politique et gendre de Laurent Gbagbo. Après son accueil à l’aéroport, ce dernier a convié ses proches et militants pour sacrifier au rituel de demande de nouvelles, comme cela est de rigueur en Afrique. Et, face à ses militants, Stéphane Kipré a tenu un discours qui tranche avec tous les opposants et partisans de l’ancien président revenus au pays, après la crise post-électorale. Devant ses parents, amis et militants, le gendre de Laurent Gbagbo a reconnu les mérites du pouvoir d’Abidjan qui a transformé le pays en seulement dix années de gouvernance. « Je me rends compte que la Côte d’Ivoire a évolué en infrastructures. Je voudrais féliciter les dirigeants du pays pour ce qu’ils ont fait, pour leur contribution, mais nous devons faire encore plus. Nous devons aller plus loin ensemble. C’est ensemble qu’on est fort. La Côte d’Ivoire doit avoir des dirigeants qui gouvernent, mais aussi une opposition qui fait des propositions constructives et qui s’oppose de manière patriotique et républicaine. Je rentre pour prendre ma place dans l’opposition républicaine de notre pays. Il faut encourager quand il le faut et critiquer quand il faut également », avait indiqué le président de l’Union des nouvelles générations, avant de faire cet aveu : « Si tu me déposais à l’aéroport, je ne pouvais pas me retrouver ici ». Ces propos venant d’un opposant au pouvoir d’Abidjan et de surcroît, de celui qui est le gendre de Laurent Gbagbo, méritent que l’on félicite Stéphane Kipré pour cette hauteur d’esprit. A travers ces propos, il a prouvé qu’on peut faire la politique, être opposant et être lucide. Effectivement, celui qui a quitté la Côte d’Ivoire depuis 2011 et qui y revient dix années après, ne peut pas se retrouver. Stéphane Kipré n’a donc pas fait cette déclaration pour avoir les faveurs du pouvoir en place. C’est une évidence que nul ne saurait occulter. Le pays qui était tombé en lambeaux en 2011, a été transfiguré. Malheureusement, parmi ceux qui reviennent de leur « exil », beaucoup sont aveuglés par la haine contre Ouattara, au point où ils n’arrivent pas à admettre et à concevoir que c’est lui qui a construit le 4ème pont sur lequel ils sont passés pour regagner leur résidence cossue de la commune de Cocody et où toutes les rues de leur quartier ont été également bitumées par le même Ouattara. C’est la triste réalité de ceux qui ont opté pour la cécité politique. C’est en cela que Stéphane Kipré mérite d’être salué, parce que la nouvelle génération doit revoir les paradigmes de la pratique de la politique. Il est temps que l’on comprenne que l’époque de la politique politicienne est révolue. Et, comme le soutient Stéphane Kipré, quand on est opposant, on doit s’opposer de façon républicaine, encourager quand il le faut et critiquer quand il faut également. Kra Bernard