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La renaissance du mensonge et de la trivialité

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Les spécialistes de la politique qui avaient soutenu que l'avènement de Laurent Gbagbo à la tête de la Côte d’Ivoire entre 2000 et 2010 a été un accident de l'histoire dans la marche de ce pays, sont sur le point d’avoir raison.

Laurent Gbagbo, depuis sa sortie de la prison de Scheveningen en juin 2021, est en train de confirmer que sa présidence a été effectivement une parenthèse qu’il fallait même fermer plus tôt. Les gaffes qu'il aligne et les impertinences politiques qu’il multiplie au rythme de ses sorties publiques, font penser à une belle jeune fille pudique et promise à un bel avenir, qui a accepté les avances d'un courtisan et qui, plus tard, se rend compte que ce dernier est un vendeur d’illusions pro max dont la trivialité se dispute à la vulgarité. Autant cette jeune fille peut se poser la question de savoir comment elle a pu accepter les avances d’un tel homme, autant les Ivoiriens peuvent s’interroger comment se sont-ils arrangés pour se faire gouverner par un tel président pendant dix ans ? Quittons les analogies et partons à Agboville, localité qui a accueilli ce week-end, la fête dite de la Renaissance du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI).

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Après avoir écouté le discours de Laurent Gbagbo sur certains sujets, l’on peut légitimement crier haut et fort que la Côte d’Ivoire méritait mieux que cet homme. Pendant près de 90 minutes, le président du PPA-CI a tenu un discours fait de mensonges, le tout dans une ambiance de trivialité au point où ce que l’on retient de cette fête, se limite à la proclamation du nom de celle qui donnait l’argent de la popote tout au long de son séjour carcéral. Laurent Gbagbo, on le sait, aime beaucoup les femmes et il ne s’en cache d’ailleurs pas. Et depuis sa sortie de prison, l’opinion se rend compte que tout son discours tourne autour des femmes. Le 21 juin 2021, alors qu’il était attendu comme un messie par certains de ses partisans, l’ancien président est descendu d’avion, solidement agrippé au bras d’une nouvelle femme. Et comme si cela ne suffisait pas, il a répudié ouvertement, devant toutes les caméras du monde entier et de la manière la plus répugnante qui puisse être, son épouse légale et légitime avec qui il a partagé près d’un demi-siècle de vie commune.

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La suite de cette affaire est connue de tous. Le scandale de l’aéroport sera suivi d’un divorce matrimonial et politique. Quelques jours après son retour, soit le 28 juin 2021, Laurent Gbagbo, de retour dans son village Mama, n’a pas trouvé mieux que chanter une ode à sa « petite femme » devant ses parents qui l’attendaient pour lui donner les nouvelles du pays. « Il faut remercier ma petite femme Nady. Elle me nourrissait et me donnait de l’argent chaque mois », a expliqué l’ex-chef de l’État, comme un jeune garçon qui fait ses premiers pas en amour. A la création du PPA-CI, le 17 octobre 2021, alors qu’on attendait un grand discours d’orientation politique qui constituerait le manifeste de son nouveau parti, Laurent Gbagbo s’est encore illustré dans la trivialité politique, en entonnant une chanson de la vulgate populiste ivoirienne pour célébrer une conquête féminine arrachée à un amant nigaud. Ce week-end, à la fête de la Renaissance, la femme était encore au cœur du discours de Gbagbo au point où il a renié et désavoué publiquement Charles Blé Goudé qui a été pourtant, le fer de lance qui a permis à son régime de tenir face à la rébellion déclenchée par Guillaume Soro et ses hommes contre le régime FPI en septembre 2002.

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On le sait tous, l’amour rend parfois aveugle. Mais quand on a géré un pays aussi sérieux comme la Côte d’Ivoire, le sens de la responsabilité recommande de savoir tenir sa langue sur certains sujets, même ceux concernant la vie privée, surtout quand on est en public. Aujourd’hui, quand on regarde l’élégance dans la tenue du pouvoir du président Alassane Ouattara et les résultats qui vont avec, l’on peut dire que les Ivoiriens n’ont pas fait de bon casting en 2000, surtout que Gbagbo a reconnu lui-même, qu’il est arrivé au pouvoir dans des conditions calamiteuses. Au-delà des affaires d’alcôves de l’après pouvoir, Laurent Gbagbo baigne également dans le déni de vérité. Ce samedi 6 avril 2024 à Agboville, après ses sorties sur le Franc CFA, le prix du cacao, l’affaire du braquage de la BCEAO en 2010, l’on peut dire que la capitale de l’Agneby-Tiassa a vibré au rythme de la renaissance de la trivialité et du mensonge. Rien de plus.

 

Kra Bernard

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